Le dîner du Conseil des communautés juives du département, s’est tenu le 24 octobre à l’Hôtel de Ville de Vincennes, dans un climat apaisé et plus confiant que les deux années précédentes. Reportage.
Les magnifiques salons de l’Hôtel de Ville de Vincennes étaient combles pour le dîner républicain annuel du Conseil des communautés juives du Val-de-Marne (CCJ-94). Plus de trois cents convives étaient présents le 24 octobre, grâce aux talents de communiquant et d’organisateur du secrétaire général du Conseil et directeur des programmes du Consistoire, Albert Myara (du Kremlin-Bicêtre).
Le président du CCJ-94, Gérard Uzan, a rappelé l’importance du vivre-ensemble dans un contexte difficile, marqué par l’enracinement de l’islamisme et par des violences antisémites inédites depuis la Libération.
Il faut noter, cependant, que les Juifs du Val-de-Marne ont été relativement épargnés au cours des deux à trois dernières années. L’inquiétude a beaucoup reculé, et on peut arborer la kippa sans risque dans les rues de Créteil. Les synagogues étaient au moins aussi pleines pendant les fêtes de Tichri que les années précédentes. Globalement, les dons promis à cette occasion n’auraient pas baissé. Certaines communes voient croître leur population juive : Vincennes, Saint-Mandé, Charenton ou encore Nogent-sur-Marne. Gérard Uzan indique même à Haguesher que l’ensemble Nogent-Le-Perreux-Bry, dont il a la responsabilité sur le plan communautaire, attire des Parisiens désireux d’assumer leur judéité au quotidien, sans réserve ni entrave. Au demeurant, la Maison de la culture juive de Nogent, présidée aussi par Gérard Uzan, ne désemplit pas et regorge d’activités.
Au cours de la soirée, chacun a chanté les louanges de la République, à commencer par le sénateur centriste de Vincennes, Laurent Lafon. Maire depuis 2002 et soutien constant du judaïsme local, il cédera le 12 novembre son fauteuil municipal à l’une de ses adjointes, Charlotte Libert-Albanel (pour se conformer à la loi sur le non-cumul des mandats). « La laïcité, a déclaré le parlementaire, ne doit pas être une nouvelle religion mais une manière de vivre pleinement sa foi », citant une phrase de son camarade de jeunesse Haïm Korsia, devenu grand rabbin de France. Celui-ci assistait au dîner, tout comme le grand rabbin de Paris, le rav Michel Gugenheim, et le président du Consistoire, Joël Mergui. Haïm Korsia a salué la promesse faite par le Premier ministre Edouard Philippe, lors de ses vœux pour 5778 à la synagogue Buffault, concernant les aménagements des dates de concours et d’examens pour les étudiants souhaitant respecter le Chabbat et les yamim tovim.
Les représentants des institutions juives se sont succédés à la tribune. Ariel Goldmann, numéro un du FSJU, a insisté sur le combat nécessaire contre l’extrême droite et le fondamentalisme musulman, mais aussi contre La France insoumise, rappelant les récentes diatribes de son leader, Jean-Luc Mélenchon, à l’endroit de Manuel Valls et de l’amitié de ce dernier pour Israël.
Le président du CRIF, Francis Kalifat, a relevé que « tous nos concitoyens savent désormais que nous, Juifs, ne sommes pas les seuls visés par les djihadistes » opérant dans l’Hexagone.
Après une courte allocution du vice-président du Conseil départemental, Gilles Saint-Gal, le journaliste-vedette Paul Amar, invité d’honneur du dîner, a déploré la désinformation à laquelle se livrent certains médias au sujet d’Israël, « où l’apartheid n’existe pas. J’ai habité deux ans Jaffa, quand je dirigeais la rédaction de la chaîne de télévision francophone i24News, a-t-il précisé, et je suis témoin d’une réalité : pour les Arabes de ce pays, c’est un printemps permanent. Ils sont libres, occupent d’éminentes fonctions, et leurs députés ont le droit de dire pis que pendre de l’Etat juif dans l’enceinte de la Knesset ! ».
En fin de soirée, Joël Mergui a mis l’accent sur la banalisation de l’antisionisme, « forme réinventée de l’antisémitisme », comme l’a reconnu officiellement le président Macron dans son discours du Vel’ d’Hiv’, le 16 juillet.
Pour conclure, après l’intervention du préfet Laurent Prévost (qui a assuré que tous les services de l’Etat étaient mobilisés pour sécuriser les Juifs du Val-de-Marne), trois militants du « 94 » ont reçu, comme chaque année, le « Prix Paul Roitman du bâtisseur communautaire », du nom de ce grand rabbin consistorial et éducateur de génie, qui a œuvré avec force et passion dans la France des années 50 et 60 pour la construction d’innombrables communautés, avant de réaliser son alya. Les récipiendaires étaient Paul Fitoussi, bâtisseur de la nouvelle synagogue consistoriale séfarade de Vincennes, et deux autres Val-de-Marnais aujourd’hui décédés, remerciés à titre posthume : Claude Lévy zal, ancien président de l’Amicale juive d’Arcueil, et Charles-André Scettbon zal, ex-président de la communauté de Maisons-Alfort. Tous trois ont joué un rôle majeur, au sein du CCJ-94 et en faveur du judaïsme dans le département.