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11 Kislev 5785‎ | 12 décembre 2024

Le bel avenir du mariage juif dans l’Hexagone

Malgré l’alya, des centaines de couples passent sous la ‘houppa chaque année en région parisienne. Ils souhaitent de plus en plus se conformer aux prescriptions de la Torah en matière familiale. Un signe prometteur pour la pérennité de la communauté.

 

« La parachat Noa’h de la semaine passée nous enseigne que le bien le plus précieux d’un homme est son épouse. Il peut se montrer extrêmement généreux avec tous et accomplir méticuleusement la mitsva de la tsédaka, mais cela ne vaut pas grand-chose s’il ne prend soin de sa femme ». C’est un extrait de l’allocution prononcée par le rav Gugenheim, grand rabbin de Paris, lors de la cérémonie des mariés voulue par le numéro un du Consistoire, Joël Mergui, et qui se tient traditionnellement chaque année pour témoigner de la vitalité de la communauté et surtout de l’espérance dont elle reste porteuse sur le sol français, malgré les départs vers Israël. Elle a eu lieu le 22 octobre à la synagogue parisienne de la rue Chasseloup-Laubat (15ème), en compagnie de son président, Claude Hadad, et de son rabbin, le rav Mikaël Journo. Cent cinquante couples ont répondu présent, soit environ un cinquième des mariés franciliens – et consistoriaux – de l’année juive écoulée. Un moment de convivialité, où chacun a disserté sur les thèmes de la transmission et de la jeunesse.

Globalement, on compte moins d’unions religieuses qu’il y a six ou sept ans. Ce n’est pas parce que les traditions se perdent, au contraire : la plupart des couples juifs veulent s’unir sous la ‘houppa, peut-être davantage encore que par le passé. Mais l’alya est telle, et l’engouement pour les festivités en Israël à ce point en vogue jusqu’au milieu des années 2010, que les chiffres du Consistoire de Paris ont accusé une baisse sensible : un millier de mariages il y a sept ans, contre sept à huit cents aujourd’hui. Un volume qui reste stable, néanmoins, depuis 2015. La tendance pourrait même s’inverser, dans la mesure où les Juifs français organisent de moins en moins leurs noces en Eretz, du fait du renchérissement récent (et parfois spectaculaire !) des tarifs pratiqués là-bas.

La nouveauté est surtout la désaffection des intéressés pour les synagogues. « Les jeunes se dirigent vers des formules inclusives, explique Aurélie Atlan, responsable du service mariages au Consistoire. Ils souhaitent que tout se déroule au même endroit : l’office, la ‘houppa et la réception. Cela évite les déplacements, les contraintes horaires, l’attente voire la bousculade dans le lieu de culte où, parfois, six cérémonies sont prévues dans la journée… Ce genre d’option, qui permet aussi de personnaliser certaines prestations comme l’accompagnement musical, a été multiplié par deux en trois ans, et concerne à présent une union sur sept ».

Le corps rabbinique le regrette, car le cadre halakhique est plus sûr à la choule. Par ailleurs, se marier dans un jardin ou un salon privé, c’est se priver de la solennité du rite et du décorum propre aux beaux espaces de prière, dont la région parisienne est richement dotée. Enfin, c’est un choix onéreux, car la facture strictement cultuelle est plus lourde dans ce cas : autour de trois mille euros, contre mille quatre cents habituellement. C’est une moyenne. Dans les petites communautés locales, souvent privilégiées par leurs fidèles pour les réjouissances familiales, le prix de base dépasse rarement quatre cents euros.

S’agissant de la préparation à la vie conjugale, dont Sarah Amar a la charge au sein de l’institution, le changement marquant est l’attitude des hommes, pour la plupart indifférents autrefois aux prescriptions de la Torah en matière d’obligations religieuses, liées à la pérennité d’un foyer juif. Désormais, ils sont aussi demandeurs que leurs futures épouses, et beaucoup souhaitent tout savoir. Les femmes du même mouvement, se sentent davantage concernées et suivent avec application les formations dispensées par le Consistoire sur les règles de pureté familiale (taharat hamichpa’ha), avec l’aide de l’association spécialisée Beer, et de Danielle Sitruk, veuve du rav Yossef-‘Haïm Sitruk zatsal et engagée en ce sens depuis longtemps.

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