Le Dr Yehochoua Peleg a concentré ses études et ses recherches sur l’identification de l’emplacement exact du Temple. Durant ses investigations à l’occasion de l’écriture de son doctorat, il a découvert comment le roi Hérode est parvenu à acheminer de grandes quantités d’eau vers le Temple, certainement en utilisant déjà, le principe des vases communicants.
L’ancienne piscine, à proximité de la Porte de Jaffa, connue sous le nom de « Piscine d’Ezéchias » serait en réalité la « Piscine des Trois Tours », évoquée dans les écrits de l’historien Flavius Josèphe, et dans laquelle la dixième légion romaine aurait déversé des tonnes de gravats pour l’assécher, à la veille de la destruction du Temple, afin de s’emparer de la ville. Selon le Dr Peleg, cette piscine était alimentée par l’oléoduc supérieur qui acheminait l’eau depuis la piscine de Salomon, dans le Goush Etzion.
La date de la construction de cet oléoduc est sujette à polémique chez les chercheurs. Mais pour Peleg, il aurait été construit à la période d’Hérode. La piscine d’Ezéchias n’était pas la destination finale de ces grandes quantités d’eau, qui continuaient en réalité à s’écouler à travers un tuyau sous pression qui devait fonctionner selon le principe des vases communicants, directement vers les deux immenses bassins à proximité du Temple, sur le Mont du Temple. Dans les écrits du « Passager de Bordeaux », un touriste chrétien arrivé à Jérusalem en l’an 333, Peleg relève la trace de la présence de deux grands bassins des deux côtés du Temple, qui auraient survécu des centaines d’années après la destruction du Temple : « Il existe à Jérusalem deux grands bassins à côté du Temple, l’un du côté droit et l’autre du côté gauche, construits par Salomon. » Selon Peleg, Salomon n’aurait pas construit ces bassins, mais bien Hérode, mais les Chrétiens détestaient Hérode et auraient préféré en attribuer la construction à Salomon.
Alors que l’oléoduc parvenait à Jérusalem en contournant la ville antique d’Etam, qui correspond à la ville actuelle d’Efrat, la piscine d’Ezéchias a été renommée Ein Etam. Dans les bassins qui se trouvaient à proximité du Temple, les Grands Prêtres se purifiaient, et permettaient de pourvoir aux énormes besoins en eau du Temple et de la ville sainte.
La piscine d’Ezéchias se trouve à 762,7 mètres au-dessus du niveau de la mer, un peu plus haute que le Mont du Temple, et elle peut contenir jusqu’à 21 000 m³ d’eau, quantité qui suffisait à peine à répondre aux besoins de la ville, notamment, à la période de Pessa’h, des milliers de bêtes étaient sacrifiées dans le Temple et des quantités d’eaux importantes étaient déversées pour nettoyer l’autel. Le Cohen Gadol utilisait plusieurs Mikvés le jour de Kippour, ainsi l’usage du précieux liquide transparent était extrêmement important dans la ville sainte et son acheminement était une priorité quotidienne.
Mais afin que l’eau parvienne au Mont du Temple depuis la partie haute de la Porte de Jaffa, elle devait passer par la vallée qui sépare les deux lieux, le Tyrophyon, la rue Hagaï d’aujourd’hui, avant de retourner vers le Mont du Temple. La distance entre la piscine d’Ezéchias et le Temple est de 650 mètres de dénivelé. A chacun des bassins sur les deux côtés du Temple, était relié un tuyau en argile, qui passait dans un tunnel. Le tunnel passait en ligne droite de la piscine d’Ezéchias vers le Temple, passage qui à l’origine était un pont qui servait de passage entre la ville haute et le Mont du Temple. Un second tunnel reliait la piscine d’Ezéchias au nord, vers le quartier musulman et à proximité du Saint Sépulcre.
Selon Peleg, des fouilles archéologiques récentes sous l’église Immanuel (ou Christ Church) près de la Porte de Jaffa, ont révélé un tunnel d’une longueur de 450 mètres. Pour le chercheur, il s’agit des restes du même tuyau qui, du temps d’Hérode, a acheminé l’eau de la piscine d’Ezéchias au Mont du Temple et qui a résisté bien après la destruction du Temple. Ce passage est évoqué dans plusieurs écrits durant les siècles passés comme un passage secret, qui aujourd’hui est totalement identifié et sert de couloir d’entrée au site du tunnel du Mur Occidental. Peleg cite également le récit d’un pèlerin chrétien en l’an 210, Saint Antoine de Piacenza, qui témoigne d’une conduite d’eau importante à proximité du Saint Sépulcre. Puis celui de Rabbi Chmouel Ben Rabbi Chimchon en 1210, venu à Jérusalem à l’endroit où s’érigeait le Temple. Il évoque le passage de Ein Etam, le mikvé des Cohanim du Temple, non loin du Mur Occidental. « Et de la base du Kotel, une grande salle à la base du Temple, où les Cohanim dans leur grande sacralité, venaient à Ein Etam. Et ce lieu était leur mikvé. »
Arnon Segal( Makor Rishon)