Le 6 mars dernier, est décédé le Hakham Zékharya Barashi, doyen des habitants de Jérusalem et grande figure spirituelle de la communauté juive kurde d’Israël. Né selon des estimations non-officielles, dans un village du Kurdistan irakien, il était le fils d’un rabbin qui consacrait sa vie à la diffusion du judaïsme en se déplaçant de village en village pour dispenser ses enseignements de Torah. Le rav Zékharya Barashi commença, dès son jeune âge, à donner cours en public. Il monta en Israël dans les années trente. Dès son arrivée, il entreprit les démarches nécessaires pour que ses parents puissent le rejoindre et, en dépit des nombreux obstacles, il parvint à les faire venir en Israël. Il les accueillit chez lui, se souciait de pourvoir à tous leurs besoins et leur vouait un grand respect. Pour obtenir son gagne-pain il s’orienta, dans un premier temps, vers les travaux de construction, tout en continuant parallèlement à dispenser des cours dans les synagogues. En outre, il fut l’un des fondateurs de l’organisation des Juifs originaires du Kurdistan et participa à la publication de manuscrits de Juifs kurdes. A partir de 1950, il devint fonctionnaire de la mairie de Jérusalem et travailla au sein du département de l’éducation. En 1980, il fut désigné parmi « les notables de Jérusalem », « Yékiré Yérouchalayim », pour son action remarquable en faveur de la capitale d’Israël et pour son dévouement à l’égard de la communauté juive d’origine kurde. Ce titre honorifique lui a été attribué par le Président de l’Etat de l’époque, Itshak Navon, et par le maire de Jérusalem d’alors, Teddy Kollek. Le Hakham Barashi a rédigé une série d’ouvrages intitulée « Yalkout Barashi » qui traite des commentaires sur la Paracha et le Zohar. Jusqu’à ses derniers jours, ce grand homme vivait dans son appartement situé dans le quartier de Baka et, selon le témoignage de ses petits-enfants, malgré son âge très avancé, il était indépendant et restait fidèle à son programme d’étude quotidienne. L’an dernier, à l’occasion d’un entretien mené par des journalistes israéliens, il avait livré le secret de sa longévité qui, avait-il rappelé, est formulé explicitement dans notre Torah: « Honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent… ». Quiconque veille à accomplir ce commandement scrupuleusement mérite de vivre longtemps. Autre conseil donné par cet érudit: « la Torah nous enjoint : « ne te venge pas et ne garde pas rancune » et « ne hais point ton frère en ton cœur » – il nous est interdit de haïr un Juif, quel qu’il soit, même s’il est notre rival – tel est le secret pour vivre heureux et pour vivre longtemps. En respectant ces lois, notre cœur reste calme et serein… par expérience », avait-il affirmé. En ce qui concerne les règles alimentaires, il avait cité un principe de Maïmonide selon lequel « la gloutonnerie constitue le début de la maladie ». Le Hakham Barashi recommandait, en vertu de ce précepte, de ne pas manger à satiété et de respecter un régime alimentaire sain. Il avait résumé ainsi ses trois conseils : « sois toujours heureux, ne sois pas jaloux et ne mange pas trop… ». De son vivant, le Hakham Barashi avait perdu son épouse et trois parmi ses huit enfants. Il laissa derrière lui une belle descendance composée de 29 petits-enfants, 72 arrières petits-enfants et 24 arrières arrières petits-enfants à qui il légua en héritage son « chem tov », sa bonne renommée. Yéhi Zikhro Barou’h !
Yokheved Levy