Le dîner annuel du Conseil des communautés juives du Val-de-Marne s’est tenu le 8 novembre dans cette ville où nos coreligionnaires, de plus en plus nombreux, bénéficient d’animations cultuelles et culturelles de qualité dans un environnement sûr. Haguesher était sur place.
Le dîner traditionnel du Conseil des communautés juives du Val-de- Marne (CCJ-94) créé en 2001 s’est
tenu cette année à Nogent, à l’invitation du président de la communauté regroupant les villes de Nogent, du Perreux et de Bry-sur-Marne, Gérard Uzan, et de son épouse Sylvia, responsable de la très active Maison de la culture juive locale. Ce rendez-vous consistorial du 8 novembre a été préparé, comme de coutume, par le secrétaire général du CCJ- 94, Albert Myara, du Kremlin-Bicêtre. Un peu moins de trois cents personnes étaient présentes salle Watteau. Le maire gaulliste de la commune, Jean-Pierre Martin, s’est félicité d’accueillir les élus, représentants de l’Etat et associatifs venus honorer « une communauté importante pour notre cohésion sociale, notre dynamisme économique et qui sait se mobiliser quand il le faut ». On peut regretter toutefois que la situation dans le département ait été peu évoquée. Seul le préfet Laurent Prévost s’y est attardé en assurant que les dispositifs sécuritaires autour des lieux juifs du Val-de-Marne ne cessaient de se renforcer, détaillant quelques mesures. C’est plutôt l’actualité européenne et nationale qui a dominé les interventions du président du CRIF, Francis Kalifat, ou du politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, lequel a souligné avec quelle « plasticité » l’antisémitisme réapparaissait à chaque époque et déploré l’« hystérisation » du débat public. Le président du Consistoire, Joël Mergui, a bouleversé l’assemblée en racontant sa récente visite à Vichy, dans le cadre d’une étape du « Tour de France des communautés » organisé par les jeunes militants de la Hazac. Il a expliqué qu’il s’était recueilli, dans cette ville-symbole de la Collaboration, devant la stèle commémorant le souvenir d’une très jeune victime de la Shoah, Michel Crespin zal, né dans l’Allier et déporté à l’âge de cinq mois seulement. Quant au rav Michel Gugenheim, grand rabbin de Paris, il a appelé à la fraternité universelle en rappelant qu’Avraham Avinou était notre ancêtre mais aussi celui de « tous les hommes ». Le Prix Paul Roitman (du nom d’un rabbin ayant participé au renouveau du judaïsme français après-guerre) du CCJ-94 a été remis cette fois à Henri Amsellem, ex-président de la synagogue de Maisons- Alfort, à José Fuks d’Arcueil et à Jacqueline Truzman, responsable avec son mari Daniel de la communauté de Villiers-sur-Marne. Si nos coreligionnaires ont tendance à quitter les zones « sensibles » du département, y compris certains quartiers de Créteil, en revanche ils sont de plus en plus nombreux à Nogent et au Perreux (au moins un millier de familles au total). Ce sont des villes sûres, où il est possible d’arborer la kippa dans la rue, et relativement abordables en matière de logement – contrairement à Saint-Mandé et Vincennes, de l’autre côté du bois, qui pâtissent d’un secteur foncier engorgé et cher. Pour un foyer juif, y trouver un appartement ressemble à un parcours du combattant et beaucoup rejoignent la communauté de Gérard Uzan. Le rav et ‹hazan Gabriel Elfassi, qui officie à la choule consistoriale située à la jonction entre Nogent et Le Perreux, a d’ailleurs décidé d’ouvrir le lieu de culte pour Arvit, tous les jours, depuis la rentrée. Auparavant, la tefila collective quotidienne ne se déroulait que le matin, sauf exception. En outre, des chiourim pour dames sont désormais assurés
par la rabbanit et psychologue Mariacha Drai, épouse du rav Avraham Drai qui enseigne notamment au Centre Alef de Neuilly-sur-Seine. Enfin, un melavé malka – avec « pizza party » et conférence
d’une personnalité invitée autour du kodech – est proposé à l’issue de chaque Chabbat suivant Roch ‹Hodech. Une initiative datant de fin 2017. Ces nouveautés s’accompagnent d’un projet : la création future d’un gan. Pour les plus grands, le talmud Torah animé par le rav Elfassi fonctionne à plein régime avec une soixantaine d’élèves. Un Beth Habad dynamique est ouvert à l’autre extrémité de Nogent, près du pavillon Baltard et de la gare du RER A. Il offre une cantine casher aux enfants des écoles publiques, ce qui incite des parents à sauter le pas et fréquenter les offices. A mi-chemin entre les deux synagogues, la Maison de la culture juive abrite un oratoire. Ce centre fondé il y a cinq ans, en coopération avec la municipalité, est l’un des plus entreprenants de la région parisienne. Grâce à l’engagement constant de Sylvia Uzan et de son équipe, des cours d’hébreu y sont délivrés quotidiennement, avec quatorze classes d’oulpan. Les cours, expositions, soirées diverses s’y succèdent à un rythme soutenu. En principe, les programmes ne sont pas religieux mais la Torah est évoquée, directement ou indirectement, dans la plupart des conférences. « La Maison est un sas, un pont entre les pratiquants… et les autres », explique Sylvia Uzan. En octobre, une série d’événements se sont déroulés ici dans le cadre des Journées du Consistoire : concert klezmer, atelier-dessin avec le sculpteur Myriam Sitbon dont l’oeuvre est nourrie de ba’houré yéchiva penchés sur le Chass ou de Juifs en prière, projection d’un documentaire consacré au yiddish dans le New York d’aujourd’hui, cours magistral sur la pensée du philosophe Emmanuel Levinas zal… Précisons pour finir que l’Institut universitaire d’études juives Elie Wiesel du Centre communautaire de Paris dispose d’une antenne dans la Maison
Axel Gantz