Sur le flanc de la Kinéret, non loin de Tibériade, vivait un homme du nom de Nissim Kanouri. L’unique richesse de ce Juif se cantonnait à un grenadier. Tout au long de l’année, il étudiait sous le feuillage de son arbre fruitier et lorsque les grenades arrivaient à maturité, il s’en réjouissait avec sa famille ! D’une part, ils avaient plaisir à les consommer et d’autre part, ils les vendaient car ces fruits constituaient leur seule source de subsistance ! Généralement, à la période des trois semaines entre le 17 Tamouz et le 9 Av, le grenadier atteignait son apogée et était bien garni de fruits. La famille Kanouri patientait jusqu’au Chabbat Na’hamou pour réciter la bénédiction de Chéhé’hiyanou et jouir de ces grenades. Elles étaient d’ailleurs réputées pour leur saveur dans tout le voisinage qui affluait pour en acheter. Nissim n’omettait pas de mettre de côté de belles grenades pour Roch Hachana et Tou Bichvat !
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Mais voilà qu’une année de sécheresse arriva, l’été était bel et bien au rendez-vous mais les grenades, quant à elles, n’apparaissaient toujours pas ! Après que le 9 Av soit passé, Nissim ne perdant pas espoir, appela son fils. Il l’aida à grimper sur le grenadier afin de vérifier s’il n’y avait pas de grenades qui se dissimulaient derrière les feuilles. Soudain, l’enfant s’écria en jubilant : « Papa j’ai trouvé une grenade… encore une et en voilà une autre ! » Nissim, très heureux, remercia Hachem pour ces trois fruits magnifiques. Il en garda précieusement deux : l’une pour Roch Hachana et la seconde pour Tou Bichvat.
Cette année, les clients se présentaient chez Nissim, mais ils en ressortaient les mains vides !
Et qu’advint-il de la Parnassa de la famille Kanouri ? Après Roch Hachana, l’épouse de Nissim commençait à s’en inquiéter sérieusement d’autant plus que leur fille était en âge de se marier…
Une idée lui effleura alors l’esprit… et si son mari allait récolter des fonds en dehors d’Israël pour subvenir aux besoins de leur famille ?? Nissim qui semblait réticent au départ, finit par accepter de voyager. Vu que le mois de Chvat approchait, il emporta avec lui la dernière grenade qu’il avait gardée pour Tou Bichvat et arriva à Koucheta (Istanbul)… la veille du nouvel an des arbres !
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Il se dirigea aussitôt vers la synagogue locale. A peine s’y était-il infiltré qu’il pouvait lire sur les visages de ses coreligionnaires des signes de tristesse et d’inquiétude… La tension était palpable. Que se passait-il ? La mauvaise nouvelle parvint rapidement à ses oreilles… Le fils du Sultan était gravement malade et le Sultan inculpait les Juifs de sa ville d’avoir maudit son fils ! Il les avait alors sévèrement menacés : « Vous devez prier pour la guérison de mon fils… je vous accorde tel délai… si mon fils est toujours malade à cette date, j’expulserai tous les Juifs de Koucheta. » Or, ce jour-là, veille de Tou Bichvat, correspondait précisément à la veille de la date limite fixée par le Sultan.
Une large assistance s’était réunie à la synagogue pour prier et réciter des Téhilim. Nissim aussi se joignit aux fidèles pour prier avec eux.
Soudain, le Chamach s’approcha de lui et lui demanda : « Etes-vous d’Erets Israël ? ».
« Oui », répondit Nissim d’un air étonné. « Comment l’avez-vous deviné ? »
« Notre Rav est kadoch et il nous fit remarquer qu’il sentait l’odeur d’Erets Israël ! »
Le Chamach conduisit Nissim vers le Rav qui se trouvait dans une petite pièce adjacente. Il était âgé et son visage rayonnait.
Avec bienveillance, il interrogea Nissim pour prendre des nouvelles des Juifs d’Israël. Et Nissim de poursuivre : « Je suppose que vous avez senti l’odeur du fruit que j’ai emporté !? »
Fort ému, le Rav le reprit : « Avez-vous emporté une grenade d’Israël ?
« Oui, je m’apprêtais à la consommer à l’occasion du nouvel an des arbres et ce serait un honneur pour moi de partager ce fruit avec le Rav ! »
Sur ce, le Rav enlaça Nissim et s’exclama : « Le Maître du monde vous a envoyé ici pour nous sauver d’un décret d’expulsion qui plane sur les Juifs de notre ville ! ». « Hier, tandis que j’étais plongé dans les livres pour étudier les secrets des fruits… le mot Rimonim me sautait aux yeux. J’en ai donc déduit que c’était le symbole de notre salut. Vous savez à quoi font allusion les initiales de ce mot ? Réfouat Mélekh Oubeno Nissim Yavi Méhéra (la guérison du roi et de son fils, Nissim l’apportera rapidement !)
Sans perdre de temps, ils se précipitèrent vers la cour royale et le Rav annonça au Sultan : « Avec l’aide de D.ieu, nous allons guérir votre fils ! »
Le Rav pressa le jus de grenade et en donna au compte-goutte à l’enfant malade. A la stupéfaction de tous, le fils du Sultan se mit à ouvrir les yeux et son état allait en s’améliorant.
Le Sultan, plein de gratitude, s’exclama : « Merci, vous avez sauvé mon fils ! »
Quant à Nissim, il retourna chez lui, chargé d’or et d’argent…
Source : ‘Hagué Israël Oumoadav et diffusé sur le site www.chabad.org