Réagissant à l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem et aux manifestations sanglantes fomentées par le Hamas à la frontière gazaouie, la classe politique et les éditorialistes français ont globalement condamné, une fois de plus, la seule armée israélienne et l’emploi « disproportionné » de la force dont elle se serait rendue coupable. L’épisode meurtrier serait aussi la conséquence de la diplomatie « irresponsable » du président Trump. De nombreux commentateurs ont laissé entendre que Gaza serait encore un territoire occupé et Tel-Aviv… la vraie capitale de l’Etat juif.
Dans un communiqué, l’Elysée a dénoncé la « violence » des forces militaires israéliennes contre les émeutiers palestiniens. Puis, Emmanuel Macron a évoqué devant la presse les « actes odieux » de Tsahal à Gaza.
Plusieurs associations communautaires se sont insurgées contre cette prise de position blessante, en particulier l’Union des patrons et professionnels juifs de France (UPJF) et le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA).
« Parce que nous déplorons toute perte en vies humaines, nous attendons de notre gouvernement qu’il condamne les provocations du mouvement islamo-terroriste Hamas qui sacrifie femmes et enfants et porte la responsabilité de cette situation », ont-elles souligné dans un texte commun. Et de poursuivre : « Comment garantir des frontières sûres et reconnues pour Israël, comme le souhaite le chef de l’Etat, alors qu’on lui reproche de les défendre et de protéger ses citoyens ? Nous demandons aux autorités françaises et aux médias de cesser d’apporter leur soutien au Hamas et à sa théorie illusoire et impossible du ‘retour’. Un tel parti pris risque de conduire à de nouveaux actes antisémites sur le territoire national ».
Chez les autres dirigeants politiques, on a surtout assisté à des emportements colériques appelant par exemple à « rappeler notre ambassadrice à Tel-Aviv », pour La France insoumise (son leader, Jean-Luc Mélenchon, a parlé de « massacres »). L’ex-candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon a estimé que Donald Trump, en déplaçant l’ambassade, avait provoqué un « bain de sang » main dans la main avec le cabinet Nétanyaou. Dans la foulée, il a suggéré à Emmanuel Macron et à l’Union européenne dans son ensemble de « reconnaître immédiatement l’Etat de Palestine ».
S’agissant des Républicains, les réactions ont été plus modérées mais on a également accusé Washington de jeter inconsidérément « de l’huile sur le feu » en acculant les Palestiniens à la « désespérance ».
Seul le député FN Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen – et dont une partie de la famille est d’origine juive algérienne -, a défendu Israël et fustigé le Hamas pour avoir « poussé les masses palestiniennes à franchir la frontière ».
Cela ne signifie pas que l’extrême droite se serait rangée du côté de l’Etat juif. Les autres leaders frontistes n’ont guère commenté les événements proche-orientaux et les antisémites patentés du courant nationaliste ont rivalisé d’inventivité pour éructer contre l’attitude prétendument « terroriste » voire « génocidaire » de Tsahal, selon l’expression utilisée aussi par le numéro un turc, Recep Tayyip Erdogan. Jean-Marie Le Pen ne s’en est pas privé et son ami Jérôme Bourbon, patron de l’hebdomadaire néo-pétainiste Rivarol, a diffusé la saillie suivante par voie numérique : « Finalement, quand on voit ce qui se passe en Palestine occupée, un défunt chancelier aurait-il eu complètement tort dans son analyse de la question juive ? » Le BNVCA a déposé plainte pour apologie de crime contre l’humanité après ce message vomitif.
Entre-temps, plusieurs rassemblements islamo-gauchistes se sont tenus en Ile-de-France comme en province pour protester contre les « massacres » israéliens. A Paris, il y a eu deux manifestations simultanées place de la République et au Trocadéro, avec des centaines de militants et sympathisants antisionistes chauffés à blanc. A Lille, Nantes, Toulouse, Strasbourg… les slogans ont fusé sur la fameuse Nakba (« Catastrophe », en arabe) criminelle et meurtrière dont les Palestiniens seraient continument victimes depuis sept décennies. Dans les villes communistes de banlieue, on a compté de nombreux défilés et marches d’« indignés », comme à Stains (Seine-Saint-Denis) où le maire, Azzédine Taïbi, a voué aux gémonies le « lobby pro-israélien » qui serait tout-puissant dans ce pays, entre deux envolées lyriques contre l’Etat juif.
Dans les médias, quelques rares éditorialistes ou polémistes ont sauvé l’honneur. L’écrivain Yann Moix en particulier, qui co-anime « On n’est pas couché », un talk-show très suivi sur France 2, a salué « le courage et la grandeur de Donald Trump » dans l’affaire de l’ambassade, rappelant que les Juifs vivaient à Jérusalem depuis toujours et que la création d’Israël n’était nullement la « conséquence » de la Shoah – ce que beaucoup d’« analystes » hexagonaux semblent ignorer ou passent systématiquement sous silence. Ivan Rioufol, grande plume du Figaro, a noté opportunément que des témoignages concordants confirmaient « le simulacre de cette manifestation à la frontière gazaouie présentée comme pacifique. En réalité, il apparaît que les dirigeants du Hamas, mouvement terroriste islamiste qui tient ce territoire sous sa botte, n’ont cessé d’inciter la foule à cisailler les clôtures de séparation afin d’atteindre les premiers kibboutz. Des tenailles étaient notamment distribuées, y compris aux plus jeunes, jetés ainsi volontairement sous les balles de l’armée israélienne qui avait fait connaître préalablement sa riposte en cas de tentative d’invasion ».
Des évidences qui ont visiblement échappé à la plupart des confrères d’Ivan Rioufol.
Une majorité de jeunes juge le sionisme « raciste »
52 % des 18/24 ans français considèrent que le sionisme est une « idéologie raciste ». Pour 54 % d’entre eux, il s’agit d’une « organisation internationale visant à influencer le monde et la société au profit des Juifs ». C’est l’un des résultats du sondage commandé à l’institut IPSOS par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) à l’occasion du soixante-dixième anniversaire d’Israël. Une enquête qui fait froid dans le dos au moment où la fièvre complotiste se réveille dans l’Hexagone après le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem et les émeutes sanglantes à Gaza.
Individu menaçant devant l’école Beth Hillel de Levallois
Un individu menaçant, s’exprimant en arabe et criant « Allah akbar », a insulté les personnes présentes le 16 mai devant l’école Beth Hillel du groupe Habad Sinaï, à Levallois (Hauts-de-Seine). « Vous tuez les enfants », a-t-il hurlé, en référence aux événements en cours à Gaza. Il a été conduit à l’hôpital psychiatrique par les policiers – alertés par des parents – qui ont jugé « déséquilibré » le fauteur de troubles.
Le rav Yossef Pevzner, directeur du groupe scolaire, a informé le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) qu’il allait porter plainte.
Axel Gantz