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18 Adar II 5784‎ | 28 mars 2024

Je partage donc je suis

Telle pourrait être la devise de beaucoup d’accros aux réseaux sociaux. Mais à force d’y étaler sa vie privée, n’oublierait-on pas de la vivre ? Plusieurs millénaires en arrière, la paracha de la semaine nous apprend à mieux gérer nos paramètres de confidentialité.

#RestoEntreCopines ?

C’est l’anniversaire de votre meilleure amie Rébecca et vous avez décidé de marquer le coup en l’invitant à dîner dans un resto indien branché. Le temps que vous échangiez vos galères respectives pour dénicher une baby-sitter (ou convaincre Monsieur de déplacer sa ‘havrouta sacrosainte), la commande arrive. Mais avant d’apaiser les gargouillis de votre estomac, vous allez devoir souscrire au rituel de rigueur. Armée de votre Smartphone à bout de bras, vous allez immortaliser le moment par un selfie. En prenant évidemment bien soin d’y inclure cet alléchant bol de soupe Mulligawtani accompagné de son traditionnel pain Khandani Naan. Cette séance shooting achevée, il ne vous reste plus qu’à partager vos clichés sur Insta, accompagnés de hashtags subtils du genre #HappyBirthdayRebecca, #RestoIndienEntreCopines ou #CaloriesEnFolie. Pendant ce temps, la soupe refroidit, le pain durcit, et Rébecca se rembrunit. Mais qu’à cela ne tienne ! L’essentiel est que ce bel instant de franche camaraderie soit suivi, « liké », voire peut-être même jalousé par des dizaines de « followers » de votre promo. La soirée se poursuit sur cette belle lancée, jalonnée de WhatsApp inquisiteurs (, pourquoi t’as pas pris le Tandoori Murgh Peshawari ?) ou ponctuée d’émojis envieuses (L L L Franchement, t’aurais quand même pu m’inviter ?!) Et quand le moment de vous quitter arrive, vous vous demandez si l’air si absent qu’affiche Rébecca n’est pas le symptôme d’une crise précoce de la quarantaine.

Deux sans trois

Si le scénario que vous venez de lire vous rappelle quelque chose ou plus exactement quelqu’un, il est peut-être temps de vous pencher un peu plus attentivement sur l’un des versets de la paracha que nous lirons de cette semaine, Balak. La Torah nous raconte que Bilaam, un sorcier non juif doté d’un certain pouvoir spirituel, tenta à deux reprises de maudire le peuple juif. Heureusement, le Tout-Puissant l’obligea à faire le contraire, ce qui le fit prononcer de mémorables bénédictions et compliments à l’égard des enfants d’Israël. Mais sa troisième rencontre avec le peuple élu fut différente. Cette fois, les paroles élogieuses qui s’échappèrent de ses lèvres ne lui furent guère imposées par l’Éternel ; elles lui vinrent de son propre gré. Quelle fut la teneur de cette louange spontanée ? Et surtout, quel en fut le catalyseur ? Pour répondre à ces questions, nous allons relire le passage concerné : « Bilaam, voyant que l’Éternel se plaisait à bénir Israël, n’eut plus recours, comme précédemment, à des opérations magiques mais tourna son visage du côté du désert. Bilaam leva les yeux et vit Israël résidant selon ses tribus, et l’esprit divin résida sur lui » (Bamidbar 24, 2).

Ces tentes qui tentent

Comme le laisse entendre l’Écriture, c’est la vision d’Israël « résidant selon ses tribus » qui déclencha le revirement du sorcier. Et le Talmud, cité par Rachi, de développer cette idée : « Il a vu chaque tribu campant à part sans se mélanger, il a vu que les entrées de leurs tentes ne se faisaient pas face, de sorte que l’on ne pouvait pas voir chez son voisin » (Traité talmudique Baba Batra p.60/a) C’est donc la volonté générale de préserver la vie privée et l’intimité de chacun des membres du peuple d’Israël qui força l’admiration de Bilaam. Et c’est donc de plein cœur qu’il déclara les mots que les fidèles récitent chaque jour en arrivant à la synagogue : « Qu’elles sont belles tes tentes, Ô Yaacov, tes demeures, Ô Israël ! » (supra, 5).

Je partage donc je fuis

Néanmoins, à y regarder de plus près, ce changement de disposition nécessite de plus amples explications. Pourquoi est-ce précisément le souci de pudeur des enfants d’Israël qui leur fut source de bénédiction ? N’y avait-il pas d’autres accomplissements plus méritoires, plus héroïques, plus spectaculaires à admirer chez les enfants d’Israël que celui, apparemment anodin, d’éviter le vis-à-vis avec son voisin d’en face ? En réalité, l’agencement du campement d’Israël était loin de répondre à de simples mesures d’aménagement urbain ; il incarnait le secret du bien-être et de l’épanouissement. En effet, comme le souligne la conférencière Slovie Jungreis-Wolff (fille de la regrettée rabbanite Esther Jungreis), lorsqu’un individu est trop occupé à envier le sort d’autrui, ou pire, à étaler sa bonne fortune aux yeux de son entourage, il en vient à se désintéresser de sa propre existence. C’est le sens profond de l’adage de nos sages : « La jalousie, le désir et la recherche de l’honneur expulsent l’homme du monde. » Or quel est le monde dont-il est question ici ? C’est nul autre que l’univers personnel de l’individu dévoré par ces trois pulsions.

Chacun sa route, chacun son chemin

En s’efforçant de décaler l’entrée de leurs tentes pour éviter qu’elles ne se fassent face, nos ancêtres parèrent à deux écueils l’un plus périlleux que l’autre : le premier – celui de convoiter la richesse du voisin ; le second – celui de faire dépendre son bonheur de la réaction ou des commentaires d’autrui. Le cœur débarrassé du vice de la jalousie et délesté de la tentation de l’ostentation, les enfants d’Israël étaient désormais libres de se consacrer exclusivement à leur propre vie, à leur propre épanouissement, à leur propre bonheur. Et à ceux des êtres qui leur étaient chers. Ce n’est pas par hasard que la discrétion caractérisant les tentes de Yaacov est précisément la qualité qui éveilla la bénédiction de Bilaam. Car le fait de se préserver du regard d’autrui – et autrui de son propre regard – est en soi une recette naturelle pour accéder à la plénitude. Ou pour reprendre les mots de nos sages : « La bénédiction ne réside que dans ce qui est dissimulé de l’œil » (Traité talmudique Baba Metsia p.42/a).

Vivons heureuses, vivons cachées

Alors, oui, à l’ère de la communication instantanée, il peut paraître un peu dépassé – ou tout au moins utopique – de goûter à un moment agréable sans donner à notre entourage la possibilité de le vivre simultanément par procuration. En d’autres termes, sans poster. Sans publier. Sans « liker ». Et, ô combien pénible, sans se faire « liker ». Mais si nous prenons à cœur le message de la paracha de cette semaine, nous nous rendrons compte qu’à trop vouloir partager, nous en oublions de vivre pleinement l’instant présent, de profiter des personnes bien réelles qui se trouvent en face de nous ici et maintenant. Parce que pour espérer vivre heureuses, il faut parfois trouver le courage de vivre cachées.

Ora Marhely

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