Yossi Taïeb, candidat francophone du parti Shass (12e place)
Haguesher : Yossi Taïeb, vous figuriez à la 15e place de la liste Shass lors des élections du 9 avril dernier. Vous avez été placé par Arié Derhy à la 12e place de cette liste en perspective du scrutin du 17 septembre. Pourquoi une telle promotion ?
Yossi Taïeb : Arié Derhy attache de plus en plus d’importance au dossier de l’alya et de l’intégration des Olim de France. Il l’a prouvé en plaçant, avant tout le monde, des élus Shass francophones dans les municipalités comme à Jérusalem et Ashdod. Et il le prouve plus encore, avec cette seconde opportunité électorale. Au lendemain des précédentes élections, Arié Derhy a pu constater que la communauté francophone d’Israël avait voté en masse pour le parti Shass et il a pu mesurer le poids électoral de notre communauté. Cette 12e place, qui est éligible, est l’expression marquante de cette prise de conscience.
Haguesher : Vous parlez de place éligible, mais le 12e rang ne l’est pas vraiment ?!
Yossi Taïeb : Détrompez-vous. Les sondages ont toujours désavantagé Shass. En avril ils ne nous accordaient que 4 mandats. Nous en avons eu 8. Aujourd’hui nous sommes à 7-8 mandats et je pense que nous dépasserons les 10. Qui plus est, deux des actuels députés de Shass ont déjà déposé leur démission et donc cela me place concrètement à la 10e place qui est réaliste, avec ou sans loi norvégienne. Ensuite l’important sera de voir si Binyamin Nétanyaou parviendra à former une
coalition majoritaire ! Ce qui est sûr, c’est que Shass le soutiendra sans réserve.
Haguesher : Quels sont justement les défis que Shass entend relever en faveur de la communauté francophone d’Israël ?
Yossi Taïeb : J’ai eu le privilège de consulter les accords de coalition conclus entre Shass et le Likoud, accords qui ne se sont pas concrétisés en raison de la dissolution de la Knesset. Arié Derhy avait clairement réclamé l’intégralité du ministère de l’Intégration. Par la suite ? En raison des exigences de Liberman, Nétanyaou nous a demandé de restreindre nos revendications et nous avons opté pour la direction d’un département francophone au ministère de l’Intégration avec un très important budget à la clé. Ce département verra le jour et il travaillera avec les associations d’Olim francophones pour solutionner par exemple les équivalences de diplômes. Mais en attendant, nous avons déjà progressé dans les différents secteurs de l’alya en ouvrant un département francophone au ministère des Cultes. Ce département dispose d’un budget qui permettra de verser un salaire décent aux rabbins francophones responsables de communautés. Et nous espérons qu’au lendemain des élections, ce département sera coordonné avec l’action du département francophone de l’Intégration. Et nous entendons faire passer des lois et des réformes qui s’adresseront plus spécifiquement au public des olim francophones, comme la reconnaissance des diplômes, en particulier des infirmières. Nous avons également parlé avec Arié Derhy de la possibilité de modifier la répartition des allocations-logement octroyées aux Olim de France. Il faut corriger une incohérence : d’un côté l’Etat d’Israël aspire à l’alya des Juifs de France mais de l’autre il ne fait pas ce qu’il faut pour intégrer ces Olim de France. Nous voulons y remédier.
Haguesher : Yossi Taieb, et si vous n’étiez finalement pas élu à la Knesset, est-ce que cela remettrait en cause ces projets ?
Yossi Taïeb : Certainement pas ! C’est Arié Derhy qui est à l’origine de cette mobilisation de Shass en faveur des Olim et elle va bien au-delà de ma propre personne. Les accords de coalition qui avaient été conclus après le 9 avril mentionnaient l’Alya de France alors que je n’avais pas été élu. Shass comprend l’importance de l’enjeu. Et il entend venir en aide aux Olim en renforçant les associations d’intégration qui existent dans la communauté.