Saluées par la presse française comme un « coup de maître » et une « victoire diplomatique », les manœuvres du président Macron – qui a joué gros au sommet de Biarritz en forçant la main de Donald Trump et des autres membres du G7 au sujet de l’Iran – inquiètent Israël…
Après que le président français, Emmanuel Macron – qui avait provoqué la surprise générale en invitant au sommet du G7 à Biarritz le chef de la diplomatie iranienne, Javad Zarif – a exprimé l’espoir d’une rencontre au sommet entre Trump et son homologue iranien, Hassan Rouhani lors des prochaines semaines, le chef de la Maison Blanche a déclaré qu’il rencontrerait volontiers Rouhani « n’importe où et dans le cas où il existerait de bonnes chances de résoudre l’impasse du nucléaire ».
Un développement qui cause pas mal d’inquiétude à Jérusalem où l’on considère qu’Israël n’a aucun intérêt à l’ouverture de négociations entre les USA et l’Iran, d’autant qu’il existerait peu de chances pour que le gouvernement israélien puisse influencer Trump sur ce délicat dossier… Toutefois, Trump a exclu d’alléger ces sanctions avant toute rencontre avec Rouhani, tout en paraissant soupeser cette hypothèse « si Téhéran acceptait certaines conditions »… « Il était certes trop tôt pour rencontrer Zarif à Biarritz car tout cela est très nouveau, a entre autres dit Trump, mais nous allons voir ce qui va se passer. (…) Si l’Iran prenait de bonnes décisions, nous pourrions l’aider à redevenir riche : c’est à eux d’en décider : soit ils peuvent rester pauvres, soit s’enrichir. D’autant que je crois bien que leur situation d’aujourd’hui avec les sanctions est insupportable ! ».
Macron a donc pris un gros risque diplomatique en voulant ainsi jouer au médiateur entre les USA et l’Iran sur le nucléaire. A l’ouverture le 24 août de ce sommet, les dirigeants du G7 ont ainsi convenu de « charger le président français Macron de discuter avec l’Iran et de lui adresser un message pour éviter l’escalade dans la région ». Le tout en soulignant que leur objectif commun était « d’éviter que l’Iran ne se dote de l’arme nucléaire ». « Pour définir la voie la plus efficace pour mener le dialogue », Macron a donc présenté à Trump un compromis pour sortir de l’impasse : à savoir, permettre à Téhéran « pour une période limitée, d’exporter une partie de son pétrole » en échange d’un retour à son engagement de ne pas s’enrichir d’uranium pour se doter de l’arme nucléaire.
Mais quelques heures plus tard, Trump nie en avoir discuté avec Macron et encore moins lui avoir donné un feu-vert pour jouer les intermédiaires. Macron doit revenir sur ses propos en déclarant : « Trump a raison : le G7 est un club informel, on n’y donne pas de mandat formel. Je n’ai pas de mandat du G7 pour discuter avec l’Iran. Chacun va continuer à agir dans son rôle ». Nouveau coup de théâtre : on apprend le lendemain après-midi que Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, vient d’atterrir et qu’il s’est aussitôt entretenu à la mairie de Biarritz avec Macron, Jean-Yves le Drian, le chef de la diplomatie française, et Bruno Le Maire, ministre des Finances. Une fois Zarif reparti en début de soirée, l’Elysée précise que « les discussions sur le nucléaire entre le chef de la diplomatie iranienne et les dirigeants français en marge du sommet du G7 – en présence de conseillers diplomatiques allemands et britanniques et avec l’accord des USA – ont été positives et se poursuivront ».
Pour l’ex-diplomate israélien, Freddy Eytan, « les intentions du président Macron pour rechercher la stabilité au Moyen-Orient et la libre navigation dans le Golfe persique illustrent la politique traditionnelle de la France. Mitterrand avait sauvé Arafat et ses troupes lors du siège de Beyrouth en 1982 et l’avait ensuite reçu à l’Elysée. Chirac avait hospitalisé Arafat et Habache, Sarkozy a reçu Assad et Kadhafi en grande pompe (…) Dans un Moyen-Orient en flammes, le président Macron joue au pompier sans avoir les moyens d’éteindre les incendies, mais s’obstine avec tartufferie et prétention à sauver le véritable pyromane ».