Le candidat à la présidentielle a provoqué un tollé en prétendant que la France avait commis un « crime contre l’humanité » en occupant l’Algérie. Les Juifs originaires de ce pays sont particulièrement indignés.
La polémique a enflé en France pendant le week-end des 18 et 19 février, après les propos sur la colonisation d’Emmanuel Macron, candidat « social-libéral » à la présidentielle. En visite en Algérie, il a qualifié l’occupation du pays après 1830 de « crime contre l’humanité », provoquant la colère des pieds-noirs, des Harkis et d’une grande partie de la classe politique, surtout à droite. L’ancien banquier d’affaires (chez Rothschild) et ex-ministre de l’Economie de François Hollande a fini par s’excuser en lançant lors d’un meeting à Toulon : « Je vous ai compris », paraphrasant la formule historique du général de Gaulle à l’adresse des colons. Mais s’il a regretté d’avoir « blessé » les rapatriés, il n’a rien retiré sur le fond, prônant simplement la « réconciliation » entre Paris et Alger et la tolérance réciproque entre les « mémoires ». Les attaques n’ont donc pas cessé et le Front national, en particulier, a pu réunir à la hâte sur la voie publique des pieds-noirs ou descendants de pieds-noirs indignés. Pas de réaction officielle du côté des principales instances communautaires, mais les Juifs originaires d’Algérie n’ont pas caché leur agacement.
Georges Benazera préside l’Association des israélites de l’Oranie et une seconde organisation, « l’Exode des Français juifs d’Algérie » (EFJA). Créée il y a cinq ans, à l’occasion du cinquantenaire des accords d’Evian (1962), elle a notamment érigé un monument en hommage aux Juifs tombés pour la patrie sur l’autre rive de la Méditerranée. Il est situé dans le cimetière de Pantin (Seine-Saint-Denis). « Je suis moi-même ancien combattant, a-t-il déclaré à Haguesher. J’ai lutté contre le FLN en Kabylie. Emmanuel Macron a tout mélangé à des fins électorales et a omis de mentionner les exactions des insurgés. Il devrait retourner sur les bancs de l’école car parler comme il l’a fait de ‘crime contre l’humanité’, en accusant la France, n’a aucun sens ». Georges Benazera commente aussi les quelques minutes passées en Algérie par le candidat à la présidentielle sur la tombe du célèbre comédien juif (et beau-frère de François Mitterrand) Roger Hanin zal : « Je ne critique pas cette initiative mais je suis révolté par son caractère exclusif, lance-t-il. Pourquoi Emmanuel Macron n’a-t-il pas daigné se recueillir là où sont enterrés, dans un état de délabrement inacceptable, les soldats chrétiens ou juifs morts pendant la guerre d’indépendance ? » Le rav Chlomo Zini, rabbin de la synagogue parisienne des Oranais (8e arrondissement), renchérit : « Qui a massacré qui ? Les non-musulmans et les Harkis ont été les premières victimes des troubles de cette époque, davantage que les activistes et partisans du FLN, affirme-t-il. Nous avons vécu des scènes terribles, des assassinats de masse, d’enfants, de vieillards… Et le candidat en question ose clouer la France, elle seule, au pilori ? A mon avis, quand certains ont décidé depuis longtemps de tourner définitivement le dos à D.ieu, alors la vérité ne les intéresse pas ».
Axel Gantz