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11 Nisan 5784‎ | 19 avril 2024

En Israël, le marché de la « sofrout » falsifiée se porte bien

Mézouzot, tefilin, méguilot, Sifré Torah : êtes-vous sûrs de la conformité halakhique des parchemins que vous utilisez ? Méfiez-vous car les escroqueries se multiplient, facilitées par les nouvelles techniques numériques.

 

Durant l’été, une affaire d’escroquerie a fortement secoué le public israélien : deux anciens étudiants de Yechiva de vingt-huit ans chacun, devenus ennemis de toute pratique religieuse, ont organisé un trafic de fausses mézouzot, prétendument casher mais fabriquées en réalité à l’aide d’imprimantes sophistiquées. C’est parce que leur « atelier » était mal dissimulé, les victimes nombreuses et concentrées dans la région d’Ashkelon, que les malfrats coupables de tromperies aggravées et de ‘hiloul Hachem ont pu être interpellés par la police.

Cet épisode traumatisant a été d’autant plus médiatisé que les arrestations en matière de falsifications d’écriture sacrée sont rarissimes. Il est en effet très difficile de démontrer qu’il y a eu fraude et il existe hélas pour les contrevenants une série de ficelles et d’astuces permettant d’échapper aux sanctions. Or, les imitations du travail des Soferim non conformes à la Halakha ne cessent de s’étendre en Israël depuis une vingtaine d’années. D’abord, parce que le marché est porteur : 97 % des Juifs Israéliens possèdent au moins une mézouza. Une proportion moindre mais très large de la même population est détentrice de téfilin, y compris chez les laïcs. Et l’on recense de très nombreux Sifré Torah et un nombre incalculable de méguilot (Esther)… La seconde explication est banalement technique : les progrès spectaculaires auxquels on a assisté en l’espace de deux décennies sur le plan numérique autorisent aujourd’hui toutes sortes de manipulations et d’impressions (en 3D par exemple), donnant l’illusion de productions originales et casher.

Le but est évidemment lucratif. Les escroqueries en question ont d’ailleurs toujours existé dans notre Histoire. En Pologne ou au Maroc, là où les communautés étaient fortes de centaines de milliers voire de millions d’âmes, ce commerce illicite ou simplement immoral, selon les époques, était souvent organisé par des goyim prétendant à la qualité de Juifs et même de rabbanim.

Rappelons qu’un Séfer Torah, qui doit contenir 304 805 lettres (ni plus, ni moins), peut valoir de nos jours entre vingt mille et soixante-dix mille dollars ! C’est pourquoi les autorités rabbiniques considèrent que des centaines de trafiquants – chefs de réseaux, faux Soferim et « commerciaux » – sévissent en Israël. Certains avancent même des statistiques hallucinantes : la moitié des mézouzot (sept cent treize lettres) et téfilin appartenant à des Juifs observants seraient inutilisables et… les neuf dixièmes des parchemins en possession des traditionalistes ou non-pratiquants (par définition moins méfiants). Il semble que cette proportion inquiétante ne concerne pas seulement les écritures volontairement falsifiées mais aussi les passages bibliques contenant des erreurs commises de bonne foi par l’un des trente mille Soferim du pays. Quoi qu’il en soit, la problématique est gravissime et particulièrement douloureuse pour le judaïsme religieux attaché à la préservation des mitsvot, à la qualité et l’exactitude halakhique des gestes de la Sofrout dont les règles datent – il faut le souligner – de la Révélation sinaïtique.

Ces lois sont complexes et nul ne peut prétendre les maîtriser s’il ne les a pas longuement étudiées. Calligraphier un passouk en vue d’une obligation rituelle ne saurait s’improviser : c’est un métier. Sans entrer dans des détails difficiles à appréhender pour le profane, penchons-nous brièvement sur quelques principes fondamentaux.

En premier lieu, le support, autrement dit le type de parchemin, est exigé par la Torah : il doit être exclusivement élaboré avec la peau d’un animal autorisé à la consommation. S’il n’a pas été égorgé par un cho’het, s’il est mort naturellement, aucune importance : le Sofer a le droit de s’en servir à condition qu’il s’agisse d’une bête de boucherie et non d’un poisson. Ensuite, la peau doit être tannée et enduite de chaux.

L’écriture est exercée à l’aide de lignes imaginaires préparées sur le parchemin. On appuie fort sur le support avec une sorte d’aiguille placée sur un manche. Cet instrument, lui aussi imposé, est le messartet (« sirtout » signifie « tracer une ligne » en hébreu). Quant à l’encre du scribe, elle est constituée d’éléments naturels tirés de glands spécifiques, ici encore minutieusement répertoriés par la Halakha. La teinte noire est obtenue à partir de bois brûlé. Les encres habituelles en Occident ou au Proche-Orient – de Chine… – sont donc interdites. Seules des entreprises juives, majoritairement américaines et israéliennes, produisent cette matière unique. Son coût n’est pas exorbitant : autour de quinze dollars pour cent millilitres.

On calligraphie toujours à la main, ce qui exclut bien entendu les ordinateurs et imprimantes. Les moules, récipients ou modèles guidant la main sont prohibés. C’est cette double obligation qui est le plus souvent bafouée par les délinquants. On se sert en principe d’une plume d’oie mais cette dernière prescription n’est pas absolue : il s’agit d’un minhag et non d’une obligation.

Il convient d’insister enfin sur une loi fondamentale dont l’observance a l’inconvénient, en termes d’escroqueries et de contrefaçons, d’être… invérifiable. C’est une pure affaire de confiance entre le client et son Sofer. Cette loi stipule que, pour l’écriture de certains parchemins, le professionnel doit suivre l’ordre naturel des lettres : il ne peut les tracer à rebours, sous peine d’invalider l’ensemble du texte. Les bodekim (vérificateurs) les plus pointus sont incapables de détecter une erreur ou une fraude éventuelle de ce type.

Globalement, on l’a dit, confondre et arrêter un réseau ou un escroc isolé représente une gageure pour la police israélienne. En effet, lorsqu’un bodek émet un doute, il est indispensable de tester le caractère casher du parchemin incriminé dans un laboratoire spécialisé. C’est une procédure fastidieuse et coûteuse. C’est pourquoi le public religieux préfère, neuf fois sur dix, changer carrément sa mézouza ou ses téfilin. Du coup, la filière de faux Soferim n’a aucune chance d’être découverte et appréhendée.

Les Sifré Torah, eux, sont de mieux en mieux surveillés. Les falsifications sont plus rares et malaisées qu’il y a trois ou quatre ans car les responsables des synagogues, échaudés par des tromperies à répétition, sont sur la défensive. Ils prennent soin de s’adresser, autant que possible, à des réseaux de rabbanim à la réputation irréprochable pour dénicher le bon Sofer. Il n’empêche que les trafics perdurent, du fait de l’importance des gains espérés par des délinquants suffisamment organisés pour brouiller les pistes. Les procédés employés sont désormais sophistiqués et les recoupements entre tels ou tels types d’imprimantes ou de moules illicites sont d’une complexité décourageante pour les enquêteurs potentiels.

Le problème numéro un, s’agissant des rouleaux conservés dans les aronot hakedochim, est le vol. De nombreux Sifré Torah ont été rédigés en Erets selon les règles… mais ont été dérobés puis revendus. Même si les fidèles de la choul concernée ignorent cette provenance douteuse, l’utilisation rituelle de l’objet volé est considérée comme nulle par les décisionnaires.

« Dans tous les cas de figure, résume le Sofer israélien d’origine française Arié Abergel, la solution raisonnable et sûre consiste à bien connaître l’origine du parchemin et son auteur, d’entretenir avec lui une relation de confiance. A la moindre suspicion, il faut se séparer du support incriminé et choisir un nouveau professionnel ». Notre interlocuteur, qui a réalisé son alya il y a vingt ans, étudié au kollel Keter Chlomo de Bné Brak et appris son métier avec un grand spécialiste en la matière, a créé un réseau de Soferim vigilants. Le dossier des falsifications leur tient particulièrement à cœur. Dans le centre d’étude qu’Arié Abergel a fondé dans le quartier de Har ‘Homa, à Jérusalem, on est préoccupé par la question. C’est pourquoi il souhaite délivrer des conseils de prudence élémentaire : « Prenez garde aux publicités répandues dans la presse et sur Internet pour telle ou telle “merveilleuse” mézouza, lance-t-il. Si elle vaut moins de cent shekalim, méfiez-vous ! Même remarque pour les téfilin à moins de mille shekalim. Je suis aussi bodek et j’ai vérifié en août dernier une paire de phylactères d’apparence parfaite. J’ai ouvert les boîtiers : ils étaient vides… » Arié Abergel évoque encore ces charlatans déguisés en rabbanim qui font du porte-à-porte pour vendre à prix « compétitifs » des mézouzot… qu’ils ont volées dans des appartements situés quelques centaines de mètres plus loin.

Face aux individus sans scrupules, des groupes de vigilance ont vu le jour, notamment chez les ‘harédim. Ils tentent de prévenir la population des zones résidentielles où un trafic, une série de larcins ou d’escroqueries de ce genre ont été signalés par la police ou des particuliers. Des Soferim, bodekim et rabbanim font de même à titre privé. Il est recommandé de leur prêter une oreille attentive.

 

 

Quand la superstition s’en mêle…

 

En France, la falsification de téfilin, mézouzot, meguilot et sifré Torah n’existe pas – ou de façon anecdotique et embryonnaire. En effet, tout ou presque est produit outre-Atlantique et surtout en Israël. Un ex-Sofer ‘Habad souhaitant conserver l’anonymat souligne qu’aucun de ses anciens confrères n’est en mesure de gagner sa vie dans l’Hexagone. Lui-même a changé d’activité. Il enseigne le kodech et vérifie la casherout des mézouzot qu’on veut bien lui montrer : il est bodek.

Il découvre de temps à autre des supports trafiqués en provenance de Terre Sainte. « Récemment, nous dit-il, j’ai vu un texte ne correspondant pas à l’un des quatre types de calligraphie hébraïque reconnus : ashkénaze, séfarade, ‘Habad ou Ari Zal. C’était évidemment le résultat d’une impression illicite. Cet été, j’ai aperçu sur une mézouza des lettres bizarroïdes, dont l’une avait la forme d’une croix. Je me suis renseigné auprès d’un ami israélien : il s’agissait d’un passouk fantaisiste distribué initialement par des missionnaires évangélistes à des Juifs défavorisés et vulnérables d’une lointaine banlieue de Tel-Aviv ! »

Le bodek explique que deux ou trois schnorrers (mendiants en yiddish) se promènent dans Paris en proposant de prétendus étuis sacrés fabriqués avec du papier brouillon. Il a même appris qu’un marginal avait réussi à vendre des mézouzot pour voitures (nullement nécessaires sur le plan halakhique), avec l’argument suivant : « Ainsi, vous n’aurez jamais d’accident ». Tarif : quatre cents euros. Le marché de la superstition est inépuisable…

Concernant les Sifré Torah, notre expert conseille aux présidents de communautés locales de se méfier grandement des escrocs et voleurs lorsqu’ils commandent un rouleau en Israël. « Certains parchemins entreposés dans les synagogues françaises sont le produit de larcins, précise-t-il. C’est presque toujours invérifiable. Il faut donc être vigilant en amont ».