Des années d’activité déterminée loin des projecteurs pour rapprocher les Juifs éloignés de la Torah, un amour du prochain sans limites et une énergie débordante, Voici le portrait vite fait de Lev Lea’him et de son directeur le Rav Eliezer Sorotskin. Une rencontre exceptionnelle avec l’homme qui coordonne des milliers d’Avrekhim pour aller discrètement, tout au long de l’année, tenter de faire connaître leur héritage à leurs frères. Haguesher a accompagné Rav Sorotskin dans une série de rencontres avec les hommes des villes de la périphérie pour tenter de comprendre le secret de sa force et de son charismatisme. L͛homme derrière les chiffres.
En ce début de soirée, le silence qui marque la fin de la journée de travail enveloppe les rues du quartier Ben Gourion, à Ramleh. Des deux côtés de la rue Yéhouda Stein se dressent deux longues rangées de bâtiments décrépis, construits dans les années 70. Une partie des fenêtres des appartements est sombre. Les habitants, des salariés qui travaillent dur pour gagner leur vie, profitent de ces heures-là pour prendre des forces avant leur jour de travail du lendemain. Le repos des travailleurs. Le silence qui enveloppe la rue est brusquement rompu par des chants bruyants venant d͛un des appartements, situé au rez-de-chaussée d͛un vieil immeuble. On voit par la fenêtre un spectacle émouvant : des dizaines d͛hommes de tous âges sont rassemblés autour d͛une table, à la tête de laquelle est assis un homme à l͛allure imposante. Des livres de Halakha et de Haggada sont ouverts devant lui. Un cours profond sur les lois de Pessa͛h vient de se terminer. Les participants sont à présent debout et chantent avec enthousiasme « Séou Chéarim » en l͛honneur de l͛invité de marque venu leur rendre visite : Rav Eliezer Sorotskin, Directeur de l͛organisation Lev Léa͛him. Nous accompagnons Rav Sorotskin à l͛intérieur de l͛appartement. Il s͛assoit à côté de l͛orateur, Rav Méir Kétabi. Il se met à parler de Torah avec les participants qui, pour la plupart, ne semblent appartenir qu͛en partie au public religieux. Mais derrière leur apparence se cache une volonté puissante de se rapprocher. Ce qui révèle cette volonté, c͛est l͛étincelle qui brille dans leurs yeux à tous lorsqu͛ils regardent leur invité. Cette étincelle témoigne de la soif de chaque goutte de sainteté, de la soif de judaïsme. L͛étincelle dans les yeux des participants témoigne que personne n͛est là parce que quelqu͛un l͛a forcé à venir. Tous sont venus par une volonté inexplicable, par un désir incontrôlable de se rapprocher de la source de vie. Rav Sorotskin adresse aux participants au cours, des questions sur les lois de Pessa͛h et nous constatons qu͛il les connaît tous par leur nom. Certains relèvent le défi et prouvent qu͛ils connaissent très bien les lois apprises. Ce sont principalement les jeunes, des adolescents dont une partie étudie dans les établissements toraniques où les ont inscrits les volontaires de Lev Léa͛him. Des idées et des lois concernant le soir du Séder, la bédikat ͚hamets et la fabrication des matsot fusent dans la pièce. Il nous semble presque assister à un cours de Halakha dans une maison d͛étude typique de Bné Brak. C͛est seulement l͛apparence extérieure des hommes présents et l͛environnement tellement différent qui nous font percevoir l͛histoire authentique. C͛est l͛histoire de la périphérie éloignée de la Torah que des ruisseaux de judaïsme abreuvent discrètement, en silence. Ces ruisseaux effectuent une révolution à peine connue du grand public. Lorsque la discussion de Torah prend fin, nous discutons avec les participants, nous sommes impressionnés devant une telle scène et leur demandons une explication. Ils montrent du doigt l͛homme assis en tête de table. « Rav Sorotskin, disent-ils simplement. C͛est à cause de lui que nous sommes là. Nous sommes tous là grâce à lui. Son amour profond pour chaque Juif quel qu͛il soit ne laisse pas insensible, il atteint le cœur, la Néchama ». Une armée de 3 000 volontaires Nous avons rencontré Rav Eliezer Sorotskin quelques heures plus tôt à l͛état-major Lev Léa͛him de Kiryat Séfer. L͛expression « état-major » risque d͛induire le lecteur en erreur. Il s͛agit en fait d͛un appartement minuscule composé de plusieurs petites chambres, d͛où un groupe de coordinateurs dévoués dirige les activités de kirouv, de rapprochement du judaïsme étendues qu͛accomplissent des centaines de volontaires de toutes les villes de la région.
Ces coordinateurs et volontaires se vouent à une activité d͛une importance suprême: rapprocher toujours davantage de Juifs et leurs familles de la Torah et du judaïsme, inscrire un enfant de plus à une école toranique, faire entrer une fille de plus dans un collège. De ce bureau minuscule se déploie une activité gigantesque, qui rencontre tous les soirs des centaines de familles assoiffées et les abreuve d͛une rosée bienfaisante. En ce début de soirée, l’équipe termine d͛organiser les activités bihebdomadaires qui doivent bientôt commencer. Des dizaines d’Avrekhim résidant à Kiryat Séfer, de toutes origines et de toutes appartenances, se disperseront bientôt dans les rues de Lod, les quartiers de Ramleh ainsi que d͛autres villes des environs. Là, dans une région certes géographiquement proche du centre du Gouch Dan, mais éloignée dans tous les autres domaines de la Tel Aviv assouvie de restaurants et de divertissements, les volontaires trouvent un terrain propice pour répandre la Torah parmi la population. Deux fois par semaine, ils sortent de chez eux en début de soirée, montent dans les autobus et les minibus, et se dispersent dans la région. C’est Rav Chaoul Lustig, coordinateur régional de Lev Léa͛him, qui dirige ces opérations, secondé par un groupe de coordinateurs dévoués et bien sûr, de centaines d͛Avrekhim volontaires. C’est seulement le sommet de l’iceberg. Les volontaires de kirouv de Modiin Illit (Kiryat Séfer) constituent une unité d’élite de l’immense armée de quelques 3 000 volontaires qui se déverse tous les soirs sur les villes et les villages d’Israël, de Matoula au nord jusqu’à Eilat au sud. L͛arme qu͛ils tiennent en main lors du déploiement de ces troupes est simple et facile à manier : une page de Guémara. Les volontaires sont tous des Avrekhim étudiant la Torah à plein temps. Le soir, ils sortent dans le cadre de l͛organisation Lev Léa͛him pour donner des cours de Torah et étudier en ͚havrouta avec des personnes éloignées de leur façon de vivre et des mitsvot. « Selon les directives de Rav Chakh zatsal, qui avait fondé l͛organisation, les volontaires de Lev Léa͛him rapprochent les Juifs de la Torah par l͛intermédiaire de la chose la plus fondamentale : l͛étude de la Guémara en ͚havrouta, nous explique Rav Sorotskin. Lev Léa’him organise également un projet d͛inscription d͛enfants dans les écoles toraniques, dont les rachamim (ceux qui inscrivent) dévoués sont responsables. Mais le projet des Avrekhim se concentre sur l͛étude en ͚havrouta et les cours de Torah, pas sur le travail de convaincre les gens de retourner aux sources. Nous sommes certains que « la lumière qui se trouve [dans la Torah] ramènera l͛homme au bien ». Et on peut voir les résultats sur le terrain. L͛étude hebdomadaire de Guémara avec un Avrekhopère des prodiges. Elle met sur les rails de la téchouva des milliers de familles qui ont découvert la lumière de la Torah. Ce projet, qui a débuté avec la fondation de l͛organisation voici 25 ans, était basé au début principalement sur un travail épuisant de prospection. LesAvrekhim se rendaient dans les villes de la périphérie et passaient d͛une porte à l͛autre en posant la question : qui est intéressé d͛étudier un peu de Guémara ? La réponse positive fut impressionnante. Elle a donné naissance, au fur et à mesure des années, à des milliers de ͚havroutot dont une bonne partie s͛est développée en cours de Torah auxquels assiste une audience nombreuse. Aujourd͛hui encore, les volontaires de Lev Léa’him frappent aux portes, mais le nombre des familles visées par les activités s͛accroît grâce à des sources supplémentaires. Rav Chaoul Lustig explique qu͛aujourd͛hui, quelqu͛un donne aux volontaires de l͛organisation des noms de personnes qui s͛intéressent et désirent se rapprocher du judaïsme. Il y a aussi le phénomène de : « un ami en amène un autre » – une famille qui s͛est rapprochée amène ses beaux-frères, ses parents, ses amis. Les autres organisations de kirouv nous transmettent des noms, des formulaires remplis par des gens au cours de rassemblements de téchouva. Ce répertoire de noms grandit sans cesse et nous devons fournir une réponse ». Ce qui nous encourage Alors qu͛une partie des coordinateurs qui passent leurs jours et leurs nuits à diriger ce projet reçoivent un salaire modeste loin de correspondre au travail investi, la plus grande partie de nos activités tient sur les Avrekhim bénévoles. « Il est difficile de décrire la réponse enthousiaste de l͛ensemble des Avrekhim, dit Rav Lustig. De temps à autre, nous publions une petite annonce dans plusieurs synagogues : ͚͚On demande des Avrekhim bénévoles pour faire du kirouv͛͛ et la répercussion est impressionnante. Des Avrekhim͚hassidim et non ͚hassidim, des séfarades et des ashkénazes, de tous groupes et origines, viennent offrir de leur temps pour rapprocher leurs frères éloignés. De nombreux Avrrkhim ici à Modiin Illit ont décidé de donner ͚͚la dîme de leur temps͛͛. Ils consacrent un dixième de leur temps aux activités de kirouv dans le cadre de Lev Léa͛him. » Qu͛est-ce qui encourage des milliers d͛Avrekhim à aller deux fois par semaine dans les villes du pays, faire du porte à porte et rapprocher les gens de la Torah ? Rav Sorotskin ne comprend pas notre question. « Ce qui nous encourage, c͛est de voir ce qu͛il se passe sur le terrain, répond-il. La révolution prend place devant nos yeux. Quiconque la voit est ͚͚enflammé͛͛ et ne peut plus cesser ce travail de kirouv. Réfléchissez : grâce à notre activité, des milliers d͛enfants par an sont inscrits dans des écoles toraniques. Parmi eux, nombreux sont ceux qui poursuivront le cursus vers la yéchiva et la fondation d͛un foyer religieux. Chacun des volontaires de longue date qui sont avec nous depuis le début de notre organisation, connaît personnellement plusieurs de ͚͚nos enfants͛͛ qui sont devenus des talmidei ͚hakhamim, des érudits. Et tout a commencé par des activités de kirouv de porte à porte. Si je vous racontais qu͛ici, dans un mochav (village) à un quart d͛heure de route de chez nous, dans une certaine famille vit un enfant qui, dans cinquante ans, sera le Rav Ovadia de la génération… Hésiteriez-vous une seconde à aller rapprocher cet enfant de la Torah ? Il ne fait aucun doute que parmi les enfants que nous rapprochons, un bon nombre d͛entre eux deviendront des enseignants de Torah et des talmidei ͚hakhamim, et encore beaucoup d͛autres fonderont des foyers où l͛étude de la Torah sera l͛essentiel. C͛est dans cette perspective que les volontaires agissent. Ils voient en chaque Juif un monde entier. » Des centaines de nouveaux objectifs Le moment est venu de partir sur le terrain. Rav Sorotskin et ses coordinateurs sortent du modeste bureau et nous montons en voiture pour sortir de la ville. A l͛entrée de Modiin Illit, nous rencontrons pour la première fois les « soldats » : des dizaines d͛Avrekhim enthousiastes sont debout près d͛une rangée de véhicules, et échangent les dernières recommandations avant de monter dans les minibus et de se disperser dans les villages de la région. Dans quelques minutes, ils donneront un cours de Guémara ou de Halakha, ou étudieront en ͚havroutaet abreuveront la soif de centaines d͛âmes juives à Lod et à Ramleh, à Kfar Matslia͛h et à Choham, à Modiin et à Makabim. Nous les observons alors qu͛ils entourent Rav Sorotskin et lui font un rapport sur les fruits des dernières activités. A priori, ils ressemblent à tous les autres Avrekhim. Mais derrière chacun d͛eux, il y a une longue histoire de kirouv de familles entières à la Torah et au judaïsme. Chacun d͛eux a des histoires qu͛il est disposé à raconter, avec une modestie mêlée d͛
chaque jour chez lui avec les connaissances, les notions et les lois qu͛il a apprises, comme un enfant ͚harédi des quartiers religieux de Jérusalem. L͛hôte et sa femme ne sont pas religieux. Rav Sorotskin s͛assoit sur le canapé près de notre hôte et quelques minutes plus tard, ils sont plongés dans une discussion sérieuse. On peut voir que le Rav est content de quitter la lourde charge de la direction de Lev Léa͛him et de redevenir pour un instant un volontaire ordinaire. Il conseille aux hôtes comment conserver la cacherout de la vaisselle dans la cuisine et la séparation entre le lait et la viande. Il écoute les questions que les collègues de l͛hôte lui ont adressées et les réponses qu͛ont données les Rabbanim de Lev Léa͛him. Au cours de la conversation, les parents exposent leurs expériences avec leur fils en classe de CE1, qui a grandi comme un Rav en miniature dans un environnement non religieux. Il affirme qu͛il veut devenir un talmid ͚hakham, une aspiration que partagent ses fiers parents. Ils décrivent notamment une soirée familiale au cours de laquelle tous les enfants jouaient ensemble, sauf leur fils assis à part avec son petit frère auquel il apprenait à réciter « Modé Ani ». En écoutant leur conversation, nous remarquons que le Rav et les volontaires ne font aucun effort pour convaincre, pour éveiller. La volonté d͛avancer est déjà là. La soif est immense. Rav Sorotskin et ses volontaires ne doivent que l͛étancher, et ils le font de tout leur cœur. « Les nouveaux Israéliens sont différents, m͛expliquera plus tard le Rav. Il n͛y a plus la séparation qu͛il y avait autrefois entre les séfarades qui étaient attirés par la tradition, et les ashkénazes qui ont grandi sans aucune connaissance du judaïsme et parfois, avec une antipathie profonde. Aujourd͛hui, il n͛y a plus de séfarades et d͛ashkénazes, il y a des Israéliens. Nous demandons parfois l͛origine de la famille, pour répondre à des questions de Halakha telles que les kitniot(légumineuses) à Pessa͛h et autres, et les gens ne savent pas nous répondre. Ce qui est incroyable, c͛est que la soif est présente. Même à des endroits où on ne s͛attendrait pas à la trouver. L͛ignorance ne les sauve pas du désir et de la volonté de connaître le judaïsme en profondeur. Ils ressentent un manque que seuls nos volontaires savent combler. Nous n͛avons pas besoin de les convaincre : ils tendent les mains et demandent qu͛on leur apprenne davantage ». La voiture s͛arrête à l͛adresse suivante. C͛est un centre d͛étude pour jeunes à la synagogue Rachbam du quartier de Nevé David, à Ramleh. Nous sommes accueillis par plusieurs dizaines de jeunes gens habitant le quartier, la plupart venant de familles non religieuses. Ils viennent de terminer deux heures d͛étude intensive avec plusieurs volontaires, certains en ͚havrouta et d͛autres en petits groupes. Ils accueillent Rav Sorotskin avec enthousiasme et sont heureux de montrer leurs connaissances dans les lois de Pessa͛h.Notre attention est attirée par un adolescent silencieux assis au bout de la table, qui mange lentement une tranche de pizza offerte par l͛un des Avrekhim. Rav Chmouel Spigel et Rav Yéhouda Dayan, les responsables du centre d͛étude, nous disent que c͛est un garçon qui assume chez lui le rôle de père quand il le faut. Le soir du Séder, ce sera lui qui mènera le Séder alors que sa mère et ses jeunes frères imiteront ses faits et gestes. Grâce à l͛étude avec les volontaires de Lev Léa͛him, le Séder chez ce garçon sera mené selon les règles et constituera une soirée de progrès spirituel. Rav Sorotskin entame une conversation agréable avec un adolescent et ses camarades. Ils répondent fièrement à chaque question et sont contents de partager leurs impressions du soir du Séder de l͛année dernière. Il n͛est pas difficile d͛imaginer où ils seraient à présent
sans Lev Léa͛him. Des garçons comme ceux-là, à des moments comme ceux-là, traînent généralement au coin des rues sombres et cherchent une occupation permise ou illicite, selon ce qu͛ils trouvent en premier. A la synagogue, ils discutent des lois de la bedikat ͚hamets et des quatre questions, comme s͛ils étaient nés dans un quartier religieux protégé. 138 mondes en un an La rencontre touche à sa fin et nous remarquons Rav Zeev Tessler qui entre en action. Rav Tessler est le responsable des inscriptions de Lev Léa͛him dans la région de la plaine côtière. Le voir agir, c͛est une expérience en soi. Son rôle consiste à cueillir les fruits des activités quotidiennes des centaines de volontaires. Lorsqu͛un enfant arrive à l͛âge où il faut l͛inscrire et que ses parents cherchent une école, si le volontaire sent que la porte est ouverte et que les parents cherchent à donner à l͛enfant une solution éducative meilleure que celle qu͛offre le système laïque, c͛est le moment où Rav Tessler et ses collègues interviennent. L͛année dernière, Rav Tessler a inscrit 138 enfants dans des écoles toraniques : jardin d͛enfants, école ou collège pour filles. Chacun de ces enfants est un monde. Une partie d͛entre eux entraîneront dans leur sillon toute leur famille à observer la Torah et les mitsvot. Un grand nombre deviendront des Avrekhim craignant D.ieu et fonderont des foyers de Torah. Il n͛est pas étonnant que Rav Sorotskin nous propose avec le plus grand sérieux de recevoir une bénédiction de Rav Tessler. « Les mérites qu͛il porte sont immenses. Chaque enfant est un monde. Chacun des rachamim de Lev Léa͛him a construit au fil des années des centaines de nouveaux mondes. » Rav Tessler lui-même témoigne qu͛il a refusé, au cours des années, des offres d͛emploi alléchantes, même lorsque les besoins de sa famille ont grandi, car il ne savait pas s͛il trouverait ailleurs un travail qui lui donnerait une telle satisfaction. « L͛aide divine que nous voyons à chaque occasion nous renforce, dit-il. Nous voyons clairement que le Ciel nous aide à inscrire de nouveaux enfants dans des écoles toraniques. Rien qu͛hier, par exemple, j͛ai téléphoné à une famille où le père étudie en ͚havrouta avec un Avrekh de Lev Léa͛him. L͛Avrekh avait fait un rapport disant que le père se renforce dans la Torah ces derniers temps. J͛ai pensé que c͛était peut-être le bon moment pour l͛encourager à inscrire sa dernière fille à une école toranique. Le père m͛a entendu et s͛est écrié : ͚͚Incroyable ! Ce matin justement j͛ai commencé à m͛intéresser à une nouvelle école pour ma fille, d͛un meilleur niveau. Sa maîtresse recommande une école un peu religieuse du quartier. J͛étais sur le point de prendre contact avec eux, mais si tu téléphones justement maintenant, c͛est un signe du Ciel͛͛. Bien entendu, nous avons sur-le-champ fixé rendez-vous à l͛école toranique et l͛année prochaine, cette petite fille commencera à la fréquenter. C͛est une histoire parmi tant d͛autres ». L͛emploi du temps de Rav Tessler comprend des rendez-vous intensifs avec des parents l͛après-midi et le soir, et beaucoup de conversations téléphoniques et de prises de renseignements. Alors que nous le regardions au centre d͛étude de Ramleh, il était en train de circuler parmi les jeunes gens et de prendre les noms et adresses de leurs parents. Grâce à son expérience, il sait détecter où il y a une chance d͛inscrire un enfant de plus dans une école toranique. « J͛étais voici peu de temps à Ramleh pour des activités de kirouv, et je suis allé prier à la synagogue du quartier, raconte-t-il. Mon regard s͛est posé sur un enfant debout dans un coin qui priait en pleurant dans un siddour. J͛ai compris qu͛il y avait là un problème. Je me suis approché de lui après la prière et lui ai demandé délicatement de me dire pourquoi il pleurait. L͛enfant m͛a raconté qu͛il priait de pouvoir entrer à la yéchiva. ͚͚Qui t͛en empêche ?͛͛ lui ai-je demandé. Et il me raconte que ses parents ne veulent pas en entendre parler.
Il ne m͛en a pas fallu plus. Il était évident que le Ciel m͛avait amené là pour l͛aider. Il avait peur que je le raccompagne chez lui. Je lui ai dit de rentrer seul et je suis arrivé une demi-heure plus tard. J͛ai frappé à la porte et demandé à parler à ses parents. Ils ont compris pourquoi j͛étais venu et au début, ils ne voulaient pas écouter un seul mot de ma part. En fin de compte, le père a accepté de me faire entrer. ͚͚Tu as deux minutes !͛͛ m͛a-t-il dit. Une heure plus tard, je suis sorti de chez eux le sourire aux lèvres, avec un formulaire d͛inscription à l͛école toranique Chaarei Tsion. Je ne peux pas décrire le sentiment que j͛ai éprouvé ». Les nombreuses informations transmises aux rachamim par les volontaires sur le terrain leur indiquent les objectifs d͛activités à venir. « Cela semble facile, mais il faut savoir que l͛inscription d͛un enfant vient après des heures de conversations au téléphone et de rencontres, décrit Rav Tessler. Et même alors, les chances de réussite sont fifty-fifty. Mais quand tu entres dans un appartement habité par une famille non religieuse, que tu y vois des enfants aux péot bouclées, et que tu comprends que tu as peut-être changé la vie d͛une famille entière, cela te remplit d͛adrénaline pour continuer avec encore plus d͛énergie ». Rav Tessler compose le numéro d͛un homme avec lequel il est en contact. Au cours de la conversation, Rav Sorotskin prend le téléphone et demande à cet homme des nouvelles de son jeune fils qui étudie dans une école toranique. Il lui explique qu͛on fait des efforts pour améliorer les conditions de l͛école. Le père est très ému de l͛intérêt que le Rav lui porte. Une danse de victoire Le dernier arrêt de notre parcours captivant est un repas de chéva brakhot organisé pour l͛un des « enfants de Lev Léa͛him » dans une synagogue de la ville de Lod. Nous sommes accueillis par des chants enthousiastes et le jeune marié, à l͛allure d͛un Avrekh classique, sourit chaleureusement à l͛invité de marque. Rav Sorotskin est pressé de poursuivre une série de rencontres jusque tard dans la nuit et demande la parole avant de continuer sa route. Il prend le micro et demande au ͚hatan de se lever. « Moché, raconte-nous ton lien avec Lev Léa͛him ! ». La réponse fait frissonner toutes les personnes présentes. « Vous m͛avez ramassé de la rue, pas loin d͛ici, raconte le jeune marié avec un sourire timide. Vous n͛avez pas voulu renoncer. Les Rabbanim de Lev Léa͛him m͛ont accompagné pas à pas depuis la ͚havrouta jusqu͛au centre d͛étude, de là à l͛école toranique, puis à la yéchiva où je suis devenu ce que je suis aujourd͛hui. » L͛audience lui fait une ovation et Rav Sorotskin et le ͚hatan se mettent à danser ensemble. Le coordinateur régional de Lev Léa͛him, Rav Chaoul Lustig, les regarde de loin. On se rend compte qu͛il a déjà accompagné le Directeur de l͛organisation à de nombreuses soirées de ce genre. Ces soirées donnent aux volontaires la force de continuer à visiter chaque soir une maison de plus, une famille de plus, à frapper à une porte de plus et de produire encore une révolution qui donnera naissance à des générations fidèles à la Torah. Au bon moment : « Ce matin justement j͛ai commencé à m͛intéresser à une nouvelle école pour ma fille, d͛un meilleur niveau. Sa maîtresse recommande une école un peu religieuse du quartier. J͛étais sur le point de prendre contact avec eux, mais si tu téléphones justement maintenant…» Un nouveau souffle :
Le soir du Séder, ce sera lui qui mènera le Séder alors que sa mère et ses jeunes frères imiteront ses faits et gestes. Grâce à l͛étude avec les volontaires de Lev Léa͛him, le Séder chez ce garçon sera mené selon les règles et constituera une soirée de progrès spirituel. Le rassemblement annuel À Lev Léa͛him, se tient un grand rassemblement annuel, une réunion qui représente un Kiddouch Chem Chamayim (une sanctification du Nom divin) public pour encourager les milliers d͛Avrekhim qui répondent à l͛appel de nos Grands Maîtres et consacrent de leur temps précieux pour enseigner et donner du mérite aux autres. La direction de Lev Léa͛him – Rav Baroukh Shapira, Rav Eliezer Sorotskin, Rav Avraham Zeibald et Rav Nathan ͚Héfets, était reçue chez le Roch Yéchiva Rabbi Aharon Leib Steinmann zatsal. Les membres de la direction présentaient au Roch Yéchiva le programme du rassemblement annuel pour recevoir son approbation et sa bénédiction. Le rassemblement annuel, qui est clos par la cérémonie en présence des Grands Maîtres de la génération, suscite un grand intérêt parmi les Avrekhim, tant ceux qui participent aux activités de Lev Léa͛him que ceux qui désirent s͛y joindre pour apporter la lumière de la Torah à nos frères juifs. Les volontaires reçoivent lors de ce rassemblement des réponses à des questions de Halakha auxquelles ils sont confrontés tous les jours au cours de leur travail de kirouv.
Le discours de Halakha « Questions-réponses sur le kirouv » du Gaon Rabbi Its͛hak Zilberstein, Rav de Ramat-El͛hanan, est attendu de tous.