Les magistrats du siège ont suivi les réquisitions du procureur. Le 15 septembre, ils ont condamné les cinq prévenus, âgés aujourd’hui de dix-huit à dix-neuf ans mais tous mineurs au moment des faits, à des peines allant de huit à dix-huit mois de prison avec sursis. Les jeunes comparaissaient devant le tribunal pour enfants de Saverne, en Alsace, pour avoir lourdement dégradé et profané le cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin). C’était le 12 février 2015.

Deux cent cinquante tombes avaient été endommagées, ainsi qu’un monument en mémoire des victimes de la déportation.

Pendant les deux jours d’audience, les malfrats ont nié ou minimisé la portée de leur forfait. « C’était de l’humour », a carrément affirmé l’un d’entre eux. Quatre sur cinq ont refusé d’admettre le caractère antisémite du délit, alors que des références à Hitler et au nazisme ont été retrouvées sur les ordinateurs de certains protagonistes de cette douloureuse affaire. Le plus âgé a appartenu à la mouvance skinhead : les fameux « crânes rasés » nostalgiques du fascisme.

La profanation avait provoqué un choc national, un mois seulement après les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher. Le président François Hollande s’était déplacé à Sarre-Union pour manifester sa solidarité avec la communauté juive.

Raphaël Nisand, avocat du Consistoire régional, a évoqué à l’intention du tribunal un « travail de sape à l’encontre de la société française ».

Le verdict ouvre la voie à une accélération des procédures d’indemnisation, via les compagnies d’assurance, et à la remise en état complète du cimetière.