Rav Yossef ‘H aïm Sitruk zatsal
Avraham va donc acquérir le caveau de Makhpéla pour y enterrer son épouse Sarah. Il va payer ce caveau au prix fort : 400 sicles d’argent, une somme considérable. Le Gaon de Vilna démontre que la somme qui a été acquittée par Avraham permettait en fait d’acquérir un terrain qui, selon les normes de l’époque, pouvait contenir 600 000 personnes.
Avraham voulait montrer – et cette leçon est d’ailleurs devenue une halakha – que pour l’enterrement d’un grand homme ou d’une grande dame, c’est tout Israël qui devrait être présent. Ainsi, par l’ampleur théorique du terrain, c’est tout Israël qui assistait à l’enterrement de Sarah. Mais au-delà de cette allusion, je voudrais relever le fait qu’Avraham a tenu à payer le prix fort, alors qu’Éphron prétendait lui offrir le terrain. Avraham a ouvert la voie qu’ont suivie plus tard Yaacov pour la ville de Chekhem ou encore David pour l’emplacement du Beth Hamikdach avec Aravna, le Jébuséen. On voit donc que les trois lieux les plus saints de la terre d’Israël ont été acquis au prix fort. S’il le fallait, voilà une réponse de plus à ceux qui prétendraient que la terre d’Israël ne nous appartient pas. Même d’un point de vue purement foncier, elle a été achetée par nos ancêtres. Tout comme elle a été travaillée par nos enfants, défendue et conquise par eux. Quel que soit le mode d’acquisition, la terre d’Israël est le bien légitime du peuple juif. Mais je souhaiterais surtout relever le fait que pendant la négociation avec Éphron, Avraham est appelé : « Nessi Elokim ata », « Tu es un prince de D.ieu », titre de noblesse très élevé. Après lui viendra Its’hak, dont on dira qu’il a été jalousé par les philistins. Quant à Yaacov, il a été pourchassé et rejeté tant par Essav que par Lavan. Le midrach nous enseigne que c’est la raison pour laquelle – dans Vayikra 26, 42, les patriarches sont cités dans l’ordre inverse de la chronologie : « Je me souviendrai de mon alliance avec Jacob et de mon alliance avec Its’hak et de mon alliance avec Abraham et alors Je me souviendrai de la terre. » Pourquoi l’ordre inverse ? Pour nous apprendre que le peuple juif, dans l’histoire, sera traité par les nations comme les 3 patriarches, mais dans un ordre inversé. C’està-dire, au début on considérera les juifs comme Yaacov, celui dont personne ne mesure la valeur. Ensuite viendra une phase qui correspond à Its’hak, où le monde nous jalousera pour nos succès, nos réussites. Et enfin, le monde nous traitera comme Avraham, de rang princier. Ces trois périodes, nous sommes en train de les vivre. Après avoir été « le sale juif », Israël a été un peuple envié. Mais, il est sur le point de devenir le peuple admiré et considéré comme le fut Avraham. Cette progression, je l’appelle de mes vœux et je suis sûr qu’elle se réalisera très bientôt.