C’est l’épilogue d’une longue bataille judiciaire. La cour d’appel de Paris a ordonné le 8 novembre au propagandiste antisémite Dieudonné, de quitter le théâtre du 11ème arrondissement où il se produit depuis une quinzaine d’années. Sa société, Bonnie Productions, titulaire du bail, devra aussi payer deux cent quatre-vingt mille euros au titre des arriérés locatifs. C’est ce qu’a précisé, à la sortie de l’audience, l’avocate des propriétaires (juifs) de la salle, Dominique Cohen-Trumer.
L’arrêt confirme un jugement de septembre 2015, et est en principe exécutoire… immédiatement. L’avocate de Dieudonné, Isabelle Coutant-Peyre, a certes indiqué qu’elle envisageait un pourvoi en cassation. Mais une telle procédure ne serait pas suspensive et n’empêcherait pas l’expulsion.
Les propriétaires ont donc eu gain de cause, après avoir mis en avant diverses infractions financières et administratives liées au bail.
Par ailleurs, la cour d’appel a confirmé un jugement de première instance datant de 2016 et condamnant le prétendu « humoriste » de cinquante et un ans, à plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts qu’il devra verser à des associations antiracistes pour provocation à la haine. Dans son spectacle « La bête immonde », présenté en 2014, Dieudonné avait discouru sur le rôle fantasmé qu’il attribue aux Juifs dans la traite des Noirs, et ironisé sur la Shoah. « Le commerce des esclaves, c’est une spécialité juive », avait-il lancé, entre autres élucubrations.
Plus de quinze condamnations sont déjà inscrites à son casier judiciaire.
Enfin, on a appris le 9 novembre que le parquet avait requis, en octobre, son renvoi devant le tribunal correctionnel pour fraude fiscale, blanchiment, abus de biens sociaux et organisation frauduleuse d’insolvabilité. La justice s’intéresse notamment à des centaines de milliers d’euros transférés au Cameroun.