Orly Haïm, sœur d’Eva Sandler, la veuve de Jonathan zal et la mère des deux enfants assassinés par Mohamed Merah, Gabriel zal et Arié zal, a raconté à sa famille de quelle manière elle avait témoigné à la barre. Devant ses cousines, elle a confié qu’elle n’avait pas souhaité, dans un premier temps, s’exprimer à l’audience. Car elle redoutait « de croiser certains regards et de ne pas trouver les mots justes pour décrire le néant » des siens après la tragédie. « Et puis, a-t-elle dit, j’ai tout de même voulu parler des victimes ».
« Arié est doux et calme, se félicitait Eva, il aurait pu engendrer une belle et grande descendance », a rapporté Orly aux magistrats. Elle a aussi expliqué que sa sœur et son beau-frère avaient « emmené Gabriel à Jérusalem pour sa circoncision. Il était vif et fin comme son grand-père Samuel », a-t-elle ajouté, citant Jonathan zal. Ce dernier a été dépeint avec une immense émotion par Orly : « Un créateur de bien, un intellectuel hors pair adoré par ses élèves, toujours noble dans ses comportements, jusqu’à son souffle ultime – et arraché à la vie avec ses fils en moins de quarante secondes ».
« J’étais enceinte de cinq mois lorsque l’attentat est survenu et je ne me suis pas déplacée alors, a encore déclaré le témoin, mais je me souviens de la maison d’Eva qui auparavant respirait la joie de vivre… Je l’ai accueillie chez moi par la suite, mais j’étais incapable de la consoler. Elle passait ses journées sur un lit en regardant les photos de ses enfants morts. (…) Liora, sœur de Gabriel et Arié, ne joue plus aussi banalement que les autres filles de son âge, car tout lui a été arraché. (…) Dans ce prétoire, a conclu Orly, j’entends les mots “violence” et “antisémitisme” mais moi, je suis venu vous parler de tendresse. Monsieur le président, le peuple juif a constamment opposé l’amour à la haine. Ne laissez pas la barbarie triompher ».