Nos ‘Hakhamim se sont penchés sur la date précise de la création du monde et ils n’étaient pas d’accord : Rabbi Eliézer affirmait que le monde avait été créé en Tichri tandis que Rabbi Yéhochoua estimait que c’était en Nissan. Nous pouvons expliquer cette « Ma’hloket » de la façon suivante : le monde a été créé selon le premier, en Tichri, donc au début de l’hiver. Par contre, selon le second, c’est en été que l’existence débute. Mais cette polémique a perduré puisque les célèbres élèves de ces deux maîtres, à savoir Hillel et Chamaï ont eu le même type de discussion. Selon Chamaï, Hachem a d’abord créé le Ciel avant de créer la Terre. Par contre Hillel pense exactement le contraire. Et tant Chamaï que Hillel s’appuient sur des versets explicites de la Torah.
Nous avons donc, des maîtres et des élèves qui débattent de deux questions mais d’un seul et même problème : quelle doit être la priorité dans la vie ?
D’après Chamaï et son élève rabbi Eliézer, pour qu’une chose puisse exister, la raison de son existence doit être mise en place au préalable. La « Siba » est obligatoirement antécédente à la « Métsiouth », à la réalité. La notion de Din (rigueur) étant la logique et l’explication de tout, il faut une raison pour justifier chaque chose. Donc, l’hiver existera avant l’été. Car que pourrait donner une terre avant que les pluies l’irriguent ? L’hiver est une longue période qui nous prépare à ce qui pourra apparaître en été. C’est la saison, « Siba ».
Mais, si l’on considère que la « Métsiouth » est le véritable objectif, elle n’a pas « besoin » de préparation. Le principe du ‘Hessed si cher à Hillel, incarne une possibilité d’exister sans que les raisons et justifications ne soient perceptibles dans notre monde. Les éléments que l’homme côtoie, ne peuvent pas dépendre directement de l’explication qu’il est en mesure de fournir. L’été est l’objectif, la réalité des choses, leur essence, l’exploitation des potentiels… En un mot l’existence !
Ces deux notions portent d’autres noms : ciel et terre. Ne dit on pas grâce au ciel ? Il est la raison, l’explication, mais aussi le Din.
La terre est, quant à elle, le domaine des hommes, plus réel, concret, accessible.
Le mois de Iyar est appelé dans les textes : Ziv. Ce mot désigne le rayonnement. Il est un éclairage perçu de façon indirecte. La source véritable reste abstraite voire cachée. L’été est une réalité perceptible puisque la nature donne ses fruits, elle met à notre disposition son potentiel, elle nous invite à découvrir les réalités de la création. Mais nous savons parfaitement que la source véritable se trouve plus haut, plus en amont, dans une dimension qui nous dépasse.
Lorsque l’été arrive, nous accueillons avec joie les éléments qui nous indiquent tout ce à quoi nous devons aspirer.
Le mois de Iyar est non seulement riche, mais il nous ramène à tant de miracles pour lesquels notre reconnaissance à l’égard d’Hachem est infinie. Puissions-nous voir la terre d’Israël donner tout ce qu’elle « contient » et le peuple juif dans son intégralité y vivre pour s’élever toujours plus haut. Amen