Depuis le 1er septembre dernier, l’abattage rituel (la ché’hita) est interdite en Wallonie. Cette décision avait été prise en son temps par le parlement wallon et elle fait suite à la décision du Parlement de Flandre d’en faire de même sur son territoire souverain depuis le 1er janvier dernier. De facto, actuellement seule Bruxelles-capitale permet encore l’abattage rituel en Belgique. Et même s’il y a moins de juifs en Wallonie qu’en Flandre, qui compte la très importante communauté ‘harédite d’Anvers, cette décision provoque le très vif mécontentement du grand rabbin de Bruxelles et du Consistoire de Belgique, le rav Albert Guigui : « Je m’élève contre cette mesure elle-même mais encore plus contre son incohérence et son caractère hypocrite et pour deux raisons : d’abord le lobby qui a fait pression sur les parlements pour faire voter cette loi, n’interdit pas l’importation de viande de l’extérieur. Donc pour lui qu’importe si l’on abat une vache en France ou à Bruxelles. L’essentiel est qu’elle ne soit pas abattue en Flandre ou en Wallonie. Ensuite, ce lobby s’insurge contre l’abattage rituel alors que nous lui avons prouvé qu’il ne faisait pas souffrir la bête. Par contre, il tolère la poursuite de la chasse dans ces deux mêmes régions ! Et c’est inadmissible ! » Le président de l’association des Juifs d’Europe (AJE), le rav Menahem Margolin émet la même protestation mais va plus loin : « Certains pays d’Europe donnent l’impression aux Juifs qu’ils ne sont pas les bienvenus et qu’ils sont des citoyens de seconde zone ». Le rav Margolin attribue ces décisions au poids d’un lobby qui parvient à séduire les personnalités politiques : « Ceux-ci se sont laissés influencer par les organisations de protection des animaux et ont ignoré les cris d’alarme de la communauté juive et ce faisant ils donnent aux Juifs de Belgique le sentiment de ne pas être les bienvenus dans notre pays », affirme le rav Margolin qui est lui-même citoyen belge et qui promet : « Nous n’allons pas baisser les bras. Comme nous avons par le passé, réussi à empêcher l’interdiction de l’abattage rituel et de la circoncision en Hollande ou en Pologne, je suis persuadé que, avec l’aide de D.ieu, nous allons y parvenir. ». Pourtant le rav Margolin estime que ces mesures ne provoqueront pas de départ massif de la communauté juive : « Les gens ne partent que lorsqu’ils ont la corde au cou », se désole le Rav Margolin. Plus concrètement, le rav Albert Guigui explique que la communauté juive belge a introduit un recours devant la Cour Constitutionnelle de Belgique contre ces interdictions : « Nous estimons que ces interdits sont en contradiction avec les directives du Parlement européen. Et finalement c’est la Cour Européenne du Luxembourg qui doit se prononcer à ce propos. Cette Cour est plus sensible aux Droits de l’Homme et donc pour l’instant le Parlement de Bruxelles-capitale évite de se prononcer. Par contre si la Cour Européenne devait invalider la ché’hita ce serait un dangereux précédent qui pourrait conduire d’autres pays à reconsidérer leur autorisation à pratiquer l’abattage rituel conformément à la Halakha. »
Daniel Haik (AVEC YNET)