Si vouer la totalité de son temps à l’étude reste l’objectif – et la raison de vivre – d’une majorité de juifs orthodoxes, les dépenses afférentes à la construction d’un foyer conduisent de plus en plus de jeunes adultes issus de ce secteur à entreprendre des études universitaires, permettant à terme de postuler pour un emploi salarié. Ils étaient 5 500 à avoir choisi cette nouvelle orientation en 2011. En 2016, elle a concerné 11.000 jeunes adultes orthodoxes en 2016, et les simulations les évaluent à 19 000 en 2022. Dans ce but, le Conseil de l’Education supérieure (CES) vient de définir un plan de 5 ans pour permettre aux ‘harédim de rejoindre des structures post-bac, sans passer par la case « bagrout » [baccalauréat israélien], qui conditionne généralement l’accès à l’université. Yaffa Zilbershatz, qui chapeaute le CES, espère que ce plan « leur permettra d’acquérir le savoir nécessaire pour exercer un métier, comme c’est le cas pour tous les citoyens. » Interrogé pour savoir si cette nouvelle orientation représentait un risque pour sa pratique religieuse, le jeune ‘Haïm Laus, 25 ans, dont l’emploi du temps est désormais le collel le matin et l’université l’après-midi, a déclaré : « Pas du tout. Le Talmud nous apprend que nombre de Tanaïm avaient un métier. Il n’y a aucune honte à faire « hishtadlout »[s’efforcer de] gagner sa vie. D’ailleurs, dans les Maximes des Pères que nous venons de lire avant Chavouoth, Rabbane Gamliel, le propre fils de Rabbi Yehoudah HaNassi, disait clairement : “Il est bon de concilier l’étude de la Torah avec un gagne-pain“ ». Pour information, selon le centre Taub de recherche sociale, en 2016, dans la communauté ‘harédite, seuls 2,5 % des hommes (et 8,3 % des femmes) sont titulaires d’un diplôme universitaire.
DAVID JORTNER