A l’approche des élections nationales, Arié Derhy, conscient de la place
importante des francophones en Israël, vient à leur rencontre pour leur
offrir une aide concrète en invitant un francophone dynamique, Yossef
Taïeb, à rejoindre la liste de Chass. Haguesher : Pourriez-vous dresser un récapitulatif
de votre parcours ?
Mr Yossef Taïeb : Agé de 38 ans et père de 6 enfants, j’habite Kiryat Yéarim, à la périphérie de Jérusalem. Enfant, j’ai fréquenté Ozar Hatorah puis, adolescent, la Yéchiva ‘Hazon Baroukh du Raincy pour rejoindre ensuite la Yéchivat Mir. En tant qu’Avrekh, j’ai étudié au Collel Darké Horaa du rav Mordékhaï Elyahou Zatsal. Après avoir obtenu mon ordination au Rabbinat,
j’ai été en Chli’hout à Toulouse pendant trois ans. De retour en Israël, je dirige (depuis 2008) le projet francophone d’intégration scolaire (via les programmes Ya’had et Chlavim BéAlya) mis en place dans de nombreuses villes d’Israël. Ainsi, nous accompagnons les Olim en désignant un coordinateur francophone au sein de différentes écoles, en instituant des cours d’Oulpan et de soutien scolaire, des clubs pour adolescents mais aussi des ateliers pour les parents. Nous organisons, entre autres, à Netanya, des soirées pour les femmes qui, se retrouvent souvent seules à affronter
les problèmes scolaires ou éducatifs vu que leurs maris continuent à travailler en France. Nous comprenons que vous êtes actifs auprès des
Olim de France… mais de là, comment êtes-vous arrivés, cette semaine, au parti Chass et pour quelle raison, avez-vous été choisi ? En réalité, je suis déjà membre du parti Chass à la mairie de Kiryat Yéarim où j’ai été désigné, lors des dernières élections municipales, adjoint au maire. Signalons que Chass s’est déjà tourné vers les francophones depuis près de deux ans en ayant nommé des conseillers municipaux francophones à Ashdod (rav
David Touitou) et à Jérusalem (rav Shemouel Marciano). Il me semble que j’ai été choisi car, je suis un francophone qui travaille avec les Olim de tous bords et, simultanément, je suis totalement intégré à la société israélienne. En ce sens, je représente sans doute un exemple du Olé intégré. Concrètement, pourquoi selon vous, les francophones d’Israël adhéreraient au parti Chass ? Les Olim de France, sont, dans leur très large majorité, attachés aux valeurs de la Torah. Qu’ils soient religieux ou traditionalistes, les principes du judaïsme authentique que Chass défend, leur sont chers. Aussi, Chass est à même de représenter toutes les couleurs de l’arcen- ciel des Olim de France. Ayant déjà su, dans le passé, relever les défis présentés par les vagues de la Alya des Juifs arrivés du Maroc, de la Tunisie ou d’Algérie, Chass dispose d’un savoir-faire et d’une expérience riche pour résoudre les problématiques que présentent la Alya de France et améliorer la qualité de vie des francophones installés en Israël. Les problèmes récurrents des francophones se situent au niveau de l’orientation scolaire, la vie communautaire (qu’on ne retrouve pas souvent en Israël) et du monde du travail, comment Chass compte-il y remédier ? Je citerai quelques exemples de projets en cours de réalisation. Pour les écoles, les familles francophones souhaitent retrouver des structures semblables à celles de France offrant à la fois un bon niveau de Kodech et de ‘Hol. Ce concept a déjà pris forme à Nétanya avec le collège-lycée Ziv Or et Chass est déterminé à développer d’autres écoles de ce type. Précisons qu’on ne vise pas à créer des « écoles de français » (car une telle option n’assurerait
pas une bonne intégration) mais des établissements fréquentés à 60 % par des familles israéliennes. Par ailleurs, en France, la vie communautaire
occupe une place fondamentale et le rav est une référence halakhique mais joue aussi le rôle de conseiller, psychologue… Pour tenter de reproduire ce modèle qui, en son absence, les Olim de France se retrouvent « perdus » en Israël, Chass a créé l’Union des rabbins francophones. Cette nouvelle
structure a pour vocation de mieux encadrer les Olim et ce, avant
même qu’ils ne s’installent en Israël. De plus, le ministère des Cultes devrait, sous peu, engager des Rabbanim, en contrepartie d’un salaire, pour
encadrer les communautés. Enfin toujours, dans le souci de mieux diriger les communautés francophones, la question de l’équivalence d’octroi de
poste de Rabbin à ceux qui ont dirigé des communautés en France, sans avoir passé les examens du Rabbinat d’Israël, est étudiée. Quant à l’intégration professionnelle, Chass y songe en projetant, dans un premier
temps, de développer des programmes d’Oulpan en France accessibles à tous les candidats à la Alya. Que représente le poids de l’électorat francophone à l’échelle nationale ? Sur près de 40 000 voix francophones, Chass pourrait facilement en obtenir la moitié et en s’y mettant sérieusement… bien plus. Béhatsla’ha !