Face à la percée dans les sondages de Marine Le Pen qui est en tête des intentions de vote avec 26 à 28 % des voix au premier tour, et fidèle à sa ligne traditionnelle, le grand rabbin de France s’est exprimé sur la prochaine présidentielle à la une du Figaro. Dans le quotidien conservateur, Haim Korsia a insisté sur les valeurs humanistes communes au judaïsme et à ce pays « qui s’est construit historiquement comme une terre d’asile et d’accueil ». Evoquant son passé d’aumônier militaire, il s’est souvenu des soldats de la Légion étrangère – « modèle de mixité sociale » réussie qui démontre à son avis que « la coexistence n’est pas une illusion ». Sans prendre parti pour tel ou tel candidat, le rav Korsia a dénoncé la montée du populisme, critiquant « l’abaissement » de la parole publique, reléguée à une « querelle de spécialistes », et occultant le rôle fédérateur, d’espoir et de dépassement de la vie politique.
Il a rappelé le dilemme des Hébreux bloqués devant la mer Rouge et poursuivis par l’armée du Pharaon. Alors que certains plaidaient pour « le suicide », d’autres en faveur du retour en Egypte ou d’un simple attentisme, « Moïse leur dit : ‘N’ayez pas peur’ (Exode, XIV, 13), avant de leur demander d’aller de l’avant », a expliqué le rav Korsia. Un commentaire qui semble faire écho à la vision optimiste de la société française développée dans la course à l’Elysée par le « social-libéral » Emmanuel Macron…
Le grand rabbin a également répondu indirectement à la proposition phare du candidat socialiste Benoît Hamon, qui souhaite instaurer un revenu minimum universel : « Dans la Bible, a-t-il noté, le travail est une bénédiction et non une malédiction, par opposition au faux idéal consistant à posséder des biens sans rien faire (…). L’enjeu n’est pas de distribuer de l’argent pour pouvoir consommer, mais de proposer une activité productive qui confère une dignité ».
Axel Gantz