Daniel et Allan Knoll, fils de l’octogénaire rescapée de la Shoah assassinée dans le 11e arrondissement de Paris le 23 mars 2018, racontent le parcours de leur mère Mireille dans « C’était maman », un livre sorti le 3 octobre aux éditions Kero.
« Il faut que les gens sachent que l’on peut encore mourir aujourd’hui parce qu’on est juif, sans aucune justification, a rappelé Daniel Knoll à l’occasion de cette parution. Je suis convaincu que c’est un acte antisémite, a-t-il ajouté. Ma
mère était une femme pauvre, elle vivait dans un HLM, sans objet de valeur. L’un des deux meurtriers présumés était son voisin – qu’elle connaissait depuis l’âge de sept ans -, il ne pouvait ignorer sa situation. Elle subsistait avec huit cents euros par mois et n’avait jamais plus de trente euros sur elle. Rien ne justifiait un cambriolage. Et elle a été tuée de onze coups de couteau aux cris d’Allah ou Akbar». Les deux frères sont désormais très sollicités, en France comme en Israël, pour parler du crime de mars dernier. Ils se sont rapprochés de la communauté organisée, qu’ils ne fréquentaient guère autrefois. « Ma mère était extrêmement gentille mais aussi très naïve. Elle était curieuse et ouverte au monde. Elle a beaucoup voyagé. Elle aimait la vie », raconte Daniel qui a créé avec sa famille une « association Mireille Knoll » dédiée à sa mémoire et à la propagation de la tolérance. « On ne fait pas le deuil d’un crime aussi horrible, dit-il. S’il y a procès, je m’y rendrai la mort dans l’âme pour regarder ces individus dans les yeux. Mais sans attente. On ne peut faire confiance à de tels monstres. Il manque un mot dans le vocabulaire pour les qualifier ». Entre-temps, l’enquête piétine. Quatre-vingt-sept voisins de la retraitée disparue ont été interrogés. Des analyses psychiatriques des deux suspects, qui s’accusent mutuellement, sont en cours. Seule certitude : leurs profils respectifs laissent apparaître de graves troubles de la personnalité avec addictions alcooliques, médicamenteuses et conduites autodestructrices en général.
A. G.