A deux semaines des élections, le message principal de Chass est à la fois social, religieux, et politique. Au sein du parti sépharade, on espère dépasser les 10 mandats et peut-être aussi atteindre les 12 ! Mais il faudra pour cela une mobilisation sans faille qui pourrait intervenir grâce aux réveils matinaux des Sélihot !
Pour beaucoup d’électeurs israéliens, en particulier au sein du Likoud, ces élections législatives « bis repetita » sont des élections de trop. Il suffit de se promener dans les allées du marché du Mahané Yéhouda, bastion du grand parti de droite à Jérusalem, pour le comprendre : à deux semaines de la consultation, on a du mal à palper la moindre effervescence. Pire, certains parmi les inconditionnels de Binyamine Nétanyaou admettent qu’ils ne sont pas sûrs d’aller voter le 17 septembre ! L’inquiétude peut aisément se lire sur le visage de Binyamine Nétanyaou et de ses principaux lieutenants, qui espèrent un réveil civique de dernière minute et sonnent la mobilisation générale.
Cependant, au sein du parti Chass, la situation est nettement moins tendue. Et pour cause : ces élections législatives en plein cœur du mois d’Eloul sont du « pain béni » pour la grande formation politique sépharade. Après un début de campagne légèrement au ralenti, essentiellement en raison des grandes vacances, Arié Derhy et ses collègues ont décidé de mettre à profit la période des Sélihot, qui vient de débuter pour les Sépharades, pour sortir l’électorat traditionnel de Chass de sa torpeur. Il faut rappeler que plus d’une fois, ces Sélihot ont servi de prétexte à une véritable mobilisation de l’électorat du grand parti sépharade. Lorsque l’on rappelle à Arié Derhy les grands rassemblements des Sélihot conduits par le gaon Rabbi Ovadia Yossef zatsal, qui se déplaçait de site en site en hélicoptère, son visage s’illumine avant d’exprimer une vive nostalgie… Aujourd’hui, le leader politique de Chass espère que le réveil des Juifs sépharades au petit matin pour les Sélihot s’accompagnera d’un véritable réveil électoral. Et, même si dans ce genre de situation, l’absence physique du rav Ovadia Yossef se fait cruellement sentir, on attend dans les prochains jours, à la direction de Chass, des dizaines de milliers de personnes pour ces lectures publiques des Sélihot accompagnées d’appels clairs et précis à déposer le 17 septembre un bulletin Chass dans l’urne.
De facto, Chass a entamé, durant les grandes vacances, sa campagne électorale en brandissant un message prioritaire purement social, doublé d’un code simple et clair : voter Chass, c’est voter Bibi. Sur le plan social, les slogans diffusés par le parti sépharade ont rappelé, cet été, comment l’absence de Chass dans certains gouvernements israéliens avait porté un coup dur aux couches les plus défavorisées. Comment, en 2004, alors qu’Ariel Sharon conduisait le gouvernement avec son allié ultra laïc Tommy Lapid, mais sans Chass, le ministre des Finances de l’époque, un certain… Binyamine Nétanyaou avait osé réduire de manière drastique les Allocations Familiales ; comment, en 2013, Yaïr Lapid, fils de Tommy et ministre des Finances, a lui aussi opéré des coupes sombres dans ces mêmes allocations. Et surtout comment, après que Chass fut entré, en 2015, dans le gouvernement Nétanyaou, les allocations familiales et le salaire minimum ont brusquement grimpé ; comment les tarifs des transports en commun et de l’eau ont baissé et comment les centres aérés ont été massivement subventionnés, le tout entraînant une réduction du fossé social. Le slogan de cette campagne sociale était sans équivoque : « Pour garantir un gouvernement social conduit par Nétanyaou, nous avons besoin d’un Chass puissant » ou encore « Bibi a besoin d’un Arié (lion en hébreu) puissant ».
Désormais, avec le début des Sélihot et du mois d’Eloul, la campagne de Chass va porter essentiellement sur la préservation du cachet juif de l’Etat d’Israël, en se focalisant par exemple sur le respect du Chabbat dans l’espace public, le renforcement du système éducatif et l’enseignement des grandes valeurs juives. Ce choix n’est pas le fruit du hasard. Arié Derhy n’a pas caché son amertume et sa déception de voir son ancien ami intime, Avigdor Liberman, empêcher la formation du gouvernement Nétanyaou le 29 mai dernier, en brandissant comme prétexte la loi sur l’enrôlement des élèves des yéchivot. Dans des entretiens à la presse israélienne, le leader de Chass ne mâche pas ses mots envers Liberman et affirme qu’il est en train de « berner les laïcs ». Au-delà de cette campagne, la direction de Chass entend faire passer un message d’unité et de réconciliation autour des valeurs juives et de la protection sociale des couches les plus faibles. Un parti Chass toujours aux petits soins pour le public francophone Pour ce qui est du public francophone, Chass a également décidé de s’investir massivement pour la défense de la population des olim de France arrivés ces dernières années en Israël.
Au sein de la direction du parti, on rappelle que les accords de coalition, conclus fin mai avec le Likoud, incluaient plusieurs clauses portant sur la création d’un département francophone au sein du ministère de l’Intégration et d’un second département francophone au sein du ministère des Cultes. Le premier, au ministère de l’Intégration, n’a pas encore vu le jour en raison de l’instabilité politique. Par contre, le second est en passe de se concrétiser, puisque l’actuel ministre Itzhak Vaknine est un élu du Chass. Enfin, comme il l’avait promis, Arié Derhy a prouvé, avec plus d’acuité cette foisci, l’intérêt majeur qu’il porte à la communauté des olim de France, en plaçant au 12ème rang, dans la liste électorale Chass, Yossi Taïeb, qui était No 15 dans la liste aux précédentes élections. Ce geste tangible se rajoute bien évidemment aux démarches entreprises par Arié Derhy pour placer des conseils municipaux francophones dans les mairies importantes, comme avec Shmouel Marciano à Jérusalem et le rav David Touitou à Ashdod. Au sein de la direction du parti, on espère que les résultats du 17 septembre seront au moins aussi bons que ceux du 9 avril (8 mandats) et l’on aspire à obtenir une douzaine de mandats. Et, même si l’on continue à soutenir pleinement le Likoud et son leader Binyamine Nétanyaou, on ne voudrait pas que, sur la dernière ligne droite, le Premier ministre tente de ponctionner de précieuses voix afin de les faire passer au Likoud. Cela s’était déjà produit en mars dernier, provoquant la colère d’Arié Derhy. L’on espère (sans trop y croire vraiment) que Mr Nétanyaou ne commettra pas la même erreur par deux fois !
D.S.