Si « la honte doit changer de camp ! » comme l’a déclaré à juste titre le président Macron, dans son brillant discours empreint d’une sincère
émotion lors du dîner du CRIF le 20 Février dernier (Voir notre encadré ci-dessous) « la peur aussi » lui répond David. Témoignage. En effet, pour ce jeune homme de 21 ans ayant grandi à Sarcelles « les
juifs doivent arrêter de raser les murs. Mais au contraire s’affirmer. Ça suffit de vivre dans la peur. Il faut savoir répondre au coup par coup. Ne rien laisser passer. » Dans tous les sens du terme. Car des insultes et des coups, David en a reçu quelques-uns dans les rues de Sarcelles ou dans les transports de banlieue parisienne, avant de devenir un adepte de la boxe
française et de s’initier aux techniques du Krav Maga. Depuis, sa confiance dopée, du haut de son mètre quatre-vingt cinq, le jeune homme à l’allure sportive n’hésite plus à se promener dans ces mêmes rues avec une large kippa et de longs tsitsits, en toute sérénité. « J’ai compris qu’il fallait s’affirmer le jour où j’ai vu en face de moi des anciens copains de foot crier «mort aux juifs» devant la synagogue de Sarcelles, lors d’une manifestation particulièrement violente en 2014, se souvient David. C’étaient les
mêmes avec qui je jouais en bas de l’immeuble dix ans auparavant. A présent le visage plein de haine, complètement radicalisés
»
Envolé le bien-vivre ensemble juifs et arabes ? Aujourd’hui il s’agit
avant tout de pouvoir vivre et survivre pour un juif religieux à Sarcelles, et partout en France comme le constate le jeune homme : « Les casquettes remplacent de plus en plus les kippas, on cache ses tsistits, certains
rentrent la mezouza à l’intérieur de leurs appartements… Parfois à la demande du syndic de l’immeuble «afin de ne pas éveiller d’acte malveillant qui pourrait mettre en danger tout le bâtiment»… » Une bien triste réalité à laquelle David refuse de se plier : « D’après moi, il ne reste
que deux choix possibles pour vivre pleinement son judaïsme, soit s’installer en Israël, ce que je conseille vivement à tous ceux qui le veulent et le peuvent. Soit arrêter de raser les murs en France. C’est à nos agresseurs d’avoir peur, peur d’une riposte immédiate, peur de la prison, peur d’être mis au ban de la société. Pas à nous. » Un nécessaire sursaut.
Qui implique bien évidemment une réponse musclée de la part des forces de l’ordre, soutenues par les autorités judiciaires. C’est dans ce sens que le combat contre l’antisémitisme pourra à terme engranger des résultats tangibles. Quand l’antisémitisme tue en France, comme l’a rappelé
Emmanuel Macron, l’heure n’est plus aux condamnations verbales
mais bel et bien aux actes. Si David a opté pour la première solution et vit depuis trois ans heureux en Israël, des centaines de milliers de nos coreligionnaires français ne demandent qu’à pouvoir relever la tête. Isabelle Azriel