En cette veille de Pessa’h, nous nous sommes intéressés aux conduites particulières de quelques-uns de nos maîtres qui, ont certes leurs propres coutumes mais ont tous pour dénominateur commun, le scrupule d’accomplir avec joie et entrain, les préceptes de cette merveilleuse fête.
Rav Aharon Leïb Steinmann
La veille de Pessah, le Rav Steinmann ne tient pas à brûler lui-même le ‘Hamets et ne garde pas de ‘Hamets spécialement à cet effet. C’est uniquement sil lui reste du ‘Hamets en sa possession qu’il confie à l’un de ses proches la charge d’éliminer son ‘Hamets. En effet, le Rav a expliqué que cette Mitsva s’applique à celui qui possède du ‘Hamets et qu’il n’y aurait pas de source stipulant qu’il faille délibérément acquérir du ‘Hamets pour devoir le brûler. La veille de Pessa’h, le Rav Steinmann a coutume de réciter, les larmes aux yeux, le passage du Korban Pessa’h, attristé de ne pas avoir le mérite d’offrir ce Korban. Quant à la table du Séder, il la garnit avec l’un de ses livres de la série « Ayélet Hachahar » en expliquant qu’il est recommandé d’orner la table du Séder avec des ustensiles en or ou argent. Or, vu qu’il n’en possède point, ses livres constituent ses biens les plus précieux qui remplacent les pièces de luxe. Durant la soirée du Séder, le Rav ne s’attarde pas sur les commentaires approfondis mais se focalise sur le sens littéral des passages de la Haggada afin que toutes les personnes attablées, y compris les enfants, saisissent correctement le récit de la sortie d’Egypte. Le Rav Steinmann clôture le Séder en récitant Chir Hachirim puis se plonge dans l’étude du traité Pessa’him jusqu’au petit matin où il enchaîne avec la prière de Cha’harit.
Rav Haïm Kaniewsky
Le 14 Nissan, le Rav ‘Haïm se lève à 4h du matin pour commencer son programme d’étude quotidienne avant de se rendre au Nets à la prière de Cha’harit. Puis, en tant qu’aîné, il procède au Siyoum annuel du Talmud Babli et Yérouchalmi auquel assistent des centaines de personnes. Après avoir brûlé son ‘Hamets, le Rav ‘Haïm se replonge aussitôt dans son étude en commençant par le traité Berakhot. En ce qui concerne le Maror, Rav ‘Haïm a l’habitude de consommer du raifort particulièrement amer. Avant la fête, son médecin l’ausculte pour vérifier précisément la quantité de raifort que le Rav pourrait supporter. Quant au récit de la Haggada, Rav ‘Haïm reste fidèle aux chants et hymnes du foyer paternel. Mis à part quelques commentaires courts exposés durant le repas, la Rav ‘Haïm ne s’attarde pas sur les commentaires des passages de la Haggada.
Le Hakham Chalom Cohen
La veille de Pessah’, après la mi-journée, le Rav Chalom Cohen se dirige vers le Talmud Torah Messilat Yécharim, situé dans le quartier de Guéoula (à Jérusalem), pour procéder lui-même à la fabrication de Matsot qu’il consommera pendant les sept jours de fête. Ses proches témoignent que le soir du Séder est un moment exclusif où «le Rav se trouve dans de hautes sphères, animé d͛ une joie extraordinaire, empreint d͛ une sainteté particulière… semblable au Cohen Gadol qui procède à son service sacerdotal ». Tout au de la Haggada, le Rav accorde une attention particulière à ses petits-enfants en prenant patience de leur poser des questions, de les écouter et de leur raconter les miracles qu’Hachem a prodigués à nos ancêtres. Parallèlement, il agrémente les passages de la Haggada par de nombreux commentaires, en expliquant presque chaque mot. Parfois, il cite des ‘hidouchim qu’il a entendus cinquante années plus tôt. Captivés par les propos du Rav, les membres de sa famille restent en éveil à la table du Séder durant de longues heures et en ressortent fort enrichis de cette expérience d’élévation spirituelle. Pendant ‘Hol Hamoéd, Rav Chalom Cohen participe à la Birkat Cohanim traditionnelle qui a lieu au Kotel Hamaaravi.
Rav Itshak Yossef
Avec un visage rayonnant et débordant de joie, le Rav Itshak Yossef dirige le Séder, en ayant à ses nombreux enfants et petits-enfants à ses côtés. Garnie dune jolie vaisselle, la table du Rav sied à cette soirée unique. Au cours du récit de la Haggada, le Rav multiplie les commentaires en rapportant essentiellement ceux de son père. Avec chaleur, il convie l’ensemble des membres de sa famille à prendre la parole, et, à tour de rôle, chacun deux lit un passage à voix haute avec une mélodie particulière. Ainsi, la soirée du Séder dure jusqu’à une heure tardive, bien au-delà de ‘Hatsot. Ses proches l’écoutent avec attention et sont captivés par le récit de la sortie d’Egypte accompagné d’histoires et de nouveaux éclairages. Le lendemain après-midi, Rav Its’hak Yossef se rend au Beth Haknesset Moussaïyof pour y dispenser un cours traitant de la fête de Pessa’h auquel assiste une large audience.
Yokheved Levy