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13 Tishri 5785‎ | 15 octobre 2024

Entretien avec Dan Méridor, ancien ministre des Finances et de la Justice (Likoud) « L’erreur principale d’Oslo a été de négocier avec des Palestiniens qui n’ont jamais renoncé au Droit au Retour

Dan Méridor a été l’un des chefs de file du Likoud. Considéré comme modéré, il ne comprend pas aujourd’hui encore comment les artisans d’Oslo ont pu entamer cette démarche sans exiger l’annulation du droit au retour des Palestiniens.

– Haguesher : Dan Méridor, dans quelle circonstances avez-vous appris l’existence du processus d’Oslo ?
-Dan Méridor : L’annonce des accords d’Oslo a été pour moi une totale surprise. Nous n’étions au courant de rien. Il y avait à Washington, des négociations entre Israéliens et Jordaniens dans le cadre de la conférence internationale de Madrid. Nous étions donc dans l’opposition. En quelques jours nous avons pris connaissance grâce aux médias de l’existence de ces contacts avec les Palestiniens et de l’accord de principe.
-Quelle a été votre première réaction ?
– Je me souviens avoir déclaré : « Quoi, nous allons d’emblée tout offrir à l’OLP, la reconnaissance, la légitimité ? Et j’ai alors dit à Yossi Beilin, l’un des artisans d’Oslo: Je crois que vous faites fausse route. Mais je ne vous poserai qu’une question : pourquoi n’avez-vous pas demandé aux Palestiniens de renoncer au Droit au Retour ? Vous savez bien que le maintien du Droit au retour signifie la fin de l’Etat juif ? Il m’avait répondu : Si nous avions exigé le renoncement au Droit au retour nous n’aurions pas eu d’accord… ! Et c’est selon vous la grande erreur du processus d’Oslo ?
– Je le pense. Avant le début du processus d’Oslo, nous siégions ensemble Its’hak Rabin et moi dans le gouvernement d’union nationale dirigé par Shamir. Rabin m’a dit : « Nous ne devons pas négocier avec l’OLP ; non pas parce que ce sont des terroristes, mais parce qu’ils veulent les frontières de 48, pas de 67! Et nous ne pourrons pas résoudre le problème de 48 avec eux. Rabin voulait parvenir à un accord
avec les maires palestiniens sur les frontières de 67 sans le droit au retour. Et pour moi, la grande surprise a été que Rabin adhère à Oslo, Rabin qui était opposé à un Etat palestinien ! L’autre incohérence était de dire que l’on allait parvenir au bout du processus en 5 ans ! Comment envisager envisager cela en ramenant les leaders de l’OLP de Tunis ?! C’était utopique. Je savais, à
partir de là, que ce processus était voué à l’échec. Cependant, je dois faire une précision : l’éventualité que la situation actuelle puisse se maintenir est aussi une erreur. Nous devons trouver une solution pour régler le problème mais celui des frontières de 67.
– L’un des principes d’Oslo a été de créer un climat de confiance avec les Palestiniens. Avez-vous perçu à un seul moment, une volonté sincère des Palestiniens de régler une fois pour toutes le conflit et
de reconnaître l’existence d’un Etat juif sur cette terre ?
– Il y a une différence à faire entre les Palestiniensplus âgés, comme Abbas, et la jeune génération. J’étais à Camp David en juillet 2000. Arafat a dit non à un généreux compromis territorial proposé par Barak à cause toujours du Droit au retour. En 2008, Abbas a repoussé une proposition plus généreuse d’Olmert. Mais je me souviens qu’après l’échec de Camp David, un plus jeune leader palestinien nous a dit :
« Une fois de plus nous échouons à cause de 48 » et nous faisons une erreur. La poursuite du conflit vient de cette erreur… »

Propos recueillis par DANIEL HAÏK

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