 
 De  manière  assez  surprenante,  lors  de  la  présentation  de  ce  rapport  devant  la  commission  des  Affaires  étrangères  et  de  la  Défense  de  la  Knesset,  le  colonel  Ouri  Mandès,  vice-président  du  COGAT,  devait  lancer  une  nouvelle  «  bombe  démographique  »  en  annonçant  le  26  mars  dernierque  la  population  palestinienne  avait  «  triplé  en  25  ans  »…  En  fait,  en  l’absence  de  statistiques  officielles  israéliennes  sur  les  Palestiniens,  il  ne  faisait  là  que  reprendre  à  son  compte  les  chiffres  erronés  des  pseudos-recensements  effectués  par  l’Autorité  palestinienne  (AP)  dans  les  territoires  de  Judée-Samarie,  Jérusalem-Est  et  Gaza  censés  prouver  qu’il  y  aurait  «  plus  d’Arabes  que  de  Juifs  »  entre  le  Jourdain  et  la  Méditerranée  !  En  effet,  les  dernières  statistiques  officielles  de  l’AP  datant  de  2016  avançaient  qu’il  y  aurait  6,58  millions  d’Arabes  pour  seulement  6,38  millions  de  Juifs  en  Israël,  en  Judée-Samarie  et  à  Gaza.  Ainsi,  d’après  les  données  –  approximatives  car  peu  précises  au  plan  technique  et  surtout  très  «  forcées  »  idéologiquement  –  du  Bureau  palestinien  des  statistiques  (BPS),  on  compterait  environ  4,88  millions  d’Arabes  en  Judée-Samarie  (3  millions)  et  dans  la  Bande  de  Gaza  (1,88  million).  Les  grossières  falsifications  de  l’APTentant  de  cumuler  ses  propres  données  truquées  avec  celles  de  l’Office  central  israélien  des  Statistiques  (OCIS)  d’Israël  –  quant  à  elles  plus  sérieusement  établies  recensant  8,7  millions  d’âmes  en  Israël  (dont  6,48  millions  de  Juifs  et  diverses  minorités,  ainsi  que  1,83  million  d’Arabes  d’après  les  derniers  chiffres  de  mai  2017)  -,  l’AP  ose  affirmer  qu’il  y  aurait  entre  le  Jourdain  et  la  Méditerranée  6,58  millions  d’Arabes  contre  6,38  millions  de  Juifs  !  Or  dès  la  publication  de  ces  chiffres  grossièrement  gonflés,  les  statisticiens  israéliens  de  toutes  tendances  en  ont  critiqué  «  le  volume  inflationniste  facticement  augmenté  pour  des  raisons  politiques  ».  C’est  qu’en  manipulant  certaines  données,  les  démographes  de  l’AP  ont  simplement  «  ajouté  »  près  d’un  million  et  demi  d’âmes  au  compte  réel  de  leur  population  à  Gaza  et  en  Judée-Samarie.
Ainsi,  pour  Yoram  Ettinger,  ex-attaché  à  l’ambassade  d’Israël  aux  Etats-Unis,  un  spécialiste  de  cette  question  qui  a  monté  en  2004  une  équipe  de  statisticiens  israéliens  et  américains  alternative  à  celles  de  l’OCIS  (le  «  Groupe  de  Recherches  démographiques  israélo-américain  »)  -,  «  les  statistiques  publiées  par  l’AP  depuis  son  1er  recensement  de  1997  ont  systématiquement  grossi  les  chiffres  des  populations  locales  en  Judée-Samarie,  en  gommant  le  fait  que  650  000  Palestiniens  ont  quitté  depuis  17  ans  le  pays  et  la  région  pour  aller  s’installer  en  Europe  ou  en  Amérique,  ainsi  qu’en  incluant  dans  la  natalité  palestinienne  plus  de…  130000  bébés  pourtant  nés  dans  cette  diaspora  arabe  »  «  De  plus,  ajoute-t-il,  des  centaines  de  milliers  de  familles  palestiniennes  ont  été  recensées  deux  fois  :  d’abord  dans  leurs  domiciles  d’origine  en  ‘Cisjordanie’,  puis  une  seconde  fois  après  s’être  installées  soit  à  Jérusalem-Est,  ce  qui  permet  de  doubler  le  nombre  total  d’Arabes  à  Jérusalem,  soit  en  rejoignant  leurs  proches  en  Israël  même,  ce  qui  les  fait  alors  appartenir  statistiquement  à  la  population  globale  des  Arabes  israéliens  recensés  –  à  tort  –  par  l’OCIS  ».  Pas  de  place  au  pessimisme  !  L’AP  se  fonde  donc  non  sur  des  chiffres  sérieux,  mais  sur  sa  propre  imagination  idéologique  déformant  grossièrement  les  réalités  démographiques.  Lesquelles  montrent  bien  qu’aujourd’hui  la  population  juive  d’Israël  est  en  train  de  devenir  plus  féconde  que  son  secteur  arabe  en  raison  de  plusieurs  facteurs  socio-économiques  et  culturels.  A  preuve  :  le  taux  de  natalité  arabo-palestinien  ne  fait  que  baisser  (soit  3,11  enfants  par  femme),  alors  que  celui  des  femmes  juives  (actuellement  à  3,16)  suit  une  courbe  ascendante.  Ainsi,  alors  qu’il  n’y  avait  que  80  000  naissances  juives  en  1995,  ce  chiffre  est  passé  à…140000  en  2017  –  les  naissances  arabes  s’étant  stabilisées  à  41  000  par  an.  Et  donc,  au  lieu  d’être  plus  ou  moins  «  à  parité  »  avec  la  population  arabe  d’Eretz  Israël,  les  Juifs  y  représentent  aujourd’hui  65,5  %  des  habitants.  Et  Ettinger  de  conclure  :  «  Il  n’y  a  donc  pas  place  au  pessimisme  ou  au  fatalisme  quant  à  l’avenir  d’Israël,  ni  encore  moins  de  mener  une  politique  toujours  timorée  dictée  par  la  peur  !  La  majorité  juive  de  plus  de  65  %  connaît  un  bond  de  la  natalité,  surtout  parmi  les  laïcs,  et  plusieurs  centaines  de  milliers  de  juifs  pourraient  potentiellement  venir  de  France,  d’Allemagne,  de  Russie,  d’Ukraine,  de  Moldavie,  d’Argentine,  d’Angleterre  et  des  USA  grâce  à  une  politique  plus  active  d’alya  ».Une  mise  au  point  importante  car  tous  ces  chiffres  alimentent  bien  des  polémiques  politico-diplomatiques:  d’abord  en  Israël,  où  la  gauche  brandit  l’argument  (erroné)  de  la  forte  natalité  arabe  pour  justifier  la  «  nécessaire  séparation  »  entre  Juifs  et  Arabes  qui  éviterait  la  formation  d’un
Etat  binational  peu  à  peu  dominé  par  les  Arabo-palestiniens  ;  mais  aussi  sur  la  scène  internationale  où  l’AP  brandit  face  aux  nations  ce  pseudo  «  déséquilibre  démographique  grandissant  »  qui,  avec  le  temps,  travaillerait  à  son  avantage…
Richard  Darmon
