On ne s’y attendait pas et pourtant, il l’a fait : une fois de plus le président américain Donald Trump a surpris les Israéliens en annonçant via son Secrétaire d’Etat qu’il considérait désormais les implantations juives de Judée-Samarie comme légale. Explications à chaud, de cette démarche et de ses répercussions.
Ce dimanche matin, Yediot A’haronot et son site d’infos Ynet rapportaient des sources israéliennes qui annonçaient que Donald Trump était particulièrement mécontent de Binyamin Nétanyaou ; qu’il s’était considérablement détaché de son ami Bibi et que l’administration américaine était frustrée par la prolongation de la crise politique en Israël, qui de facto, l’empêchait de présenter (enfin), le fameux deal du siècle du président américain en vue d’un règlement du conflit entre Israël et les Palestiniens. Info sérieuse ou fake news ? La réponse à cette question est arrivée le lendemain soir avec l’annonce inattendue mais stupéfiante faite, vers 20h15, par Mike Pompéo. Le secrétaire d’Etat américain a solennellement déclaré que la Judée et Samarie ne pouvaient être considérées comme des territoires occupés et a stipulé que, par conséquent, les implantations juives n’étaient pas illégales selon le Droit international et ne représentaient donc pas un obstacle à la Paix ! Ce développement a totalement pris de court une classe politique entièrement plongée dans la crise. Le premier à comprendre la véritable signification de cette déclaration a été Binyamin Nétanyaou : « C’est un jour historique qui met fin à une injustice et au mensonge selon lequel les implantations juives en Judée-Samarie sont illégales. Je remercie le président Trump et le Secrétaire Pompéo. » Les réactions d’autres dirigeants israéliens n’ont pas tardé, insistant pour la plupart sur le caractère historique de cette démarche. Par contre à Ramallah, la colère était palpable : « Une telle décision aura des répercussions », ont affirmé des proches de Mahmoud Abbas. Même type de colère au sein de l’Union Européenne qui a réitéré sa position officielle selon laquelle les implantations sont illégales et représentent un obstacle à la paix.
La décision de l’administration Trump s’inscrit dans la lignée d’autres décisions de la plus haute importance comme la reconnaissance le 6 décembre 2017 de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël, ou comme la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan. Cette démarche qui rompt avec la tradition juridique hostile à Israël, instaurée par Jimmy Carter en 1978 et plus près de nous par Barack Obama, aurait, pour le président Trump, plusieurs motivations importantes. Elle s’inscrit d’abord comme une réponse claire de l’administration américaine à la décision de l’Union européenne (voir encadré) d’étiqueter les produits israéliens en provenance des localités juives de Judée et Samarie et comme la volonté de se démarquer publiquement de cette forme de boycott décrété par Bruxelles. Elle est également avant tout, destinée à rassurer un allié israélien qui depuis l’annonce du retrait des forces américaines du Nord de la Syrie, et de la « trahison » américaine envers les Kurdes, a le plus grand mal à continuer à faire pleinement confiance à l’administration Trump… Elle est intervenue à la veille d’échéances politiques dramatiques pour Binyamin Nétanyaou et semble confirmer, après quelques semaines de stagnation et d’incertitudes, que Donald Trump aspire à voir Binyamin Nétanyaou continuer à gérer les affaires de l’Etat, tant qu’il le pourra. Cette démarche marque certainement le point de départ officieux de la campagne présidentielle pour la réélection de Donald Trump en 2020. Elle est avant tout destinée à séduire, à nouveau les millions d’évangélistes qui soutiennent inconditionnellement tant Israël et que le président américain C’est également un message à l’intention des Juifs démocrates américains qui trouvent que leur parti est devenu trop gauchisant et va trop loin dans ses critiques envers Israël. Cet électorat juif démocrate hésitant pourrait considérablement venir renforcer le clan républicain favorable à une réélection de Trump.
Daniel Haïk