 
    Plusieurs  facteurs  ont  fait  monter  la  tension,  ces  derniers  jours,  entre  Téhéran  et  Jérusalem  sur  le  dossier  syrien  :  la  quasi-certitude  des  décideurs  israéliens  sur  le  fait  que  les  Gardes  de  la  Révolution  islamique  (GRI)se  préparent  à  des  représailles  –en  Israël  ou  à  l’étranger  –après  l’attaque  aérienne  de  Tsahal  du  9  avril  sur  la  base  T-4  irano-syrienne  ;  puis  un  communiqué  exceptionnel  de  Tsahal  du  17  avril  divulguant,  carte  à  l’appui,  le  nom  et  l’emplacement  des  5  bases  iraniennes  de  drones  situées  sur  le  territoire  syrien  avec  les  noms  de  leurs  commandants,  et  surtout  la  «  guerre  des  mots  »  entre  les  deux  pays  proclamant  qu’ils  défendront  fermement  leur  position  respective…Raids  justifiés  de  Tsahal  et  menaces  iraniennes  de  riposte  Il  faut  dire  que  depuis  des  mois,  la  confrontation  Iran-Israël  est  devenue  directe.  Ainsi,  lorsqu’un  drone  iranien  a  franchi  le  10  février  dernier  la  frontière  syro-israélienne,  l’aviation  de  Tsahal  l’a  cloué  au  sol  tout  en  lançant  aussitôt  un  1er  raid  aérien  contre  son  site  de  lancement  :  la  base  T-4,  près  de  Homs  au  centre  de  la  Syrie  sous  contrôle  des  GRI.  Or,  d’après  l’examen  très  minutieux  des  débris  de  ce  drone,  il  contenait  des  explosifs,  ce  qui  a  fait  a  posteriori  de  son  envoi  comme  une  «  agression  caractérisée  »  de  l’Iran  –  la  1ère  du  genre  –  contre  le  territoire  hébreu.  L’aviation  israélienne  a  donc  mené  le  9  avril  sa  2ème  attaque  contre  T-4.Suite  à  quoi,  alors  que  l’Iran  promet  à  présent  de  se  «  venger  »,  Israël  répète  qu’il  continuera  de  s’opposer  à  la  présence  iranienne  en  Syrie.  Fait  illustrant  cette  escalade  :  d’après  la  Chaîne10  de  télé  israélienne  citant  une  source  militaire  haut-placée  du  pays,  les  forces  iraniennes  en  Syrie,  dirigées  par  la  Brigade  Al-Qods  (unité  d’élite  des  GRI)  et  placées  sous  le  commandement  du  général  Qasem  Soleimani,  ont  accéléré  ces  derniers  mois  leur  déploiement  au  prétexte  de  «  protéger  »  le  régime  Assad  contre  la  rébellion  sunnite  et  les  groupes  terroristes  radicaux.  En  fait,  Téhéran  invoque  la  «  défense  d’Assad  »  pour  mieux  atteindre  son  objectif  stratégique  consistant  à  prendre  pied  profondément  en  Syrie  et  sur  la  frontière-nord  d’Israël  –  ce  qui  est  irrecevable  pour  Jérusalem.
D’intenses  préparatifs  militaires  iraniensAlors  que  des  cargos  militaires  iraniens  ne  cessent  d’acheminer  des  équipements  militaires  lourds  en  Syrie  et  que  plusieurs  unités  des  forces  aériennes  iraniennes  s’équipent  en  prévision  d’une  prochaine  confrontation  jugée  de  plus  en  plus  inévitable,  il  serait  toutefois  très  risqué  pour  Téhéran  de  mener  une  attaque  depuis  la  Syrie  contre  le  territoire  de  l’Etat  hébreu.  En  effet,  au  plan  du  droit  international,  une  telle  initiative  en  forme  d’agression  iranienne  caractérisée  contre  Israël  créerait  un  déséquilibreillogique  au  désavantage  de  Téhéran  :  alors  que  ses  frontières  nationales  et  son  intégrité  territoriale  ne  sont  pas  menacées,  l’Etat  perse  attaquerait  ainsi  l’Etat  juif  aux  seules  fins  de  préserver  et  de  continuer  d’accélérer  son  propre  déploiement  impérialiste  en  Syrie  !  Voilà  pourquoi  certains  experts  israéliens  moins  alarmistes  ont  avancé  que  l’escalade  verbale  actuelle  des  Iraniens  et  leurs  menaces  de  représailles  –  d’ailleurs  tempérées  par  la  déclaration  le  22  avril  sur  CBS  de  Javad  Zarif,  le  chef  de  la  diplomatie  de  Téhéran,  affirmant  que  son  pays  ne  désirait  pas  de  «  guerre  régionale  »–  constituaient  en  fait  un  sous-aspect  «  tactique  »  de  cette  stratégie  contre  l’Etat  juif  consistant  à  faire  diversion  pour  gagner  du  temps…  et  continuer  d’accélérer  ce  déploiement  militaire.
  Les  Iraniens  haussent  le  ton  face  à  l’ultimatum  de  Trump  sur  l’accord  de  Vienne…«  C’est  tout  ou  rien  !  »,  a  écrit  sur  Twitter  le  22  avril  Javad  Zarif,  le  ministre  iranien  des  Affaires  étrangères,  en  évoquant  le  deadline  du  12  mai  prochain  fixé  par  le  président  Trump  aux  Européens  pour  imposer  des  sanctions  contre  Téhéran  ou  bien  risquer  de  voir  les  USA  dénoncer  l’accord  de  Vienne  sur  le  nucléaire.  Et  Zarif  d’ajouter  :  «  Les  leaders  européens  ne  doivent  pas  seulement  encourager  Trump  à  préserver  l’accord  nucléaire,  mais  –  plus  important  encore  –  à  assumer  de  bonne  foi  et  à  concrétiser  les  engagements  des  USA  ».  Quelques  jours  plus  tôt,  le  président  iranien,  Hassan  Rouhani,  avait  critiqué  les  Etats-Unis  et  menacé  de  reprendre  sur  le  champ  les  activités  nucléaires  du  pays  si  Washington  dénonçait  l’accord  de  Vienne  de  juillet  2015.  Le  tout,  en  «  révélant  »  ce  que  tout  le  monde  savait  déjà  :  à  savoir  que  l’Iran  possédait  toujours  «  des  milliers  de  centrifugeuses  atomiques  très  sophistiquées  et  entièrement  prêtes  à  redémarrer  ».
Quant  au  porte-parole  de  l’Agence  atomique  iranienne,  Behrouz  Kamalvandi,  il  a  précisé  que  si  l’accord  entre  Téhéran  et  les  six  grandes  puissances  mondiales  s’effondrait,  «  l’Iran  pourrait  relancer  son  programme  d’enrichissement  et  d’uranium  à  20  %  en  deux  jours  »
Richard Darmon
