1. Je ne le sais que trop bien. Certains lecteurs (et relecteurs ?) risquent de m’accuser d’un énième crime de RTL (Raconte Ta Life) en lisant cette toute première info. Ne vous en déplaise ; je ne peux m’empêcher de débuter le présent article par une confidence de taille ; depuis toute petite, j’ai un faible incontrôlable pour les olives. Deux scènes cocasses de mon enfance me viennent à l’esprit tandis que j’écris ces lignes. La première, je fais les courses avec ma mère à Carrefour. Et tandis que mes frères et sœurs épluchent soigneusement la liste du Consistoire pour dénicher les derniers bonbons et chocolats autorisés, je me dirige discrètement vers le rayon condiments. Et là je me choisis un sachet petit format d’olives dénoyautées que je dégusterai sagement dans la voiture sur le chemin du retour. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, n’est-ce pas ?! Quant à la deuxième scène, elle est une conséquence naturelle de la première ; c’est mon anniversaire, et à mon retour de l’école, une surprise m’attend sur la table de la cuisine ; une gigantesque boîte de conserve industrielle d’environ 5 kilos remplie d’olives. Le tout accompagné d’un petit mot en feutre rouge qui me souhaite… joyeux anniversaire ! Pour tout te dire, j’ai été un chouïa déçue par le choix du cadeau ; j’aurais sans doute préféré un Walkman (l’ancêtre du baladeur MP3 pour les ignares…) Mais une chose est certaine : je ne suis pas prête de l’oublier !
2. Cette petite parenthèse RTL achevée, je me dois d’admettre que mon penchant pour les olives n’est pas une raison suffisante pour justifier une pleine page sur lesdits fruits. Si Haguesher Junior a choisi de les mettre à l’honneur cette semaine, c’est évidemment parce qu’ils ne vont pas tarder à jouer un rôle incontournable lors de la fête de ‘Hanouka. Eh oui, sans olives, il n’y a pas d’huile d’olive. Et sans huile d’olive pure, il n’y a pas de miracle de ‘Hanouka. Et sans miracle de ‘Hanouka, il n’y a pas huit jours de fête autour de ces belles lumières alimentées de préférence d’huile d’olive ! Parti pris ou non, ça vaut bien un petit quart d’heure de gloire dans le Haguesher de la semaine, pas vrai ?!
3. Les branches d’oliviers sont un symbole de paix universel. Depuis quand ? Depuis les lendemains du déluge, lorsque Noa’h a envoyé une colombe à l’extérieur de l’arche pour déterminer si la terre était redevenue sèche. La première fois qu’il l’envoie, la colombe revient aussitôt, n’ayant pas trouvé d’endroit où se poser. La deuxième fois, en revanche, elle rapporte à son bec un rameau d’olivier. Ce qui prouve à Noa’h que les arbres avaient recommencé à pousser. C’est à la suite de cet épisode que les branches d’oliviers sont devenues un symbole de paix, et la promesse d’un avenir meilleur. Et c’est aussi pour la même raison que les armoiries de l’État d’Israël représentent une Ménora (un chandelier à sept branches comme celui qui trônait au Beth Hamikdach) flanquée de part et d’autre de rameaux d’oliviers. La preuve, s’il en fallait, que la recherche de la paix est un objectif suprême de notre beau pays. À propos, le drapeau de l’Organisation des Nations unies comprend lui aussi des rameaux d’oliviers, quoique les siens sont représentés de façon courbée tandis que ceux du drapeau d’Israël sont parfaitement droits. J’ai comme ma petite idée sur la question, mais bon, on ne va tout de même pas commencer à faire de la politique ici…
4. Quand vient l’automne, les arbres se débarrassent de leurs feuillages. Ou pour le dire de façon plus poétique : « La feuille d’automne, emportée par le vent, en ronde monotone, tombe en tourbillonnant. » Mais il est un certain arbre qui n’aime pas faire comme tout le monde. Un arbre qui est visiblement très attaché à ses feuilles, et qui ne les laissera ni jaunir ni tomber avant trois ans de bons et loyaux services. Quel est donc cet arbre pas comme les autres ? Tu l’as deviné, c’est l’olivier, un arbre aux feuilles dites persistantes. Et pour Rabbi Yéhochoua ben Lévi, cette curieuse propriété est à rapprocher de l’une des caractéristiques les plus incroyables du peuple d’Israël : sa pérennité. Dans les mots de ce grand sage de l’époque du Talmud, cela donne : « Pourquoi Israël est-il comparé à l’olivier ? Pour t’apprendre qu’à l’instar des feuilles de l’olivier qui ne tombent ni en été ni pendant la saison des pluies, Israël ne cessera jamais d’exister, ni dans ce monde-ci, ni dans le monde futur. » (Traité talmudique Ména’hot p. 53/b)
5. Prends du Coca-Cola et mélange-le avec de l’eau. Tu obtiendras une mixture de couleur allant du marron au beigeâtre, selon la quantité d’eau que tu auras employé. Maintenant, répète cette expérience avec de l’huile et de l’eau (eh, minute, demande la permission à ta mère. Je ne voudrais pas me la mettre à dos…) Tu auras beau mélanger ces deux liquides de toutes tes forces, l’huile remontera toujours à la surface. Plutôt têtu comme liquide, non ?! Peut-être, mais ce qui est sûr, c’est que pour nos Sages, cet entêtement n’est pas un défaut mais bel et bien une qualité. Elles nous rappellent la force que nous les Juifs avons de ne pas nous mêler aux autres peuples mais de conserver notre distinction. Avec les privilèges, mais aussi les devoirs que cette spécificité suppose. Ce refus de l’assimilation fut d’ailleurs le principal leitmotiv des Maccabim. On se rappelle en effet qu’à l’époque de la domination grecque, nombre de nos frères avaient malheureusement succombé aux tentations d’une culture étrangère à nos valeurs ancestrales. Seule une poignée d’hommes, appelés les Maccabim, refusèrent avec entêtement de renoncer à l’unicité de notre peuple. À l’instar de l’huile, ils luttèrent pour revendiquer leur différence. Et Hakadoch Baroukh Hou leur permit de triompher sur leurs ennemis. D’où la place privilégiée qu’occupe l’huile dans les célébrations de ‘Hanouka. Beignets, Sfendj ou soufganiyot, l’huile est en fête. Alors, au diable les calories !
6. Les olives font partie des sept fruits pour lesquels la terre d’Israël est louée. C’est ce qu’annonce Moché Rabbénou au peuple d’Israël à la veille de leur installation en Erets Israël : « Car l’Éternel, ton D.ieu, te conduit dans un pays fortuné, un pays plein de cours d’eau, de sources et de torrents, qui s’épandent dans la vallée ou sur la montagne; un pays qui produit le froment et l’orge, le raisin, la figue et la grenade, l’olive huileuse et le miel » (Dévarim 8, 8) Et depuis la conquête du pays, nos ancêtres n’ont jamais cessé de cultiver des olives et d’en extraire l’or jaune. D’ailleurs, si tu t’intéresses à l’archéologie israélienne, tu sais certainement qu’il n’est pas rare que les équipes de fouilles locales trouvent souvent des débris d’amphores utilisées pour la conservation d’huile d’olive.
7. Un peu de vocabulaire, maintenant ! Comment appelle-t-on une personne qui cultive l’olivier en français ? Un oléiculteur, ou une oléicultrice. Pour ta culture générale, ce mot provient du nom latin oleum qui renvoie à l’huile d’olive.
8. Israël n’est peut-être pas un grand producteur, ni un grand exportateur d’huile d’olive. Il en produit environ chaque année entre 15 000 et 16 000 tonnes d’huile d’olive extra-vierge, et n’en exporte que 1000 tonnes. Ce qui n’est bien sûr qu’une « goutte d’or » parmi les 3,13 millions de tonnes pressées dans le monde. Mais ce qu’il n’a pas en quantité, Israël le compense en qualité ! Ainsi, en 2013, lors de la Compétition internationale de l’huile d’olive extra-vierge en Méditerranée qui a réuni 489 producteurs issus de 21 pays, c’est la ferme israélienne A’hiya qui a remporté le trophée de la meilleure huile d’olive du monde. On lui porte un toast… d’huile d’olive extra-vierge !