Les dirigeants israéliens font face depuis plusieurs mois à un dilemme bien complexe : comment entretenir de bonnes relations économiques et commerciales avec la Chine alors que les États-Unis accentuent leurs pressions contre toute présence chinoise accrue dans l’état hébreu ? C’est la question importante que se pose également cette semaine, Haguesher. Tous les voyants rouges se sont allumés ces dernières semaines au Bureau
du Premier ministre, au Mossad, au ministère des Affaires Étrangères
et dans plusieurs administrations israéliennes. Les consultations secrètes se multiplient et Binyamine Netanyaou tente de résoudre la quadrature du cercle dans un dossier plutôt inattendu mais somme toute assez logique : l’opposition de plus en plus marquante des Etats-Unis à un rapprochement entre Beijing et Jérusalem. Et la situation devient si tendue que le message
adressé par les Américains aux Israéliens est très ferme : « Vous allez devoir décider : soit vous souhaitez être les amis et les partenaires des Chinois, soit vous voulez rester nos amis. ». De facto, ce triangle israélo-américanochinois n’a pas l’air de vouloir ou de pouvoir fonctionner. Pour les Israéliens, le dilemme est le suivant : comment rester amis à la fois avec les Chinois sans fâcher les Américains, alors que ces derniers menacent Israël d’affecter les échanges de renseignements au plus haut niveau et de limiter l’usage de technologies israéliennes acquises aux États-Unis ?
Ce qui a alerté, en particulier, les Américains est la décision israélienne de confier aux ingénieurs et constructeurs chinois le soin d’élargir le port de Haifa ou au moins sa partie privée. Les Américains, mais également certains experts israéliens en matière de sécurité, ne craignent que la présence d’ingénieurs chinois à proximité des bases de la marine de guerre israélienne ne soit préjudiciable à Israël. En effet, ces ingénieurs pourront aisément, s’ils le souhaitent, filmer et espionner certains bateaux et vedettes de la marine israélienne. Du côté américain, on insiste sur le fait que, si cette coopération avec les Chinois se poursuit, ils cesseront d’utiliser les services du port de Haifa pour leurs croiseurs et autres bateaux de la
6eme Flotte. L’équation américaine est très simple : alors que nous, Américains, luttons pour que les Iraniens ne puissent pas avoir d’accès maritime en Méditerranée, Israël en autorise un à nos rivaux Chinois. Israël se retrouve donc en plein conflit d’intérêts. Jérusalem veut poursuivre son commerce avec la Chine qui s’élève à plusieurs milliards, mais elle ne veut pas perdre les Américains, véritables amis mais surtout alliés sur lesquels Israël s’appuie pour son développement en occident et sur le marché américain. Comment sortir d’un tel piège ? Le ministre américain de l’énergie, en visite en Israël, a insisté sur la menace chinoise de plus en plus
grande, surtout dans la cybernétique et la sécurité. L’ancien responsable du Mossad, Ephraïm Halevy, justifie les craintes des Américains et exprime l’espoir que le gouvernement prenne les bonnes décisions et réponde aux menaces des Américains. « Les développements scientifiques et technologiques ne sont pas seulement le fruit du génie israélien, mais se fondent sur une collaboration indispensable avec les chercheurs du monde occidental et, en particulier, avec les Américains », rappelle Halevy. Les Américains craignent que les Chinois n’aient accès aux secrets industriels et scientifiques, ce qui pourrait mettre Israël en réel danger. Toutefois, toujours selon Halevy, les liens commerciaux avec la Chine sont une véritable mine, mais Israël a voulu oublier les relations entre Pékin et Téhéran. Or, les Chinois utilisent leurs relations économiques pour servir leur politique. La Chine rêve de s’implanter dans le bassin oriental de la Méditerranée. Israël doit absolument réaffirmer aux Chinois sa volonté de conserver ses intérêts stratégiques aux États-Unis. Israël doit faire le bon choix, même face à un énorme potentiel économique que représente la Chine mais qui pourrait lui causer d’énormes déboires stratégiques. A Peer