Selon les termes de ce pacte d’une ampleur inédite, Ryad va se procurer sous peu un ensemble d’armes américaines sophistiquées d’un montant global de 110 milliards de dollars et en recevra d’autres tout au long de la prochaine décennie à hauteur de 350 milliards de dollars supplémentaires. Un package-deal sans précédent et très prometteur pour l’industrie militaire américaine !
« Cet accord est la preuve la plus claire de l’engagement des Etats-Unis auprès de son allié saoudien et de tous ses partenaires dans le Golf, qui démultiplie les opportunités des compagnies américaines dans la région et qui permettra la création de dizaines de milliers de nouveaux emploi aux USA », devait annoncer un communiqué officiel du Département d’Etat publié le 21 mai à Washington. Conclu entre le président Trump et le roi Salman d’Arabie Saoudite lors de sa visite du 20 mai à Ryad, ce pacte atteint un montant total plus de 12 fois supérieur à celui signé voilà moins d’un an par l’administration Obama avec Israël portant quant à lui sur seulement 38 milliards de dollars, et qui n’entrera en vigueur qu’en octobre 2018.
Parmi les armements américains que Ryad va recevoir : plusieurs batteries d’anti-missiles américains de type THAAD(à 800 millions de dollars pièce) et Patriot, 150 hélicoptères de combat BlackHawk, des navires d’assaut et des frégates ultra-rapide de patrouille côtière, différents systèmes associés d’armements, ainsi que des chars, des transports de troupes et d’autres blindés de combat. Mais sans qu’il soit pour l’instant question que l’Amérique vende à l’Arabie Saoudite une centaine de chasseurs-bombardiers furtifs « dernier cri » de type F-35 ardemment souhaités par Ryad pour se défendre contre l’Iran – et dont Israël a déjà fait l’acquisition d’une première tranche d’une trentaine d’appareils. Pour la Maison Blanche, ces contrats militaires vont renforcer la capacité de Ryad « à contribuer aux opérations de contre-terrorisme dans la région, ce qui réduira le fardeau de l’armée américaine. »
Un accord critiqué par plusieurs ministres israéliens
« C’est un pacte qui a de bonnes raisons de nous inquiéter, a relevé en début de semaine Yuval Steinitz, le ministre israélien de l’Energie peu avant la réunion hebdomadaire du cabinet. Car l’Arabie Saoudite reste pour nous un pays hostile et nous devons donc veiller à préserver notre avance militaire face à lui.»
Quant à Israël Katz, le ministre en charge des Renseignements, il devait déclarer : « Certes, la visite du président Trump a pour but de renforcer le camp anti-iranien dans la région et présente aussi une opportunité de faire avancer la coopération sécuritaire et économique au Moyen-Orient en tant que fondement d’une future paix régionale, mais il est parfaitement évident qu’Israël doit maintenir son avantage stratégique. »
Nul doute que toutes ces acquisitions massives d’armement américain vont singulièrement renforcer l’armée saoudienne, et particulièrement son aviation et sa marine qui auront désormais un net avantage sur leurs contreparties iraniennes. Précisons aussi que d’après l’Institut international de Recherche de la Paix basé à Stockholm, les importations d’armes effectuées par les pays du Moyen-Orient ont globalement augmenté de 86 % entre 2012 et 2016, l’Arabie Saoudite restant toujours au second rang mondial des importateurs d’armes.
Richard Darmon