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4 Kislev 5785‎ | 5 décembre 2024

Le député (Chass) Yaacov Mergui, président de la commission de l’Education de la Knesset « Rassembler les rabbins francophones pour mieux préparer l’intégration des futurs olim de France »

Jeudi 7 février dernier s’est tenu un événement exceptionnel : plus de 180 rabbanim francophones se sont réunis dans l’une des salles de l’hôtel Ramada Jérusalem pour marquer la création de l’Union des rabbins francophones pour la Promotion et le Renforcement de l’Intégration et de l’Alya en Israël. A l’initiative de ce vaste projet on trouve deux personnalités du monde sépharade orthodoxe : le rav Avraham Derhy, qui est dayan à Marseille et neveu du leader de Chass Arié Derhy et le député (Chass) Yaacov Mergui qui préside, dans la Knesset sortante, la commission de l’Education. Parmi les rabbanim présents, ce soir-là, à Jérusalem se trouvaient de très hautes personnalités comme le Rishon Letsion rav Its’hak Yossef, le Gaon rabbi David Hanania Pinto, le ministre de l’Intérieur AriéDerhy et le rav Réouven Ohana grand rabbin de Marseille qui est l’un des initiateurs du grand projet et fut l’un des maîtres d’oeuvre de la soirée. Ensemble, les rabbanim ont débattu des grandes questions qui les interpellent lorsqu’il est question d’alya de France et d’Intégration des olim de France en Israël. Afin d’en savoir plus sur ce projet, Haguesher a interrogé, dans une Knesset en vacances, le député Chass Yaacov Mergui, qui était accompagné par le rav Avraham Derhy. Haguesher : Yaacov Mergui, qu’est ce qui a provoqué ce réveil des rabbanim et de votre parti Chass en faveur de l’alya de France ? Yaacov Mergui : Nous avons depuis longtemps le sentiment qu’il fallait oeuvrer en faveur d’une meilleure intégration des olim de France. Mais nous ne savions pas comment. Il y a quelques mois, je reçois un coup de fil du ministre Arié Derhy. Il me dit : «Yaacov, je vous mandate pour épauler
mon neveu, rabbi Avraham Derhy dans le dossier des olim de France. Rabbi Avraham est focalisé par le désir d’agir en faveur de cette communauté et je veux que vous l’aidiez». J’ai accepté et tout de suite après, rabbi Avraham m’a appelé. J’ai pu mesurer son enthousiasme mais j’étais sûr qu’il se heurterait à l’insurmontable bureaucratie israélienne. Je m’étais trompé : rabbi Avraham a su dompter cette bureaucratie. Et j’ai pu constater à quel point c’était un homme d’action : à chaque rencontre, il organisait une nouvelle soirée de mobilisation. Nous avons donc parcouru le pays et mobilisé les forces vives francophones. Qu’est-ce qui vous pousse à croire en ces projets ? Y.M.: D’abord parce qu’il a oeuvré de manière sérieuse. Rabbi Avraham est têtu et il a de qui tenir. Son père Rabbi Yéhouda, qui est le grand rabbin de Beershéva est connu pour son immense force de volonté. Ensuite, parce qu’il a mis le doigt sur les véritables problématiques des olim de France. Il dispose de toutes les cartes pour réussir. Et enfin parce qu’il a les moyens de les résoudre. Nous avons un atout de taille avec les olim de France : nous connaissons leur mentalité. Nous sommes nous aussi originaires en majorité du Maghreb. Nous connaissons ce judaïsme français si bien structuré. Quelle est la principale problématique ? Celle qui vous a conduit à agir ? Y.M.: Justement parce ce que nous avons les mêmes origines que les olim de France nous avons pensé que nous pourrions les aider à, plus rapidement, retrouver leurs repères. Mais par-dessus tout nous avons voulu répondre aux problèmes que rencontrent les olim français religieux. Ce sont eux qui sont les plus touchés. Et cela m’a terriblement attristé parce que je connais le judaïsme français en particulier avant que celui-ci ne soit consolidé par l’action spirituelle de rabbanim tels que le grand rabbin Sitruk zatsal, ou d’autres encore : ce qui s’est passé en France sur le plan du renforcement spirituel ces dernières décennies est tout à fait impressionnant. Et nous ne voulions pas qu’il arrive à ces olim ce qu’il nous est arrivé à nous sépharades lorsque nous sommes montés en Israël dans les années 50, à savoir la perte de notre identité religieuse. Et même si j’avoue avoir été sceptique au début, Rabbi Avraham a su me faire oublier mon scepticisme. Ce qu’il a réussi à faire lors du rassemblement du 7 février à Jérusalem est réellement exceptionnel : c’est de réunir tous les rabbins francophones de toutes les tendances dans une forme d’unité que l’on ne voit que rarement. Et l’on peut affirmer que la raison d’être de ce rassemblement n’était pas de vouloir intégrer ceux qui sont déjà montés mais plutôt de se préparer à intégrer au mieux ceux des Juifs de France qui s’apprêtent à franchir le pas et à venir vivre en Eretz Israël.C’est clair. Mais concrètement quels sont les besoins spécifiques de ces olim de France, ceux qui sont déjà là et ceux qui vont arriver ?Rav Avraham Derhy : Avant de répondre à votre question je voudrais compléter la réponse du député Yaacov Mergui, et tout d’abord remettre les pendules à l’heure : on prétend que je suis l’initiateur de ce vaste projet d’intégration spirituelle pour les olim de France mais
été avec mon oncle rabbi Arié Derhy et c’était il y a 3 ans. C’était une longue discussion au cours de laquelle nous avons discuté des besoins des olim de France. J’ai pu voir à quel point ce dossier était important pour lui et à quel point il s’identifiait aux difficultés auxquels les olim de France étaient confrontés lors de leur arrivée en Israël : «Nous savons que ces olim viennent gonflés d’idéal et dans un esprit positif et lorsqu’il arrivent ici, ils sont confrontés à une réalité qu’ils ne connaissaient pas en France et souvent prennent un coup dur et beaucoup repartent. Très vite lors des
discussions que j’ai eues ensuite avec Arié Derhy, une conclusion s’est imposée : nous devons unifier cette communauté des olim de France car l’union fait la force. Il y a un mois et demi nous sommes parvenus à la conclusion avec le ministre de l’Intérieur et leader de Chass qu’il fallait agir, et cela sans le moindre rapport avec les élections. Et c’est ce que nous avons fait, bien qu’unifier les communautés francophones existantes ne soit pas une mince affaire. Nous avons réussi le 7 février à rassembler les rabbins de communautés francophones de diverses tendances, des sionistes religieux aux plus orthodoxes. Et lorsque les choses sont devenues concrètes, rav Arié m’a demandé de me tourner vers l’homme de terrain
et d’action qu’est le député Yaacov Mergui afin qu ’ensemble nous puissions aller de l ’avant dans cette initiative. Et effectivement, Yaacov Mergui a très vite compris les enjeux de ce projet. Alors je repose ma question : quels sont les besoins de ces olim ? Rav A.D.: Pour répondre à cette question, sachez que nous sommes allés audevant des olim. Nous leur avons parlé et nous avons même organisé ces dernières semaines des réunions régionales dans les villes à forte population francophones comme Natanya, Raanana, Ashdod, et Jérusalem, et ce n’est qu’après avoir posé ces bases que nous avons organisé le rassemblement du 7 février dernier. C’est Yaacov Mergui qui a pris le taureau par les cornes et s’est mobilisé. Y.M. : La première conclusion incontournable, c’est que ces olim veulent retrouver en Israël la structure communautaire qu’ils connaissaient en France et ils aspirent à retrouver une sommité rabbinique qui les guide. C’est ainsi que nous avons décidé de faire, au ministère des Cultes, une projection semblable à celle que nous avions fait en son temps avec les Olim d’Ethiopie et leur kaises (rabbins éthiopiens, ndlr). A savoir que le ministère des Cultes pourrait financer le salaire de plusieurs dizaines de rabbins francophones qui comprennent leur communauté et peuvent aider au
mieux les olim qui rencontrent le plus de difficultés. Il faut savoir qu’il y a quelques semaines peu avant la dissolution du Parlement, Binyamin Nétanyaou a voulu faire voter au sein du gouvernement une décision visant à agir concrètement afin de faciliter l’intégration des olim de France. Cela ne s’est pas fait mais notre action est dans l’esprit de l’initiative du Premier ministre et adapté aux besoins spirituels spécifiques des olim de France qui sont souvent très proches de la tradition juive et des mitsvot. L’une des problématiques les plus récurrentes dans l’intégration des olim de France, c’est l’éducation : que comptezvous faire à ce sujet pour que les jeunes olim puissent se retrouver dans des écoles et yéchivot qui tiennent compte de
leurs aspirations et de celles de leurs parents, à savoir, pour résumer : des études de Kodech mais aussi de ‘Hol de très haut niveau ? Rav A.D.: C’est très important. Et je voudrais synthétiser les propos du député Mergui en trois points qui sont les trois besoins prioritaires pour les olim : Primo, création de structures communautaires adaptées aux olim de France. Secundo : création d’établissements scolaires adaptés aux olim de France. Mais attention il s’agit d’écoles et de lycées qui conserveront
l’esprit des écoles juives de France mais qui prépareront au baccalauréat israélien en hébreu et non en français à un très haut niveau. Ces écoles seront dirigées par des anciens directeurs d’écoles juives en France. Nous ne voulons pas obligatoirement que les jeunes qui sortiront de ces écoles aillent à la yéchiva. Ils pourront aller faire l’armée ou à l’université mais ils auront conservé un solide bagage spirituel. Une école de ce type a été validée à Natanya et elle sera dirigée par le rav Daniel Abdelhak ancien rav de la communauté du 19e arrondissement de Paris et par le rav Its’hak Cohen qui a dirigé une école d’Ozar Hatorah. Arié Derhy s’est lui-même impliqué dans la création de cette école et en a parlé avec les rabbanim Abdelhak et Cohen. Il existe également déjà une école Yavné à Ashdod
qui répond à ces critères. Enfin troisième point : pour réaliser au
plus vite ces projets, nous allons nous aider des élus municipaux du parti Chass. Il faut rappeler ici que Chass est la formation politique qui compte le plus d’élus municipaux en Israël. Ces élus formeront la courroie de transmission indispensable entre le gouvernement et le terrain. Je vous donne un exemple : il y a plus d’un millier d’olim français à Ashkelon qui ne reçoivent rien. Nous avons mobilisé le rav Yaacov Avitan qui est élu de Chass au conseil municipal et il oeuvre pour trouver un terrain sur lequel une synagogue francophone sera érigée. Yaacov Mergui : Que répondez-vous à ceux qui affirment que le parti Chass a décidé de se mobiliser maintenant en faveur des olim de France uniquement en raison des élections ? Yaacov Mergui : Je peux vous affirmer, d’abord, qu’au lendemain des élections si nous entrons dans la coalition gouvernementale, nous réclamerons le portefeuille de l’Intégration et de l’Alya afin de pouvoir
réaliser nos projets et programmes. C’est la meilleure preuve de notre volonté d’agir pour les olim de France. Je puis également m’engager à ce que ces revendications en faveur des Olim de France figurent dans
le prochain accord de coalition que nous conclurons, si D.ieu le veut, avec le Likoud de Binyamin Nétanyaou. Mais notre action n’est pas mue par les élections mais plutôt par une constellation politique favorable et par le partenariat que nous avons développé, rabbi Avraham Derhy et moi-même dans ce dossier. C’est une véritable mission d’urgence et qui oblige rabbi Avraham à perdre beaucoup de temps précieux de Limoud mais qui s’inscrit dans notre désir d’épauler ces olim. Pour conclure rav Avraham Derhy, qu’est ce qui rend Chass plus incontournable que d’autres partis dans cette initiative de soutien aux Olim de France ? A.D.:Je vous remercie de me poser cette question. Pour véritablement venir en aide aux Olim il faut deux conditions : d’abord, que le parti politique en l’occurrence Chass dispose en main de toutes les clés pour garantir une aide soutenue, et prolongée dans le temps. Et ensuite, qu’il ressente profondément le besoin de fournir cette aide. Or seul le parti Chass répond à ces deux critères. Jugez plutôt : Seul Chass a la possibilité d’installer dans les communautés francophones des rabbanim car cette installation dépend à la fois du grand rabbinat d’Israël et du ministère des Cultes. Pour ce qui est de l’Education, aucun autre parti que Chass ne peut concrétiser ce dont le public francophone a besoin c’està- dire la création d’écoles et lycées qui soient conformes aux styles des Ecoles juives de France. Aujourd’hui seul Chass possède son propre réseau éducatif indépendant qui servira de socle aux écoles juives « à la française ». Enfin, pour venir en aide aux Français qui vivent ou veulent vivre en Israël il faut comprendre que la clé incontournable c’est celle des élus locaux capables de « pousser » de nouveaux projets. Or Chass possède le plus grand nombre d’élus locaux dans les conseils locaux et régionaux soit 268 représentants. Ceux-ci seront et sont au service des olim de France et mandatés pour leur venir en aide. Il s’agit là d’un triple atout qu’aucun autre parti ne peut réclamer. Et c’est notre force, une force que nous mettons avec foi et honneur au service des olim de France. Propos recueillis par Daniel Haïk

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