Malgré les deux mois de préparation logistique et de communication, seuls quelques dizaines de milliers de Palestiniens ont participé aux deux grandes premières manifestations et ils n’étaient guère plus de 10 000 le troisième vendredi.
La manifestation du premier vendredi correspondait au « Jour de la Terre » et devait ouvrir les festivités, et donc ce sont près de 30 000 Palestiniens qui y ont pris part dont de nombreuses femmes et enfants. Le bilan avait été lourd pour les Palestiniens : 17 tués et des centaines de blessés. Le vendredi suivant, premier affaiblissement : 25 000 manifestants se sont réunis principalement à Gaza et à Khan Younès et les soldats israéliens ont été mis en garde contre la présence de nombreux enfants en première ligne. Une douzaine de Palestiniens ont été tués. Et vendredi dernier, le bilan était nettement plus bas puisque selon Israël un seul Palestinien a été tué. Au sein de Tsahal on a pris soin de préciser que la majorité de ces 30 tués étaient des terroristes clairement mobilisés par le Hamas. Mais attention : selon Ismaël Haniyé, chef du bureau politique du Hamas, le paroxysme des manifestations, devrait être atteint le 15 mai, jour anniversaire de la création de l’Etat d’Israël et de la Naqba palestinienne (la grande catastrophe) au lendemain du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem.
Afin de maintenir la tension des deux côtés de la barrière, sans enflammer la situation, le Hamas n’envoie aucun missile, et Israël évite de répliquer avec force aux différentes provocations. Le Hamas espérait recruter des centaines de milliers de Palestiniens mais les manifestants ont été beaucoup moins nombreux que prévu. De facto le mouvement terroriste a pu tout de même enregistrer un regain d’intérêt de la part des médias occidentaux pour la population palestinienne de Gaza ce qui est en soi un succès. Mais c’était sans compter sur les événements en Syrie avec la dernière attaque chimique de Bachar el-Assad sur son peuple, ainsi que la riposte occidentale qui ont détourné l’attention de Gaza.
Israël s’est préparé à la mobilisation palestinienne à Gaza et a réussi à réagir efficacement, malgré les protestations de la gauche israélienne contre l’emploi de tirs à balles réelles sur une population civile.
Le Hamas a réussi à exploiter la misère et le désespoir des jeunes en raison de la difficile situation économique à Gaza pour les retourner contre Israël, faisant le calcul de nombreuses victimes potentielles pour s’attirer la sympathie de l’opinion mondiale. Le mouvement terroriste est également parvenu à envoyer un message clair à Abou Mazen et aux Israéliens quant à sa capacité à organiser une protestation de grande ampleur et à obtenir une large couverture médiatique surtout en Europe et auprès des Nations Unies. Le Hamas a surtout réussi à obtenir une riposte limitée de la part de Tsahal, empêchant ainsi tout débordement grave.
Mais il a échoué à imposer l’idée d’un droit au retour des Palestiniens, il a échoué à déclencher une enquête internationale contre Israël, il a échoué à entraîner dans sa lutte, les Palestiniens de Judée et Samarie, et il a échoué à s’attirer la solidarité des pays arabes.
D’ici le 15 mai, plus les échecs du Hamas seront cuisants, plus il aura intérêt à provoquer un événement de grande ampleur pour brandir une image de victoire qui marquera les esprits et l’opinion mondiale. D.S.