En 1906, après la chute de son gouvernement, Lord Arthur Balfour rencontre Haïm Weitzmann, qui n’est alors qu’un professeur émérite de chimie de l’université de Manchester, mais qui compte parmi les chefs de file du tout nouveau mouvement sioniste. A cette époque le mouvement sioniste est divisé autour du dossier de l’Ouganda. Haïm Weitzmann s’est formellement positionné contre l’hypothèse d’un Etat juif en Ouganda, comme solution aux problèmes de persécutions des juifs d’Europe.
Dans l’un de ses ouvrages, il raconte que lors d’une rencontre avec Lord Balfour, celui-ci lui a demandé pourquoi les Juifs ne s’installeraient pas en Ouganda. Weitzmann lui a alors répondu : « Si je vous proposais de vous installer à Paris au lieu de Londres, que me répondriez-vous ? » Balfour lui a alors rétorqué : « Mais monsieur, Londres est à nous ! » La réponse cinglante de Haïm Weitzmann fut la suivante : « Eh bien nous, nous avons Jérusalem, et nous y étions déjà souverains alors que Londres n’était qu’un immense marécage ! » Weitzmann souligne dans son ouvrage qu’à cette réponse, Balfour a gardé le silence. Mais quelques années plus tard, ces mots étaient toujours présents dans son esprit. Selon la nièce de Weitzmann, Balfour aurait rencontré à nouveau son oncle prestigieux au début de la Première Guerre mondiale et lui aurait dit : « Lorsque les combats seront terminés, peut-être recevrez-vous votre Jérusalem ! » Apparemment, c’est donc cette conversation de 1906 entre Weitzmann et Balfour, et la réponse du chimiste sur le statut de Jérusalem dans l’histoire du peuple juif, qui auraient conduit le chef de la diplomatie britannique à rédiger sa lettre au Lord Rothschild.