 
Au coeur de la vague d’attentats de ces 10 derniers jours nous avons demandé au colonel (rés.) Meïr Dahan comment expliquer que les
 forces de sécurité israéliennes aient eu le plus grand mal à retrouver le terroriste responsable de l’assassinat de Kim Levengrod-Yehezkiel
 et de Ziv Hadjbi zal, il y a plus de deux mois, dans la zone industrielle de Barkan et pourquoi elles ont tant de mal à retrouver également
 le commando terroriste qui est responsable apparemment des attentats d’Ofra et de Guivat Assaf.                                                                                                 Haguesher : Colonel Meïr Dahan, pourquoi a-t-on  le sentiment que les forces  de sécurité israéliennes  ont des difficultés à retrouver  les terroristes responsables  des attentats de  ces derniers jours ?
 Col (rés.) Meïr Dahan :  Le véritable problème  auquel les services de  renseignements militaires  et du Shin Bet sont  actuellement confrontés,  c’est la baisse sensible  de la coopération entre  les services de sécurité  israéliens et palestiniens. Cela fait trois  mois que cette baisse est très palpable et  que concrètement les services de renseignements  israéliens font l’intégralité du  travail de recherche.  Jusqu’alors, les recherches  de terroristes  se partageaient  avec l’autorité palestinienne  qui avait intérêt  à les retrouver.  Israël fournissait aux  agents palestiniens  les détails des terroristes  qu’il recherchait  et c’était eux  qui pénétraient dans  les zones «difficiles »  des territoires pour  extraire ces terroristes  et les livrer à
 Israël dans des zones  C sous contrôle exclusif israélien. Mais là  il semble que les Palestiniens ne veulent  plus coopérer de la même manière. Et donc  tout le fardeau sécuritaire repose sur les  forces israéliennes et cela explique pourquoi  il leur a fallu plusieurs semaines pour  retrouver la trace du terroriste de Barkan à  Naplouse et l’éliminer.  Pourquoi donc les forces palestiniennes  ont-elles réduit le volume de leur coopération
 avec Israël ? Il ne s’agit pas d’un ordre précis de Mahmoud  Abbas mais il s’agit plutôt des conséquences  d’un contexte inter-palestinien
 au sein de l’Autorité Palestinienne. Le leadership  d’Abbas s’effrite de plus en plus et  la course à la succession est lancée. Or les  successeurs potentiels s’ils veulent séduire  la rue palestinienne doivent se montrer  fermes, surtout par rapport à la coopération  sécuritaire avec Israël qui n’est pas  bien vue par cette rue palestinienne. Mais  au-delà, il faut rappeler deux points importants  : le premier est qu’il y a quelques  semaines le Shin Bet a révélé qu’il avait  déjoué au cours de l’année 2018, près de 500 attentats soit une moyenne d’environ  2 attentats par jours. Cela signifie  que la volonté des Palestiniens du Hamas  ou même de la branche armée du Fatah,  n’a pas changé. Elle existe toujours et il  ne faut pas oublier l’action du Shin Bet et  d’autres services de sécurité qui veillent,  en dépit de ce qui peut apparaître comme des semi-échecs et qui permettent finalement  à la population israélienne de continuer  à vivre normalement. Le second point  est que finalement au bout du compte, le  terroriste de Barkan a eu son compte et les terroristes qui ont commis des attentats à Ofra et Guivat Assaf auront le même sort.  Ne nous trompons pas : nous restons même  avec une coopération palestinienne réduite  encore efficaces.
 Propos recueillis par Daniel Haïk
