Le 20 juillet 1910, Rabbi Chlomo Zalman Auerbach devint le premier
enfant à être né dans le tout jeune quartier de Jérusalem Chaarei Hessed
fondé par Rabbi Chlomo Zalman Poroush, son grand-père maternel dont il portait le prénom. Rabbi Chlomo Zalman Auerbach grandit dans une famille extrêmement pieuse, et fut nourri dès l’enfance par des valeurs en Torah particulièrement puissantes. Son père, Rabbi Haïm Yehouda
Leib Auerbach, Roch Yéchiva de Chaarei Chamayim se battait depuis toujours afin de subvenir aux besoins des étudiants de sa yéchiva et même des tout jeunes avrékhim récemment mariés qui se trouvaient dans la difficulté. Après des années de dur labeur et face à une situation financière désespérée, Rav Haïm envisagea la possibilité de fermer sa yéchiva, l’oeuvre de sa vie. Ce à quoi sa femme, la rabbanit Tsivia, proposa de vendre tous leurs biens afin que la yéchiva puisse continuer à exister. Voici la maison dans laquelle grandit rabbi Chlomo : malgré la misère profonde qui y régnait, la Torah était pour tous la seule source de vie et d’alimentation. Ainsi Rabbi Chlomo redoublait d’ardeur pour approfondir ses connaissances dans l’étude. Le soir, alors que Rabbi Haïm insistait pour que son fils aille au lit tôt afin de se lever frais et dispos pour une nouvelle journée d’étude, Rabbi Chlomo attendait avec impatience que la porte de
sa chambre fut enfin fermée afin d’enjamber la fenêtre et de courir en cachette vers le beth hamidrach. Jeune homme, Rabbi Chlomo étudia dans la yéchiva de Etz Haim à Yéroushalayim. Sa capacité de concentration et sa volonté d’étudier le distinguèrent rapidement au sein de la yéchiva. Rabbi Chlomo se maria puis partit étudier au kollel de Rav Tsvi Pessah Frank,
et acquit peu à peu une grande renommée en tant que possek, décisionnaire en halakha. La première oeuvre que publia Rav Auerbach, le Meorei Haech, n’est autre que le premier livre jamais édité sur le difficile sujet de l’utilisation de l’électricité pendant Chabbat. Cet ouvrage fut à la fois le reflet des connaissances encyclopédiques de Rabbi Chlomo mais surtout de sa préoccupation pour des problèmes d’ordre moderne pour lequel il fallait proposer d’urgence un avis sage et tranché. Lorsque Rav Haim-Ozer Grodzinski eut en main le livre de Rav Chlomo Zalman Auerbach, il déclara « une nouvelle lumière brillera sur Tzion ». En effet, les livres et décisions halakhiques de Rabbi Chlomo sont à ce jour une référence et une source d’inspiration pour quiconque souhaiterait répondre à une question d’ordre halakhique. En 1949, la yéchiva de Kol Torah, première yéchiva à avoir préféré dispenser ses chiourim en hébreu plutôt qu’en yiddish afin d’attirer le maximum de jeunes, perdit son roch yéshiva et fondateur Rav Yéhiel Schlesinger, et le poste fut offert à Rabbi Chlomo
Zalman Auerbach. Rabbi Chlomo d’abord hésitant finit par accepter,
mais dans sa grande humilité, ne considéra jamais son poste que comme un remplacement censé durer jusqu’à ce que les fils de Rav Schlesinger
soient assez grands pour lui succéder. Pourtant, à dater de ce jour, Rabbi Chlomo Zalman ne regretta jamais sa nouvelle implication dans le hinoukh, l’éducation des jeunes enfants d’Israël. Ses talmidims racontent que lorsqu’il se devait de faire un reproche à l’un d’entre eux, sa façon de l’exprimer était à la fois si juste et si pleine de douceur qu’elle avait un impact prodigieux sur chacun d’entre eux. Ainsi était Rabbi Chlomo Zalman Auerbach, un immense et indémodable possek mais aussi un pédagogue
hors du commun. Rav Chlomo Zalman Auerbach s’éteignit le 20 Adar 1995 à l’âge de 84 ans, et sa levaya rassembla près d’un demi-million de personnes au cimetière de Har Hamenouhot à Jérusalem. A sa demande, son épitaphe consista en une simple phrase « Il a formé de nombreux étudiants en la yéchiva de Kol Torah ». Cette phrase, résumant à la fois son dévouement pour la Torah et sa transmission, reflète également la modestie qui est celle des grands tsadikim du peuple juif.