Aucune restriction sécuritaire, cette fois. Les réjouissances communautaires, comme les hanoukiot géantes installées sur les grandes places des villes de France, seront en phase ascensionnelle par rapport aux années précédentes. Tour d’horizon.
« Les restrictions de fin 2015, après les attentats de Paris, ont été largement levées en 2016, et cette année, les allumages publics de Hanoucca se dérouleront sans difficultés sécuritaires. Les préfectures ont accédé à nos demandes sans rechigner », indique le rav Haïm Nisenbaum, porte-parole du mouvement Loubavitch, principal et souvent seul organisateur de ces événements traditionnels du mois de décembre, qui attirent un nombre exponentiel de Juifs malgré l’alya et… le froid.
Une vingtaine d’allumages sont prévus un peu partout dans la capitale. Le plus grand aura lieu comme de coutume au Champ de Mars, le dimanche 17 décembre à 20 heures (pour la sixième bougie). Il y aura foule, sans doute, et les responsables communautaires nationaux s’exprimeront à cette occasion, à commencer par le président du Consistoire, Joël Mergui. Parmi les autres rassemblements, en présence d’élus locaux, les plus courus seront vraisemblablement ceux de la place de la République, le mardi 12 à 19 heures 30 (première bougie), de la place des Fêtes, le mercredi 13 à la même heure (deuxième bougie), de la Bastille, le jeudi 14 à 19 heures 30 toujours (troisième bougie), de Châtelet, motsei Chabbat 16 décembre à 20 heures (cinquième bougie), de la place Pereire-Maréchal Juin, le lundi 18 à 19 heures 30 (septième bougie), enfin de l’Opéra-Garnier, le mardi 19 à 18 heures (huitième bougie).
En banlieue et en province, la majorité des communautés, même petites, auront droit à un allumage public, grâce au réseau de plus en plus étendu des Batei Habad.
Une croissance paradoxale en période de vaches maigres budgétaires et de départs en série pour Israël. « L’explication est toute simple, nous dit le rav Nisenbaum : on peut considérer que le judaïsme français serait en déclin voire finissant, et l’on se contente de gérer le quotidien. Notre choix se situe à l’opposé de cette option pessimiste emprunte de résignation. Nous allons de l’avant avec énergie, car notre porte est ouverte à tous. Chacun doit trouver sa place dans notre communauté, et déterminer de quelle façon il doit conduire son existence. Or, beaucoup de Juifs de ce pays sont perdus ou encore hésitants sur la voie à suivre. Il nous appartient donc d’agir, surtout à Hanoucca qui est, par excellence, la fête des retrouvailles… »
5778 est d’ailleurs une année faste pour le mouvement Loubavitch de France : il célèbre son cinquantenaire. La date de référence est celle de l’arrivée à Paris du rav Shmuel « Moulé » Azimov zatsal, en mai 1968, en provenance de Brooklyn. Son objectif d’alors : répandre la téchouva dans l’Hexagone. Objectif réussi au-delà de ses espérances, si l’on observe l’évolution du paysage communautaire depuis un demi-siècle. Les chlouhim Habad n’organiseront pas d’évènement spécifique pour marquer l’anniversaire, mais entendent donner une résonnance accrue à chacune des manifestations du calendrier habituel.
Exemple : le rassemblement traditionnel de ce jeudi 7 décembre au Palais des Congrès de la porte Maillot, pour le Youd-Teth Kislev ou « nouvel an de la Hassidout », devrait réunir deux mille cinq cents à trois mille personnes, contre deux mille environ en 2016.
Outre les allumages et prises de paroles publiques, les communautés locales sont de plus en plus nombreuses à proposer toutes sortes de réjouissances pour petits et grands. Quelques exemples (la liste est bien sûr non exhaustive) : en région parisienne, un dîner gastronomique aura lieu à la synagogue d’Enghien-les-Bains (Val-d’Oise) le mardi 19 décembre à 20 heures, avec animation musicale. A Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), le public pourra assister à une pièce de théâtre, motsei Chabbat 16 décembre, dans la salle municipale Maurice Koehl.
A Colombes, dans les Hauts-de-Seine, une « Hanoucca party » se déroulera le dimanche 17 à partir de 15 heures 30 avec des surprises et, entre autres stands pour enfants, un « bar à bonbons ». Attention à bien se brosser les dents le soir venu…
Ce même 16 décembre, la communauté de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) vous invite à passer la matinée dans un parc d’attraction de la commune toute proche de Pavillons-sous-Bois, avec votre progéniture qui sera enchantée de patiner sur la glace et/ou de plonger dans une piscine à boules.
A Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), les activités et jeux se succèderont toute la journée. La synagogue de Nogent-Le Perreux (Val-de-Marne) met les petits plats dans les grands le 18, avec un dîner de gala suivi d’une tombola.
Dans Paris intramuros, on retiendra en particulier le concert gratuit offert par le Chœur juif de France, emmené par le fameux ‘hazan Raphaël Cohen. Ce sera le 18 décembre à 19 heures 30, dans le cadre de la synagogue de la rue Notre-Dame-de-Nazareth, dans le 3ème arrondissement.
La choule Yismah Moché, rue des Saules (18ème), propose des numéros de jonglage et d’acrobatie dès le mercredi 13 à 19 heures 30, pour l’allumage de la deuxième bougie.
En province, une première à Lyon : le Consistoire régional convie les jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans sur le bateau Hermès, pour une croisière musicale au fil du Rhône, le dimanche 17 entre 19 heures 30 et 23 heures. On allumera la hanoukia avant un cocktail et, bien entendu, la dégustation de beignets. Plus tôt dans la journée, la grande synagogue du quai Tilsitt abritera un spectacle de marionnettes dédié à la fête des lumières, sous la houlette de l’artiste franco-israélienne Niva Josef. Rendez-vous sur place à 14 heures 30.
A Marseille, le centre féminin d’études juives Ohel Esther a prévu une « Hanoucca party » géante, le lundi 18 de 12 heures à 14 heures. Repas collectif, tombola… et conférence du rav Réouven Ohana, grand rabbin de la métropole provençale, sur le thème : « Hanoucca et la force dans l’unité ». Une animation musicale est également annoncée pour le lendemain soir, à la synagogue de la rue Breteuil.
A Toulouse, Julie Akouka, responsable des évènements à l’Espace du judaïsme (le centre communautaire local), est fière du « marché de Hanoucca », une originalité qui emballe les Juifs du cru depuis quatre ans.
C’était le dimanche 3 décembre, avec une vingtaine de stands, « soit davantage que les saisons passées », indique-t-elle. Près de deux cents visiteurs ont pu participer à un brunch puis déguster beignets, chocolats et gâteaux, préparés par le restaurant de l’Espace et par les dames de la WIZO. Tzipa Naïm, épouse du nouveau rabbin de la ville rose, le rav Doron Naïm, a délivré un chiour pour femmes, et l’historien Alexandre Adler, dont on connaît l’inépuisable érudition, a donné une conférence sur le judaïsme américain. Sans oublier un concours de dessins pour enfants. La séouda collective, à Toulouse, est planifiée au même endroit pour le dîner chabbatique du vendredi 16 décembre.
Axel Gantz