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11 Kislev 5785‎ | 12 décembre 2024

Deux réflexions à propos des derniers développements politiques et juridiques

Israeli prime minister Benjamin Netanyahu speaks at the funeral of former Israeli minister of Defense and minister of Foreign Affairs, Moshe Arens, at Savyon Cemetery, on January 8, 2019. Photo by Flash90 *** Local Caption *** îùä àøðñ äìååéä ùø ìùòáø ñáéåï îãáø ìååéä øàù äîîùìä áðéîéï ðúðéäå áéáé

1/ Après l’annonce « dramatique » de Binyamin Nétanyaou, les torts et les raisons du Premier ministre
« Le regretté Moché Arens, mentor politique de Binyamin Nétanyaou n’aurait certainement pas apprécié la posture adoptée par le Premier ministre lundi soir lors de son intervention télévisée ». C’est ce qu’a déclaré
l’ancien ambassadeur Avi Pazner au lendemain du « show » donné par le Premier ministre israélien. Et il n’aurait probablement pas été le seul. Pour beaucoup, y compris parmi les supporters inconditionnels, Mr Nétanyaou a, ce soir-là, commis une double erreur. D’abord en clamant avec véhémence et en prime time l’injustice dont il se sent la victime. En effet et même
si leur situation n’est pas du tout comparable, la frustration du Premier ministre, lundi soir n’était pas sans rappeler la colère de l’ex-président de l’Etat Katzav lorsque celui-ci s’en est pris, en janvier 2007 aux médias israéliens, peu avant d’être chassé de la présidence et condamné par la Justice. L’autre erreur du Premier ministre a été d’avoir fait grimper pendant plusieurs heures la tension en donnant un caractère dramatique à une annonce, qui au bout du compte ne l’était pas vraiment. La prochaine fois que Mr Nétanyaou devra faire une véritable déclaration d’importance, il risque de ne pas être pris au sérieux. Mais au-delà de cette double erreur tactique, Mr Nétanyaou a semble-t-il voulu remettre plusieurs pendules à l’heure : Après avoir ciblé pendant quelques jours le conseiller juridique Avi’haï Mendelblit, il a compris que ces attaques risquaient d’être contre-productives et a redirigé ses principaux griefs contre la police israélienne qu’il a accusée de n’avoir fait son travail que partiellement. Mr Nétanyaou peut légitimement se sentir défavorisé par une justice israélienne qui s’apprête à l’inculper avant même d’avoir clairement entendu son argumentaire. Il a raison de mettre en exergue cette présomption d’innocence que les juristes du parquet semblent avoir escamotée et d’affirmer qu’il ne démissionnera pas s’il est inculpé. Une chose est sure : si la Justice israélienne avait considéré qu’un Premier ministre ne peut poursuivre son mandat après une inculpation, elle aurait dû faire voter une loi en ce sens. Si elle ne l’a pas fait, cela signifie que le chef du gouvernement peut continuer à gouverner. Mr Nétanyaou a eu raison de faire une distinction entre la corruption de Sharon avec son île grecque et d’Olmert avec les enveloppes de dollars de Talenski, et les accusations dont il fait l’objet. La différence marquante entre les deux, c’est qu’apparemment
il n’a pas tiré personnellement de bénéfices substantiels en intervenant auprès de Nouni Moses (affaire 2000) ou dans le dossier Alovitz-Bezek. Pour beaucoup d’Israéliens, si Sharon et Olmert étaient bel et bien corrompus, Nétanyaou n’est rien d’autre qu’un leader politique aux goûts luxueux
qui considère, parfois à tort, que l’Etat lui est redevable parce qu’il lui consacre, depuis 10 ans, sans relâche ses jours et ses nuits. Mr Nétanyaou a eu raison de préciser que s’il avait adopté une ligne plus modérée
sur le plan politique en initiant une démarche de paix comparable au retrait du Gouch Katif par Sharon en 2005, la presse et les médias se seraient alors efforcés de l’ « étroguer ». Cette formule avait été utilisée il y a 15 ans, par le commentateur Amnon Abramovitz pour définir l’impérieuse nécessité pour les journalistes de protéger (comme l’on protège un étrog) un Premier ministre prêt à faire des concessions territoriales dramatiques pour de la paix. Mr Nétanyaou peut légitimement exiger une confrontation avec les trois témoins à charge qui étaient, dans le passé, ses proches collaborateurs. Mais, il doit s’attendre à ce que la police et le Parquet qui ne veulent pas d’une telle confrontation, refusent. D’ailleurs il est probable que les premiers à avoir refusé cette confrontation ont été les trois témoins à charge qui connaissent parfaitement le talent manipulateur du Premier ministre israélien. Enfin, Mr Nétanyaou a raison de s’étonner que le régulateur du marché et préposé à la brigade anti-trust le Dr Assaf Eilat n’ait pas été interrogé par les enquêteurs de la police dans l’affaire Bezek-Walla (dossier 4000). Il va sans dire qu’il aurait pu éclairer le dossier sous un jour nouveau. 2/ Après la tentation de se diviser, la nécessité de s’unir pour survivre : Nous l’avons déjà dit et nous le répétons : il faut considérer les résultats des sondages avec la plus grande circonspection. D’autant plus qu’à l’ère des réseaux sociaux, ceux-ci sont de moins en moins fiables ; Cependant, ils restent le seul et unique moyen de tester avec plus ou moins d’exactitude non seulement les intentions de vote des Israéliens, mais également les contrecoups des changements intervenus. Ainsi après le double éclatement de la classe politique israélienne provoqué par la création de la Nouvelle Droite de Benett-Shaked et, bien plus à Gauche, le divorce entre Gabbay et Livni, les sondages ont confirmé une tendance qui se profilait déjà auparavant : outre le Likoud qui continue à caracoler largement en tête avec autour d’une trentaine de mandats, les formations politiques sont de plus en plus morcelées. Conséquence : on retrouve de plus en plus de partis de gauche (Hatnoua de Livni et Meretz), du centre (Koulanou) et de Droite (Foyer Juif, Israël Beiténou, et Chass) en train de flirter dangereusement avec le seuil d’éligibilité. Selon certains des sondages rendus publics en fin de semaine dernière, si les élections devaient avoir lieu cette semaine, ce sont près d’une vingtaine de sièges qui se seraient évaporés faute d’avoir franchi le seuil d’éligibilité ! C’est sans précédent dans l’histoire politique d’Israël. Cependant il ne serait pas étonnant que ces résultats stupéfiants aient provoqué une forme d’électrochoc politique qui conduisent les chefs
de file de ces formations à s’unir pour survivre. Les premiers à s’acheminer vers cette solution semblent être les partis orthodoxes : même si les sondages n’ont jamais réussi à calculer précisément la force politique du
parti orthodoxe sépharade, son leader Arié Derhy ne peut pas se permettre le luxe de lui faire risquer de ne pas passer la barre fatidique des 3,25 % des suffrages exprimés. C’est pourquoi on parle de plus en plus dans le monde ‘harédi israélien d’une union orthodoxe qui réunirait non seulement
Deguel Hatorah et la Agouda (déjà unis au sein du Judaïsme unifié) mais également le parti Chass. Selon certaines estimations, ce bloc orthodoxe obtiendrait au minimum 12 mandats soit 7 au Judaïsme unifié et 5 pour
le Chass. Mais ce n’est pas tout : à droite, les dirigeants du Foyer Juif (y compris le I’houd Leoumi), abandonnés par Benett-Shaked vont tenter de conclure une alliance avec Ya’had la formation d’Elie Ichaï qui n’avait pas réussi à franchir le seuil d’éligibilité en Ensemble, mais peut-être aussi avec
le renfort d’Otsma, le parti radical de Baroukh Marzel, ces formations balayeraient le spectre d’un échec dans les urnes le 9 avril et pourraient former un mini bloc de 6-7 mandats à la droite de la Nouvelle Droite. Autre tentative d’union : celle initiée par le Likoud en direction de Koulanou. Celle-ci est mue par la volonté de BN d’éviter qu’au lendemain des élections Moché Kahlon n’annonce son refus d’entrer dans le gouvernement d’un Premier ministre soupçonné, voire même inculpé de corruption. Si Koulanou fusionnait avec le Likoud, il pourrait éviter les risques d’un échec électoral dramatique et, ce qui n’est pas moins important, Moché Kahlon pourrait conserver son portefeuille aux Finances. Cette union consoliderait
le Likoud qui pourrait plafonner autour des 37 mandats non loin de l’objectif des 40 mandats, souhaité par le Premier ministre.
Elle lui permettrait de réitérer la très habile manoeuvre politique qui l’avait conduit à former un bloc de Droite formé du Likoud
mais également du Guesher de David Levy et du Tsomet du défunt Rafael Eytan. Au centre et à gauche, la situation est nettement plus complexe. L’éclatement du camp sioniste n’a pas résolu les problèmes. Au contraire, il en a suscité d’autres : l’expulsion humiliante subie par Livni n’a pas
renforcé le leadership d’Avi Gabbay qui pourrait bien se voir exclu du parti si les sondages continuaient à n’accorder au Parti travailliste guère plus de 9 mandats. Le problème des Travaillistes est de trouver un leader qui le remplacerait. Et voilà pourquoi, le parti travailliste pourrait se présenter avec une tête de liste qui ne répond pas à ses attentes. La faiblesse électorale du parti Hatnoua de Livni pourrait la conduire à trouver refuge dans une autre formation centriste. Mais il semble que ni Lapid, ni le
très silencieux Benny Gantz ne sont prêts à lui offrir le gîte politique. Reste à savoir si Gabbay sera désormais prêt à envisager la formation d’un centre gauche qui rassemblerait quatre formations : le parti travailliste, le parti de Gantz, le parti de Lapid et les résidus du parti de Livni, soit un total de mandats qui pourrait dépasser les 35 et rivaliser alors avec le Likoud. Le seul problème de taille : l’ego des chefs de file de ces formations qui est surdimensionné. Lapid a déjà affirmé qu’il est prêt à une union de Centre-Gauche mais à condition qu’il soit en tête. Cependant, on voit mal Livni et surtout Gantz se contenter de jouer les seconds rôles dans un tel bloc. Daniel Haïk

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