Fondé sur divers intérêts communs entre l’État hébreu et un nombre croissant d’État africains, ce retour politique, économique et sécuritaire d’Israël effectué pas à pas ces dernières années sur le grand continent noir a mis un terme à la longue période de rupture et de crise générée par le « choc pétrolier » de 1973.Deux données illustrent ce retour d’Israël en Afrique : la visite inédite en juillet 2016 du Premier ministre Binyamin Nétanyaou au Rwanda, en Ouganda, et en Ethiopie et aussi le fait qu’un lobby parlementaire pro-africain existe depuis un an à la Knesset. Sur les quelque 48 États de l’Afrique sub-saharienne, Israël entretient à présent des relations diplomatiques continues avec 40 de ces pays et dans une douzaine d’entre eux avec des légations diplomatiques permanentes : Angola, Afrique du Sud, Cameroun, Côte d’Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Ghana, Kenya, Nigéria et Sénégal, ainsi que désormais le Rwanda et l’Ouganda. Les relations actuelles d’Israël avec une quarantaine de pays africains se déploient aujourd’hui dans deux domaines complémentaires politico-économiques. Ce retour d’Israël en Afrique a entrepris de miner l’ère des « majorités automatiques » du bloc des pays africains – augmenté du bloc arabe et de celui des « non-alignés » – auquel l’Organisation de l’Union africaine (OUA, dont l’Egypte est membre) lançait d’impérieuses consignes de vote à l’ONU et dans tous les forums internationaux depuis 1973 contre l’État juif. Or ce changement a permis aux intérêts israéliens de gagner en influence sur tout le continent africain, notamment parce qu’ils ont pu contourner les vieux « barrages idéologiques » puis ceux du boycott économique arabe. Au plan économique, Israël considère l’Afrique comme un formidable marché potentiel « émergent » pour ses flux d’exportations en tous genres, à tel point qu’aujourd’hui le volume financier cumulé de ses échanges commerciaux avec les pays africains atteint presque le milliard de dollars annuels – même si les deux-tiers de ce chiffre sont encore générés par le lucratif commerce des diamants entre Israël et l’Afrique du Sud. En fait, c’est surtout aux plans sécuritaire et des Renseignements que la présence d’Israël sur le continent noir a pris de l’ampleur ces dernières années, notamment parce que nombre d’États africains – tels la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya et le Rwanda – font face à de sérieuses menaces terroristes de déstabilisation interne souvent initiées par des groupes armés islamistes intégristes. C’est ainsi que des contrats portant sur 135 millions de dollars ont été réalisés avec des pays africains pour la livraison d’équipements militaires légers. De plus, des pays de la Corne de l’Afrique jouxtant l’Egypte et le Soudan (tel le Kenya) redoutant l’influence de l’Iran sur le continent – où le Hezbollah ne cesse de se développer sur sa côte ouest -, veulent qu’Israël les assiste en les équipant de QG. militaires livrés en « kit » et de services de Renseignements adéquates. Fait illustrant la belle moisson diplomatique en train d’être récoltée par Israël grâce à tous ses efforts déployés depuis dix ans : la capitale du Togo, Lomé, accueillera dès la fin octobre la « Grande première » du Sommet Afrique-Israël, où près d’une vingtaine de délégations nationales sont d’ores et déjà attendues ! Pour le président rwandais, Paul Kagame, qui a pris la parole la semaine dernière au Congrès annuelde l’AIPAC (le lobby juif américain), « la tenue de ce Sommet sera une excellente occasion d’élargir le cercle des différents partenaires dans une vision de prospérité partagée ». Et d’ajouter :« Israël a le droit d’exister et de prospérer ! ».Richard Darmon