Tout indique que les suspects interpellés le 28 novembre seraient bien les auteurs de l’attaque antisémite qui a visé, en septembre, le responsable communautaire, son épouse et son fils. L’enquête semble avoir été rapide et efficace.
Coup de filet, le 28 novembre à l’aube, dans l’enquête sur l’agression violente et antisémite dont le responsable communautaire Roger Pinto, fondateur de l’association Siona, son épouse et son fils ont été victimes début septembre. La séquestration, extrêmement traumatisante mais sans séquelles physiques sérieuses, a duré des heures dans leur pavillon de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis). Nuit cauchemardesque pour les Pinto, coups et injures prolongées, cambriolage… : les suspects mis en examen le 1er décembre risquent gros s’ils sont reconnus coupables, d’autant que la circonstance aggravante d’acte de haine est clairement établie. « Vous êtes juifs, donc vous avez de l’argent », ont hurlé les assaillants.
Quatre hommes ont été interpellés, dont un quinquagénaire « très connu » des services de sécurité, qui pourrait être le chef de bande. Les trois autres sont âgés de vingt à vingt-trois ans. Une jeune femme de dix-neuf ans a également été arrêtée pour complicité. Les forces de l’ordre auraient agi à Clichy-sous-Bois, Aulnay-sous-Bois et Tremblay-en-France, trois communes de la banlieue nord.
Les investigations étaient menées par la Sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis dans le cadre d’une information judiciaire, ouverte par le parquet de Bobigny pour « violence à raison de la religion des victimes », « extorsion à raison de la religion des victimes » et « séquestration ».
Dans un communiqué, Gérard Collomb a salué l’opération du 28 novembre, qualifiant l’agression de « lâche et violente » et soulignant que « la lutte contre le racisme et l’antisémitisme sous toutes leurs formes » était « une priorité » du gouvernement. Le ministre de l’Intérieur a félicité les fonctionnaires de la préfecture de police pour « leur engagement et leur détermination à identifier les auteurs présumés de cet acte odieux ». Quant au préfet de police, Michel Delpech, il a confirmé que les conditions du drame « laissaient peu de doute sur le caractère antisémite de cette action crapuleuse ».
La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), a rappelé que cette affaire ressemblait beaucoup à celle de Créteil. Un couple avait été séquestré et la femme violée, en 2014, dans le chef-lieu du Val-de-Marne au cours d’une attaque perpétrée elle aussi par des antisémites, persuadés que les Juifs gardaient forcément de grosses sommes en liquide à leur domicile. Cinq prévenus seront prochainement jugés aux assises dans ce douloureux dossier.
« Onze ans après le meurtre d’Ilan Halimi, le fantasme du Juif riche continue de faire ses victimes », a déploré SOS Racisme après l’agression de la famille Pinto.
Réaction du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) au lendemain des arrestations de cette fin novembre : l’association de Sammy Ghozlan a remercié les autorités concernées pour leur « grande efficacité » et espère des « sanctions exemplaires ».
Axel Gantz