Hassan Nasrallah, N° 1 du Hezbollah, a « joué avec le feu » en faisant tirer sur le nord d’Israël. Tsahal était en effet prête à tous les scénarios, y compris une attaque massive contre les QG. et tunnels où étaient terrés près de 3 000 miliciens chiites. Cet incident a donc tourné en un nouvel épisode de « guerre psychologique »…
En tirant une salve de roquettes sur deux villages israéliens proches de la frontière libanaise ainsi que quatre obus antichars de type Kornett – qui n’ont fait que des dégâts matériels –, le Hezbollah a pris un risque qui aurait pu mal tourner en débouchant sur un conflit généralisé…
Mais, placée en « alerte rouge » depuis les raids israéliens contre une base de drones iraniens en Syrie et l’attaque par deux drones israéliens effectués dans la nuit du 24 au 25 août contre un important laboratoire du Hezbollah dans le quartier de Dahiyeh, au sud de Beyrouth (qui reconvertissait, avec l’aide d’experts iraniens, des roquettes en missiles de précision), Tsahal était préparée à tous les cas de figure.
Une fois levé le « rideau de fumée » de cet échange d’obus du 1er septembre, le calme semble revenu au nord d’Israël, chaque camp faisant le bilan de cet incident, suivi de très près à Téhéran et dans les capitales arabes du Moyen-Orient.
Côté israélien, on s’est félicité – trop publiquement – de la « gravité de façade » et du « leurre psychologique » organisés par le chef d’état-major de Tsahal, le général Aviv Kohavi, qui a présenté cette attaque comme dramatique pour induire le Hezbollah en erreur, avec notamment l’évacuation factice, par hélicoptère à l’hôpital Rambam de Haïfa, de soldats israéliens soi-disant « blessés » devant les objectifs des médias… Au plan militaire, Tsahal devait riposter en tirant avec précision une centaine d’obus devant tous les QG. et entrées des tunnels où le Hezbollah avait caché ses « forces d’assaut » 6. Ce qui a fait vite comprendre à Nasrallah qu’Israël pouvait les raser… Raison qui l’a poussé à demander une « trêve immédiate » par l’intermédiaire du président libanais, Michel Aoun, et du 1er Ministre, Saad Hariri, lesquels se sont donc adressés à la France, aux USA et à l’ONU…
Le harcèlement du Hezbollah va se poursuivre Israël devait accepter cette trêve, Tsahal ayant pu atteindre ses trois objectifs : empêcher que des militaires ou des civils israéliens ne soient blessés ; ne pas se laisser entraîner tout de suite dans une guerre tout en conservant une totale capacité d’intervention, notamment contre les fabriques d’armes du Hezbollah en Syrie et à Beyrouth ; démontrer au Hezbollah et à ses soutiens iraniens que Tsahal possédait une somme considérable de renseignements de haute précision sur la localisation du déploiement ennemi. Malgré les nouvelles menaces énoncées le 2 septembre au soir par Nasrallah, qui a prévenu que le Hezbollah frapperait « à l’intérieur d’Israël sans aucune ligne rouge » si Tsahal s’attaquait encore à ses arsenaux – considérés par Jérusalem comme « la 2ième menace stratégique existentielle contre le pays après les préparatifs nucléaires iraniens » –, l’armée israélienne va donc continuer à harceler le Hezbollah par étapes. D’autant que les forces de Tsahal ont clairement administré la preuve, depuis dix jours, qu’elles sont bien préparées pour un conflit à grande échelle contre la milice chiite susceptible de s’étendre à la Syrie et au Liban.
A noter le rôle sans précédent joué, côté israélien, dans cette campagne, par la « guerre psychologique » et la propagande, avec la divulgation de certaines données confidentielles recueillies par les Services de renseignements. Et ce, pour faire comprendre aux chefs du Hezbollah et de la Brigade iranienne Al Qods, déployée en Syrie, que leurs plus hauts rangs opérationnels sont profondément pénétrés par Tsahal et le Mossad.
Richard Darmon