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12 Heshvan 5785‎ | 13 novembre 2024

Vers une confrontation directe entre l’Iran et Israël ?

L’accélération du déploiement de forces iraniennes dans la Syrie d’Assad sous bouclier aérien russe et la ferme détermination d’Israël de l’empêcher peuvent-elles provoquer un télescopage militaire ?

Iranian Foreign Minister Mohammad Javad Zarif attends a meeting with his Russian counterpart Sergei Lavrov in Moscow, Russia January 10, 2018. REUTERS/Alexander Zemlianichenko/Pool? - UP1EE1A1NCZOZ

Plusieurs facteurs ont fait monter la tension, ces derniers jours, entre Téhéran et Jérusalem sur le dossier syrien : la quasi-certitude des décideurs israéliens sur le fait que les Gardes de la Révolution islamique (GRI)se préparent à des représailles –en Israël ou à l’étranger –après l’attaque aérienne de Tsahal du 9 avril sur la base T-4 irano-syrienne ; puis un communiqué exceptionnel de Tsahal du 17 avril divulguant, carte à l’appui, le nom et l’emplacement des 5 bases iraniennes de drones situées sur le territoire syrien avec les noms de leurs commandants, et surtout la « guerre des mots » entre les deux pays proclamant qu’ils défendront fermement leur position respective…Raids justifiés de Tsahal et menaces iraniennes de riposte Il faut dire que depuis des mois, la confrontation Iran-Israël est devenue directe. Ainsi, lorsqu’un drone iranien a franchi le 10 février dernier la frontière syro-israélienne, l’aviation de Tsahal l’a cloué au sol tout en lançant aussitôt un 1er raid aérien contre son site de lancement : la base T-4, près de Homs au centre de la Syrie sous contrôle des GRI. Or, d’après l’examen très minutieux des débris de ce drone, il contenait des explosifs, ce qui a fait a posteriori de son envoi comme une « agression caractérisée » de l’Iran – la 1ère du genre – contre le territoire hébreu. L’aviation israélienne a donc mené le 9 avril sa 2ème attaque contre T-4.Suite à quoi, alors que l’Iran promet à présent de se « venger », Israël répète qu’il continuera de s’opposer à la présence iranienne en Syrie. Fait illustrant cette escalade : d’après la Chaîne10 de télé israélienne citant une source militaire haut-placée du pays, les forces iraniennes en Syrie, dirigées par la Brigade Al-Qods (unité d’élite des GRI) et placées sous le commandement du général Qasem Soleimani, ont accéléré ces derniers mois leur déploiement au prétexte de « protéger » le régime Assad contre la rébellion sunnite et les groupes terroristes radicaux. En fait, Téhéran invoque la « défense d’Assad » pour mieux atteindre son objectif stratégique consistant à prendre pied profondément en Syrie et sur la frontière-nord d’Israël – ce qui est irrecevable pour Jérusalem.
D’intenses préparatifs militaires iraniensAlors que des cargos militaires iraniens ne cessent d’acheminer des équipements militaires lourds en Syrie et que plusieurs unités des forces aériennes iraniennes s’équipent en prévision d’une prochaine confrontation jugée de plus en plus inévitable, il serait toutefois très risqué pour Téhéran de mener une attaque depuis la Syrie contre le territoire de l’Etat hébreu. En effet, au plan du droit international, une telle initiative en forme d’agression iranienne caractérisée contre Israël créerait un déséquilibreillogique au désavantage de Téhéran : alors que ses frontières nationales et son intégrité territoriale ne sont pas menacées, l’Etat perse attaquerait ainsi l’Etat juif aux seules fins de préserver et de continuer d’accélérer son propre déploiement impérialiste en Syrie ! Voilà pourquoi certains experts israéliens moins alarmistes ont avancé que l’escalade verbale actuelle des Iraniens et leurs menaces de représailles – d’ailleurs tempérées par la déclaration le 22 avril sur CBS de Javad Zarif, le chef de la diplomatie de Téhéran, affirmant que son pays ne désirait pas de « guerre régionale »– constituaient en fait un sous-aspect « tactique » de cette stratégie contre l’Etat juif consistant à faire diversion pour gagner du temps… et continuer d’accélérer ce déploiement militaire.
Les Iraniens haussent le ton face à l’ultimatum de Trump sur l’accord de Vienne…« C’est tout ou rien ! », a écrit sur Twitter le 22 avril Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, en évoquant le deadline du 12 mai prochain fixé par le président Trump aux Européens pour imposer des sanctions contre Téhéran ou bien risquer de voir les USA dénoncer l’accord de Vienne sur le nucléaire. Et Zarif d’ajouter : « Les leaders européens ne doivent pas seulement encourager Trump à préserver l’accord nucléaire, mais – plus important encore – à assumer de bonne foi et à concrétiser les engagements des USA ». Quelques jours plus tôt, le président iranien, Hassan Rouhani, avait critiqué les Etats-Unis et menacé de reprendre sur le champ les activités nucléaires du pays si Washington dénonçait l’accord de Vienne de juillet 2015. Le tout, en « révélant » ce que tout le monde savait déjà : à savoir que l’Iran possédait toujours « des milliers de centrifugeuses atomiques très sophistiquées et entièrement prêtes à redémarrer ».
Quant au porte-parole de l’Agence atomique iranienne, Behrouz Kamalvandi, il a précisé que si l’accord entre Téhéran et les six grandes puissances mondiales s’effondrait, « l’Iran pourrait relancer son programme d’enrichissement et d’uranium à 20 % en deux jours »

Richard Darmon

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