Haguesher: Vous êtes le fondateur du CENTRE SHORASHIM. Comment a-t-il vu le jour ?
Rav Yaacov Spitezki: A vrai dire, c’est le prolongement de mon activité en Belgique où pendant 25 ans j’ai dirigé la Maison des Etudiants sur le campus de l’université de Bruxelles. Je suis né à Paris. Après le baccalauréat, j’ai fréquenté différentes Yéchivot. Puis j’ai passé les examens pour l’obtention d’une Semikha. J’ai également terminé des études universitaires et obtenu une Maîtrise en philosophie. Le Consistoire de Belgique cherchait un aumônier des étudiants et on m’a engagé. Les jeunes juifs de Bruxelles étaient essentiellement des enfants de rescapés de la Shoah, très éloignés de la Torah. Ce n’était pas facile mais Baroukh Hachem…
Vous avez également vécu à Montréal ? Oui, effectivement. Pendant 8 ans. Vous préférez que je vous raconte des histoires belges ou québécoises. Avec l’accent… Sachez que contrairement aux apparences, on parle beaucoup anglais à Montréal. Surtout au sein la communauté juive. J’étais bilingue et cela m’a beaucoup aidé. D’ailleurs en Israël, SHORASIM organise une partie de ses activités en Anglais. J’ai toujours été passionné par les médias.J’ai d’ailleurs fréquenté une école de journalisme. En Belgique, j’étais le co-responsable des émissions juives à la Radio-Television Belge. A Montréal, outre la direction d’un établissement scolaire, j’ai lancé un magazine en Anglais et en Français pour diffuser les valeurs de la Torah de façon… disons… originale.
Revenons-en au Centre Shorashim et Israël : Il y a 5ans, j’ai pris ma retraite et j’ai fait mon Alya. Mais quand on est marié à une Echet Hayil qui vous pousse à l’action communautaire, on ne prend pas vraiment sa retraite…
De nombreux jeunes sont attirés par Israël. Jérusalem, Bar Ilan, le Technion de Haïfa. On entend beaucoup parler le Français sur tous les campus. Tous ces jeunes ont besoin d’un bon encadrement et de soutien. J’ai donc réuni une équipe de professionnels dynamiques. Je tiens à mentionner ici notre coordinateur francophone : RavYohananSudry et le RavZev Stein- coordinateur anglophone ainsi que notre très dévoué assistant social : Claude Touati.
Un tel staff implique le paiement de beaucoup de salaires ! Comme je l’ai mentionné, mon épouse et moi-même sommes retraités et donc bénévoles. Quant aux permanents, les salaires ne représentent que 35 % du budget global. Tout le reste est consacré aux activités.
Recevez-vous des subventions d’organismes communautaires ? Nous ne recevons aucune subvention israélienne ou internationale. Mais « qui cherche trouve… » et il y a des particuliers qui sont conscients de l’importance de nos activités et qui nous aident.
Pouvez-vous nous décrire vos activités parmi les étudiants : Je tiens tout d’abord à dire que nous ne sommes pas les seuls à travailler sur les campus. Il y a d’autres associations qui font un excellent travail comme par exemple Olami-Shoresh, le CNEF et Atid. En fait, même en rajoutant 5 autres organisations, on n’arriverait pas à tout faire tant il y a de pain sur la planche. Nous sommes bien implantés à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Principalement sur le Campus de Givat Ram et aussi à HarHatsofim. Nous œuvrons à l’Université de Tel Aviv et au Technion de Haifa et de façon ponctuelle au IDC de Herzlia. Il y a également toute une série de Mikhlalot, d’instituts supérieurs. Mais il serait fastidieux d’en faire la liste détaillée. Nous organisons donc des cours, des conférences sur le judaïsme et le monde contemporain, des repas chabbatiques et des week-ends dans des hôtels ou des centres de vacances.BaroukhHachem, nous avons eu la joie de célébrer au cours des années pas mal de mariages…
Qu’est-ce qui vous distingue des autres associations qui travaillent sur les campus universitaires : Nous œuvrons tous pourdiffuser les valeurs de la Torah. Peut-être que notre spécificité est que nous nous adressons surtout à des jeunes qui n’ont pas fréquenté des écoles juives. Il faut donc faire preuve de beaucoup de patience et avoir une bonne écoute. Il n’y a pas de question taboue. On ne porte pas de jugement. Et on doit s’efforcer de trouver les bonnes réponses pour toucher non seulement les cœurs mais aussi l’intellect.
D’autre part nous impliquons les étudiants qui sont en contact avec nous dans des actions humanitaires : visites dans les hôpitaux, distribution de jouets à des enfants malades, confection et distribution de colis alimentaires à des familles défavorisées, visite et soutien à des survivants de l’holocauste.
Le CENTRE SHORASIM s’occupe aussi de ceux qu’on appelle les ‘HayalimBodedim. Expliquez-nous.
Il s’agit des jeunes qui se sont portés comme volontaires dans l’armée ou bien qui font leur service militaire après avoir terminé leur cursus universitaire. Souvent, leurs familles vivent en diaspora. Ils sont donc isolés et ont besoin d’un maximum de support. Notre centre de Jérusalem est en contact avec des centaines de soldats. Dans la maison que nous mettons à leur disposition, notre staff leur apporte un chaleureux soutien moral avec différents types d’activités sociales et éducatives en semaine et le chabbat. Nous parrainons financièrement des soldats pour qu’ils puissent entreprendre ou terminer leurs études universitaires. Nous les aidons aussi à intégrer le marché du travail.
Haguesher :Si vous deviez choisir une devise, laquelle serait-ce ?
Rav Y. Spitezki : Une phrase des Pirké Avot (I, 12) dans laquelle Hillel enseigne : soyez les disciples d’Aaron, aimez la paix et poursuivez la paix. Aimez les créatures et rapprochez-les de la Torah.
Quelles sont les coordonnées de SHORASHIM :
www.shorashimcenter.com – 972 54 239 97 91 – paypall.me/shorashimcenter
Propos recueillis par Gabriel Zenouda