Il y a 13 ans à un mois près, Tsahal procédait à l’expulsion de dix mille habitants du Gouch Katif et retirait ses forces de la Bande de Gaza. Depuis, l’armée israélienne a dû à trois reprises revenir dans cette région tourmentée: d’abord en 2009, lors de l’opération Plomb durci, ensuite en novembre 2012 lors de l’opération « Colonne de Nuée » et enfin, il y a très exactement 4 ans, avec l’opération Bordure protectrice. Quatre ans après, quelles sont les leçons que l’on peut et doit tirer de cette dernière opération?.
D’emblée les leçons sont mitigées. Il y a d’abord plusieurs aspects positifs :
Force de dissuasion : le simple fait que la dernière opération massive de Tsahal remonte à 4 ans prouve qu’il y a eu un indéniable effet de dissuasion. Les dégâts causés par l’armée israélienne durant les 50 jours de cette confrontation ont été si importants qu’à ce jour il reste encore de nombreux bâtiments dont la destruction date de cette époque. Et le Hamas a compris à l’issue du conflit, qu’il ne sortira jamais vainqueur d’une telle bataille militaire. D’où le calme « relatif’ » enregistré pendant la quasi-totalité de ces 4 années.
Tunnels offensifs : ils ont été au cœur des débats du cabinet pour la sécurité nationale durant l’opération et la tragique capture du lieutenant Hadar Goldin a prouvé l’ampleur de la menace représentée par ces tunnels. Cela a conduit le gouvernement à se focaliser sur la recherche d’une solution neutralisant ces tunnels. Une solution qui a été trouvée grâce au génie des ingénieurs militaires, qui ont reçu, il y a dix jours, une distinction discrète pour leur immense contribution à la Défense Nationale. A cela il faut rajouter le fameux mur souterrain qui doit être terminé sous peu et règlera le problème une fois pour toutes.
Le Dôme de fer : Il est devenu de plus en plus efficace. Ce système de missiles anti-missiles que le monde entier nous envie n’est pas seulement capable aujourd’hui d’intercepter 90 % des missiles ennemis. Il dispose également d’une fonction lui permettant de neutraliser les roquettes comme on a pu le constater au cours des dernières semaines, lors des pics de violence provoqués délibérément par le Hamas et ses alliés du Djihad.
Cependant avec le recul du temps, il y aussi des constatations plus préoccupantes :
Situation humanitaire : en dépit de l’autorisation donnée par Israël d’introduire dans la bande de Gaza des denrées alimentaires, la situation humanitaire empire. Les premiers responsables en sont le Hamas qui, au lieu d’utiliser les fonds internationaux qu’il a reçus et des milliers de tonnes de ciments pour restaurer la bande de Gaza après l’été 2014, a préféré s’en servir pour construire encore et toujours des tunnels offensifs… qui ont systématiquement été détruits par le génie militaire israélien. Le second responsable de cette situation humanitaire n’est autre que Mahmoud Abbas qui en a eu assez, il y a quelques mois de payer l’ardoise d’électricité du Hamas dans Gaza dans l’espoir que cela susciterait un soulèvement populaire contre le mouvement terroriste palestinien. Résultat : il n’y a pas eu de soulèvement mais par contre les habitants de Gaza doivent se contenter de 3 à 4 heures d’électricité par jour.
Hamas joue avec le feu : La contre-offensive du Hamas : comme il le fait régulièrement le Hamas a tenté de résoudre un problème humanitaire en créant un problème sécuritaire. Depuis le 30 mars dernier (journée de la Terre), le mouvement terroriste semble vouloir faire fi de la force de dissuasion de Tsahal. Il a fait sortir, plutôt de force que de gré, des dizaines de milliers de gazaouis le long de la frontière avec Israël avec un objectif avoué : forcer Tsahal à tirer en direction des Palestiniens et bénéficier ainsi de la compassion de la communauté internationale, en particulier, en Europe. A court terme cela s’est avéré payant puisque le monde entier s’est solidarisé au soir du 14 mai (jour de la Nakba) avec la douleur des Palestiniens de Gaza, qui ont recensé ce jour-là 62 tués dont 50 comptaient parmi les terroristes du mouvement. Mais très vite le Hamas a dû déchanter. L’élan escompté ne s’est pas concretisé et c’est pour tenter de capter à nouveau l’attention internationale que Yhié Sinwar et ses lieutenants ont commencé à lancer leurs cerfs-volants incendiaires. Ceux-ci ont porté un coup dur à l’agriculture israélienne dans le pourtour de Gaza. Dur mais non fatal car ce n’est qu’une question de semaines avant que les unités technologiques de Tsahal ne trouvent le moyen de neutraliser totalement ce jeu d’enfant transformé en arme artisanale par ceux qui se nourrissent de haine d’Israël.
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Aujourd’hui, après trois mois de tension, il est impossible de savoir si l’on s’achemine vers un apaisement ou bien si d’escalade en escalade, la frontière va, à nouveau, s’embraser comme durant ce terrible été 2014. Une chose est sure : ni le Hamas ni Israël ne veulent d’un nouveau round de violence. Parmi les efforts entrepris pour éviter une nouvelle confrontation, il faut souligner ceux investis par l’Egypte. Les services de renseignements égyptiens ont pris l’habitude de convoquer Ismail Aniyeh au Caire afin de lui faire comprendre qu’il n’a pas le moindre intérêt à provoquer une nouvelle escalade. Ils ont fort à faire car il existe une vive rivalité entre Aniyeh qui est chef du bureau politique du Hamas et proche de Téheran qui prône une attitude dure et Yehie Sinwar le patron du mouvement à Gaza (plus proche des Egyptiens) qui serait plus favorable à la recherche d’une solution humanitaire qui permette à sa population de respirer un peu. Sinwar sait que les derniers mois ont été nettement moins reluisants qu’ils ne l’ont paru. Et il comprend qu’il faut au plus vite trouver une solution humanitaire pour sa population.
Cette solution pourrait bien venir de Washington où, selon certaines rumeurs, on a décidé de relancer le processus de paix en réglant prioritairement le problème de Gaza. Lors de leur dernier passage dans la région, Kushner et Greenblatt, les deux conseillers de Donald Trump auraient présenté aux pays sunnites une solution inédite de la crise à Gaza qu’ils auraient validée. Cette solution inclurait la création d’un quai palestinien sur l’un des ports de Chypre et l’allégement du blocus israélien, une aide économique américaine à la population de Gaza et un accord de trêve (houdna) sur plusieurs années.
Daniel Haïk
Encadré: La protestation des compagnons d’Hadar Goldin et de Oron Shaoul zal
Face aux rumeurs sur l’imminence d’un accord sur la restauration de la bande de Gaza, les compagnons d’arme d’Hadar Goldin et Oron Shaoul ont manifesté dimanche devant la résidence du Premier ministre à Jérusalem. Ils ont exigé que tout accord de restauration de Gaza implique en contrepartie la restitution des corps des deux soldats détenus par le Hamas depuis la fin de l’opération Bordure Protectrice :« Nous avons servi dans des unités d’élite pour défendre les valeurs que l’on nous a inculqués et en particulier celle de la fraternité, ont-ils déclaré. Pour nous Bordure Protectrice ne s’est jamais terminée et elle ne se terminera que lorsque nos deux camarades reviendront en terre d’Israël ». Ces soldats ont décidé pour appuyer leur protestation de remettre à Binyamin Nétanyaou les décorations qu’ils ont reçues à l’issue de l’opération militaire de l’été 2014. DH