Quel est le point culminant de Roch Hachana si ce n’est l’heure de la sonnerie du Chofar ? Le son du Chofar qui s’élève dans toutes les synagogues du monde, exprime le cri du coeur émanant du tréfonds de notre âme. En effet, en ce moment solennel marqué par le recueillement et la concentration où nous nous présentons devant le Tribunal Céleste, l’émotion est si profonde que les mots sont inadéquats et notre silence devient éloquent. Seul le son perçant du Chofar retentit pour nous exhorter à sortir de notre torpeur spirituelle, nous reconnecter à notre Source et nous rapprocher de notre Père. Cet instrument fascinant est doté d’une puissance particulière qui nous propulse vers de profondes réflexions : ne mériterait-il pas un peu d’attention de notre part ? D’où provient-il ? Comment le fabrique-t-on et quelles sont ses caractéristiques ? Rav Roï Bensimon de Jérusalem, un expert en matière de fabrication et de vérification de Chofarot, nous apporte quelques éclaircissements.
Haguesher : Pourriez-vous nous expliquer précisément en quoi consiste votre métier ?
Rav Bensimon : Je me charge de fabriquer et de réparer les Chofarot. De plus, étant « Baal Tokéa » (« sonneur de Chofar ») depuis plusieurs années, je forme les futurs « Baalé Tokéa ». Je leur apprends à sonner correctement et je les aide à choisir un Chofar qui leur soit adéquat et qui convienne tant à la morphologie de leur bouche qu’à leur façon de sonner. D’où provient le Chofar ? A priori, l’on pourrait se procurer un chofar à partir d’une corne d’un animal casher, à l’exception des bovins qui sont interdits car ils rappellent la faute du veau d’or. Toutefois, il est préférable d’utiliser une corne de bélier (mâle, âgé de plus d’un an) pour fabriquer le Chofar, afin de nous souvenir de la Akédat Its’hak et évoquer ainsi les mérites de nos patriarches. Nous trouvons facilement des cornes de bélier dans les pays du Maghreb mais aussi en Afrique du Sud, en Australie ou en
Nouvelle-Zélande. Concrètement, quelles sont les principales
étapes de la fabrication du Chofar ? Après l’abattage rituel du bélier, l’on procède à un processus assez complexe qui exige un savoir-faire, des compétences et beaucoup de minutie pour mener à bien la fabrication du Chofar. De nos jours, on peut fabriquer un Chofar en deux à trois heures mais dans le passé, cela durait environ trois mois ! Tout d’abord, il faut laisser sécher la corne pour pouvoir ensuite retirer délicatement l’os qui s’y trouve. Ceci se fait généralement manuellement, avec quelques coups de marteau. Une fois l’os retiré, on vérifie que la corne soit restée intacte et qu’elle ne présente ni trou, ni fissure de l’intérieur. A ce stade, la corne ne peut être utilisée comme instrument car elle ne présente qu’un seul trou. L’autre extrémité est bouchée et il est donc nécessaire de redresser la corne pour être en mesure de la perforer. Comment redresser la corne sans la briser ? Ceci
constitue une étape assez difficile : il faut la chauffer pour la ramollir et pouvoir la redresser en toute délicatesse. Une fois la La fabrication du Chofar… c’est tout un art ! Quel est le point culminant de Roch Hachana si ce n’est l’heure de la sonnerie du Chofar ? Le son du Chofar qui s’élève dans toutes les synagogues du monde, exprime le cri du coeur émanant du tréfonds de notre âme. En effet, en ce moment solennel marqué par le recueillement et la concentration où nous nous présentons devant le Tribunal Céleste, l’émotion est si profonde que les mots sont inadéquats et notre silence devient éloquent. Seul le son perçant du Chofar retentit pour nous exhorter à sortir de notre torpeur spirituelle, nous reconnecter à notre Source et nous rapprocher de notre Père. Cet instrument fascinant est doté d’une puissance particulière qui nous propulse vers de profondes réflexions : ne mériterait-il pas un peu d’attention de notre part ? D’où provient-il ? Comment le fabrique-t-on et quelles sont ses caractéristiques ? Rav Roï Bensimon de Jérusalem, un expert en matière de fabrication et de vérification de Chofarot, nous apporte quelques éclaircissements en corne redressée, on passe à l’étape du perforage: on perce lentement la matière à l’aide d’un fer chaud ou d’un genre de perceuse, en partant de l’embout jusqu’à la partie creuse. Là aussi, la moindre déviation ou maladresse pourrait être fatale si l’on brise ou fissure les parois de la corne… le perforage doit donc être effectué avec mille précautions !
Par ailleurs, cette tâche est délicate puisque la taille du trou affecte le type de son du Chofar. Plus le trou est petit et plus le son est fin. Enfin, la dernière étape consiste au modelage et au polissage. On racle et on ponce la corne pour en retirer les couches extérieures et rugueuses puis on la polit afin de la lisser et de la revêtir d’un aspect brillant. Pour avoir une idée du poids du Chofar dont la corne pesait à l’origine, avant son désossement, près de 9kg…, une fois le produit fini et prêt à l’usage, il ne pèse plus que 700g ! Qu’est-ce qui va être déterminant pour définir un Chofar de qualité, sa forme ou sa taille sont-ils des critères significatifs ? Certes, il existe différents types de Chofarot aux aspects bien divers tant par leur teinte, leur forme que par leur taille mais ceci n’est pas déterminant pour définir la qualité du Chofar. Si l’on trouve différentes sortes de Chofar, c’est parce que les communautés ont des coutumes différentes. Toutefois, ce qui influe sur la qualité du son c’est la manière dont on a travaillé la corne, moins elle a été travaillée ou manipulée et plus le son sera « naturel » et perçant. Pour revenir aux différentes sortes de Chofar, rappelons qu’au cours de notre Histoire, chaque communauté a adopté sa propre forme de corne et un type de sonnerie spécifique. Par exemple, les Juifs d’Espagne utilisaient un Chofar plat et
droit parce qu’à l’époque, il leur était interdit d’en posséder un et donc, ils optèrent pour une forme qui leur permettait de facilement le cacher ou de le glisser sous leurs vêtements. Quant aux communautés
d’Italie ou des Pays-Bas, ils fabriquaient leur Chofar à partir de la corne de chèvre et non de bélier car, étant plus droite, il était plus aisé de la travailler. Les Juifs du Yémen avaient pour coutume d’utiliser un Chofar long et torsadé. Jusqu’à ce jour, les communautés ont maintenu leur tradition. Pourquoi est-il important de consulter un expert lors de l’acquisition d’un Chofar ? Comme dans tous les domaines dumarché, il existe des contrefaçons et l’on peut trouver dans le commerce, des Chofarot qui ne soient pas conformes à la Halakha et qui seraientdonc inaptes pour accomplir la Mitsva du Chofar. Il est donc important que le Chofar dispose d’un certificat émanant d’une autorité fiable ou de consulter un expert avant l’achat. Souvent, seul l’oeil d’un connaisseur peut repérer si un chofar est « casher » ou « passoul». Sachez par exemple que la moindre fissure , l’usage de colle (qui est parfois transparente et difficilement visible) ou de toute autre substance étrangère disqualifierait le Chofar. Quel est le prix moyen d’un Chofar ? Tout dépend si l’on cherche à acheter un Chofar en guise de cadeau pour un Bar- Mitsva ou pour décorer une vitrine ou si l’on souhaite acquérir un Chofar pour pouvoir accomplir la Mitsva correctement et sonner convenablement. Ainsi, le prix d’un Chofar « basique » se situe entre 100 et 600 Shékels mais celui d’un Chofar Méhoudar, destiné aux Baalé Tokéa, se situe plutôt entre 700 et 1000 Shékels, voire même plus. Enfin, pour conclure, comment nettoyer et conserver cet instrument précieux? Tout produit liquide risque de détériorer le Chofar car il est constitué de matière organique. Il faut donc être très prudent lors du nettoyage du Chofar. Pour cela, je recommande d’utiliser de l’Arak ou de l’alcool (car ces liquides assèchent le matériau) pour nettoyer efficacement le Chofar mais pendant quelques minutes seulement (au-delà de ce bref laps de temps, le Chofar pourrait être endommagé). Pour bien conserver le Chofar, il faut veiller à ne pas l’exposer au soleil ni à le placer dans un sachet en plastique. Il faudrait plutôt l’envelopper d’un tissu ou l’introduire dans une pochette conçue à cet effet. Puissions-nous tous accomplir la Mitsva du Chofar, comme il se doit et mériter prochainement d’entendre le son du « grand Chofar » qui nous annoncera la Délivrance finale !
YOKHEVED LEVY