La communauté francophone de Jérusalem a accueilli avec stupéfaction et douleur l’annonce mercredi matin 29 août du décès prématuré de Jean Claude Niddam, à l’âge de 65 ans, des suites d’une longue maladie. Pour de très nombreux francophones de la capitale, et même de tout Israël, Jean Claude Niddam était à la fois une grande figure et une splendide voix de cette communauté à laquelle il a toujours été très dévoué. Hommage.
Il n’est pas exagéré d’affirmer que Jean Claude Niddam est l’un des olim francophones qui a réussi l’une des plus brillantes carrières au sein de l’administration israélienne. Né à Fès en 1953, Jean Claude Niddam a grandi dans une famille pétrie de tradition religieuse. Il a fait son Droit à l’université Mohamed V de Rabat et a terminé ses études par une maîtrise. Et a ensuite décidé de faire son alya
en 1979 avec son épouse Camille. Ils donneront naissance à trois filles. Très vite, il se distingue par son expertise en matière de Droit arabo-musulman. Après une mission de « chli’hout » pour l’Agence Juive en France, il va être nommé en 1987 responsable du département des affaires juridiques au sein de l’administration civile et militaire en Judée et Samarie. A ce titre, il sera chargé de la formation de juristes et juges palestiniens, venus de l’intérieur, qui avaient pour lui un profond respect. A l’époque du processus d’Oslo, il est ensuite nommé au ministère israélien de la Justice chargé du droit arabo-musulman et il dirige le département des relations internationales et de l’entraide juridique, avec le titre de conseiller juridique adjoint du gouvernement, ce qui le propulse parmi les plus hauts fonctionnaires
du gouvernement ! Homme de conviction, et juriste d’une totale intégrité, il est l’un des fonctionnaires israéliens qui suivent de près et en arabe les déclarations « problématiques » du leadership palestinien en particulier de celui revenu de Tunis dans le cadre du processus d’Oslo. Plus d’une fois, il alertera ses supérieurs sur le double langage d’Arafat et de ses lieutenants envers l’Etat d’Israël. Ceux-ci ne l’écouteront pas toujours… malheureusement. Dans le cadre de son mandat, il participera à la délégation israélienne aux négociations de Wye Plantation, en 1998. Dans les années 2000, alors que le processus de paix bat de l’aile, il est officiellement nommé par le gouvernement responsable du très délicat dossier des spoliations des juifs expulsés des pays arabes, et il réussira à faire porter, haut et clair, la voix de ces Juifs qui ont tout perdu au moment de la création de l’Etat d’Israël. En 2012, il est nommé par la République française, chevalier de l’Ordre du Mérite et reçoit cette distinction des mains de l’ambassadeur Christophe Bigot. Après avoir pris sa retraite professionnelle, il préside l’association Impact qui s’est fixée pour mission d’inspecter les manuels scolaires palestiniens et d’expliquer à l’étranger que ceux-ci renferment toujours, comme avant Oslo, des contenus non seulement anti-israéliens mais aussi anti-juifs. Mais parallèlement à cette impressionnante carrière juridique, Jean Claude Niddam, va être l’un des chefs de file de la communauté francophone de Jérusalem. Toujours souriant mais aussi extrêmement discret, il va utiliser son exceptionnel réseau de relations, pour favoriser la création et le développement de plusieurs communautés francophones
comme la communauté d’Emouna Chelema du rav Yéhouda Benichaï et la communauté (tunisienne) Ohavé Tsion de Jérusalem du rav Dr Eric Bellaïche. Ce dernier a declaré : « Jean Claude était un juriste exceptionnel et un homme de conviction et de Vérité, qui était respectueux de son prochain. C’était un Homme, une voix et un sourire. Il a participé à la création de notre communauté. Et nous laisse un grand vide » Toujours d’excellent conseil, il sera sollicité par de nombreux olim qu’il aidera du mieux possible à s’intégrer professionnellement. Il sera également pendant de longues années, membre du conseil d’Administration de l’université de BarIlan et était membre fondateur de l’Institut Manitou. Mais pour beaucoup de fidèles Jean Claude (Yaacov) Niddam était aussi une voix, celle d’un amoureux de la liturgie sépharade en général, et marocaine en particulier : une voix douce et limpide qui savait pénétrer le coeur de ceux qui priaient et ce, en particulier durant les offices des Yamim Noraïm. Lui rendant
un hommage appuyé durant les obsèques, le rav Benichaï a paraphrasé un verset de la Torah : « Hakol Kol Yaacov. Sa voix était celle de Yaacov… Et je sais que dans quelques jours lors des offices des fêtes de Tichri, cette voix si pure va nous manquer ». Jean Claude Niddam était un homme de Droit mais avant tout un homme de droiture, d’une intégrité impressionnante, qui avait toujours un mot gentil pour son prochain et qui toujours souriait à l’autre et à la vie. Enfin c’était un bon ami avec lequel j’ai souvent dialogué et qui savait toujours m’enrichir, humblement, par son savoir. Même face à la maladie, il ne s’est jamais départi de son sourire et de sa bienveillance naturelle et a tout fait pour éviter qu’on ne le plaigne, avec toujours beaucoup de noblesse et de dignité.
Yehi Zikhro Baroukh.
Francis Weill zal : décès d’un grand juif franc-comtois Avec le décès du docteur Francis Weill zal, le 19 août, la communauté de Besançon et de sa région a perdu une grande figure. Professeur d’imagerie médicale, ce pionnier de l’échographie abdominale mondialement connu dans son domaine est qualifié d’érudit et de « maître » passionné des commentaires de la tradition juive par le président de la communauté locale, Alain Silberstein. « Il y a beaucoup d’émotion ici depuis l’annonce de sa disparition », dit-il. Né à Strasbourg en 1933, Francis Weill zal a été élevé au sein d’une famille alsacienne exemplaire. Son grand-père, le rav Ernest Weill zal, a été grand rabbin de Colmar. Son père Joseph, médecin comme lui, a joué un rôle actif dans la
Résistance et sauvé des enfants de la Shoah en apportant son concours aux actes de bravoure de l’OSE. Il a également présidé le Consistoire du Bas-Rhin. Le défunt, qui a longtemps représenté le CRIF en Franche-Comté, a écrit plusieurs ouvrages consacrés au monothéisme pendant ses années de retraite au cours desquelles il a étudié sans relâche. « Il avait l’art de fouiller dans les textes, d’en chercher et révéler l’essence », rapporte le rav René Gutman, ancien grand rabbin de Strasbourg. Barou’h Dayan HaEmet. Axel Gantz