« Se souvenir du crime, nommer ses auteurs et honorer dignement les victimes est notre responsabilité » a déclaré la chancelière Angela Merkel lors de cette première visite à Auschwitz, le 6 décembre dernier. Une visite historique et symbolique à la fois. En effet, c’est dans un contexte de recrudescence des actes antisémites en Allemagne, et à la veille des 75 ans de la libération du camp d’Auschwitz qui seront commémorés le 27 Janvier prochain, que la chancelière allemande vient d’effectuer ce déplacement remarqué. Le premier en 14 ans de règne, et depuis Helmut Kohl en 1995. Mais attention, que l’on ne s’y trompe pas, la chancelière s’est déjà rendue à de nombreuses reprises auparavant dans le camp de Ravensbrück, à Dachau en 2013 et 2015, et cinq fois au mémorial de Yad Vashem, reconnaissant à chaque fois la responsabilité pleine et entière de l’Allemagne dans la Shoah : « Une responsabilité perpétuelle, a-t-elle rappelé. Etre conscient de cette responsabilité est une part de notre identité nationale. » Pour autant, elle n’avait jamais encore franchi les portes du plus grand camp de concentration où furent exterminés plus d’un million de juifs entre 1940 et 1945. Une démarche qu’elle a qualifiée de « tout sauf facile (…) en raison de la honte face aux crimes qui dépassent les limites de ce qui est concevable. » De fait, Angela Merkel a promis d’œuvrer efficacement contre l’antisémitisme qui renaît dans son pays et « qui est l’affaire de tous ». Ainsi qu’en faveur de la transmission de la mémoire, avec une dotation exceptionnelle de 60 millions d’euros à la Fondation Auschwitz pour le maintien du site. Un geste fort, au nom de toute l’Allemagne.
Isabelle Azriel