À la question posée, une première réponse qui paraît évidente : le Premier ministre devrait faire l’objet de plusieurs autres interrogatoires. En effet, tout porte à croire que les enquêteurs qui, au fil des ans, ont acquis une certaine expérience en matière d’interrogatoires de Premiers ministres (voir les enquêtes ouvertes contre Ehud Barak, Ariel Sharon et, bien évidemment Ehoud Olmert), ont pris soins de ne pas détailler à Mr Netanyaou l’intégralité des soupçons qui pèsent sur lui. Motif : ces inspecteurs entendent conserver quelques atouts et autant de preuves accablantes, qu’ils abattraient devant le Premier ministre afin de tenter, au cours de prochaines rencontres, de le déstabiliser et de le surprendre. Il est probable que même si un Premier ministre peut se doter des meilleurs avocats du Barreau israéliens, en l’occurrence Me Yaacov Weinrot, il ne peut pas savoir précisément ce que les policiers lui reprochent et doit donc être prêt à réagir à toute accusation. Outre ces autres interrogatoires, les policiers pourraient ou même devraient interroger les proches du Premier ministre comme son épouse Sarah et l’un de ses fils qui seraient incriminés dans l’affaire des cadeaux. Pour que le Parquet dispose ensuite d’un dossier solide, les enquêteurs devront prouver au-dessus de tout soupçon que les cadeaux que Mr Nétanyaou pourrait avoir reçu provenaient d’hommes d’affaires qui avaient des intérêts financiers en Israël ce qui transformerait ces simples cadeaux en de véritables pots de vin. Sinon il leur sera difficile de recommander l’inculpation de Mr Netanyaou.
Il faudra également que l’on sache au plus vite ce que cache l’autre mystérieuse affaire dont tout le monde parle sans savoir de quoi il s’agit. Enfin, si les interrogatoires du Premier ministre se multiplient, et si ces affaires se prolongent dans le temps, la classe politique israélienne risque de commencer à manifester des signes d’embarras voire de protestation. Car, comment le Premier ministre pourra-t-il mener de front la préparation de ses interrogatoires et la gestion des affaires de l’État ? Dans un tel cas de figure, Mr Nétanyaou qui paraît aujourd’hui si serein et qui demeure si puissant politiquement pourrait se retrouver considérablement affaibli. Il pourrait même dans un second temps voir son leadership moral contesté non seulement par l’opposition, mais par des composantes de sa coalition, et voire même par des éléments de son propre parti. Rappelons encore une fois à cet égard le précédent d’Ehoud Olmert. L’ancien Premier ministre n’avait pas démissionné en septembre 2008, par ce qu’il était suspect ou inculpé, mais uniquement parce qu’il avait été pris en tenailles par Ehud Barak alors leader du Parti travailliste et Tsipi Livni qui l’avait remplacé à la présidence de Kadima. Même si aujourd’hui une telle situation paraît bien improbable, Mr Netanyaou ferait bien de l’envisager.
Daniel Haïk